MORGUE - Doors of No Return (Basement Apes/Trendkill/Fat Ass) - 15/06/2016 @ 07h15
Le retour de Morgue sur le devant de la scène en 2012 est tout de même un petit événement en soi, au sein de la scène Underground... "The Process to Define the Shape of Self-Loathing" avait ratatiné plus d'un metalleux en 2002, s'affichant avec le recul comme un mètre-étalon, une référence du genre, pour comparer ou quantifier ce qu'on peut communément appeler du GrindCore Moderne.
Mais Morgue, c'est plus que ça.
Bien plus.
Morgue est la colère incarnée. De nombreux bons groupes de Grind stupéfient par leur rage viscérale, Morgue tempère cette furie musicale, mais lui adjoint une haine rarement audible habituellement.

On pourrait dire, pour tous les lecteurs ne connaissant pas MORGUE, que le groupe pratique une sorte de Death/Grind Noisy, où les saturations et les dissonances font corps avec une forme de violence bien crade. On pourrait, mais c'est réducteur.

Ce qui est sur, forcément, c'est qu'après 12 ans d'absence discographique, "Doors of No Return" était on ne peut plus attendu... Surtout pour tous les déconnecté du ciboulot (ou des réseaux sociaux) comme moi qui n'avaient pas percuté qu'ils avaient sorti un nouvel album, tant que mon webmaster bien aimé ne me l'avait pas envoyé dans le colis promo.
Et revenir sans coup férir, avec un album enrobé du savoir-faire granuleux de Colin Marston (Gorguts, Behold... The Arctopus, Krallice) ce n'est pas rien...

Le son est monstrueux, satisfaction totale sur ce point. Par monstrueux, je ne parle évidemment pas de prod' synthétique gonflées aux anabolisants et autres trigs superficiels... Non, ici, le son est équilibré, mais surtout oppressant. Crade, baveux, saignant, rugueux, mais avec tout de même du relief et de la puissance.
Un son plus Sludge que Grind ou Death, mais avec tout de même l'urgence du premier et la rigueur du second.
Un son qui reflète, forcément, l'évolution du groupe...

Car durant ces 12 années, MORGUE a sommeillé, pour se renouveler. Sans perdre son identité de crapule adepte de sévices déviants. Mais en modifiant tout de même sa façon de véhiculer sa colère...
Morgue est l'énergumène que vous n'avez pas envie de croiser un soir, en rentrant de soirée. C'est le type pas forcément impressionnant physiquement, mais qui vous fait flipper rien qu'en vous regardant... C'est le type qui pose son regard lubrique et maladif sur vous, sans ciller, et qui vous fixe dans l'iris durant de longues secondes, un sourire malsain en coin... C'est le type qui dont la haine irascible et la soif de violence gratuite se transmet rien qu'à travers son regard...

Sur "The Process to Define the Shape of Self-Loathing", ce type là, celui qui vous fait stresser, se mettait d'un seul coup à vous sauter dessus, sans raison, et tout en agrippant à votre gorge, vous enfonçait ses pouces profondément dans la cornée, vous faisant hurler de douleur ; puis s'amusait à vous retourner les doigts un à un en ramenant chaque extrémité sur le dos de la main, rompant les tendons sans effort.

Sur "Doors of No Return", la souffrance est différente. Plus diffuse, plus sournoise. Le drôle de bonhomme avec son regard flippant se contente de vous suivre, de vous tourner autour, sans un mot, vous suivant sans vous toucher, instaurant une psychose malsaine ; Il ne se presse pas, il se contente de vous fixer avec une intensité inquiétante, avant, soudain, de vous transpercer l'avant bras avec un pic à fondue. Puis vous laisser courir, d'attendre l’atténuation de votre douleur, avant de renouveler l'opération avec un autre pic dans la paume de la main...

La colère est plus diffuse, la violence purement Grind n'est plus une généralité, et à l'image de la prod', les ambiances et riffs Sludge et Black ont pris de l'ampleur. MORGUE est paradoxalement plus furieux qu'avant, mais avec moins d'impulsivité et de brutalité pure.
La colère est également plus sournoise, car aléatoire. Les explosions de violence ne sont plus systématiques, surviennent sans prévenir, fluctuent facilement, et s'intercalent archaïquement avec une forme de lourdeur oppressante, et une facette bien plus noire qu'avant.

Il en résulte un côté furieusement oppressant, due en grande partie au son râpeux et aux passages Noise/Sludge qui parsèment ces 9 titres. Les hurlements n'ont rien perdu en intensité, leurs coloration Hardcore restituent totalement la rage mêlée de désespoir que le groupe tente de véhiculer.
La différence se situe surtout dans les variations d'intensité et dans l'ouverture musicale ; un bien pour un mal, car je trouve personnellement que le groupe perd en furie, en intensité, et en puissance. Le carcan sonore de Morgue est plus crade, plus sombre, plus malsain, mais sans l'espèce d'intensité colérique d'antan.

Le MORGUE du début de siècle était un bâtard haineux plaçant ses pas dans la continuité de BRUTAL TRUTH et NAPALM DEATH ; le MORGUE de 2017 est plus vicieux, et suit en parallèle les sillons creusés par GORGUTS et BREACH...

Je reste malgré tout dubitatif, car je n'y retrouve pas l'intensité haineuse de "The Process...", qui avait de Morgue un groupe hors-norme...
C'est toujours le même questionnement existentiel lorsque l'on est confronté à un artiste qui ne nous fait pas (plus) vibrer tel qu'on l'attendait... Est-ce moi qui ait évolué, ou bien est-ce l'artiste qui a lui évolué...?
Je n'ai évidemment pas la réponse à cette question... Et c'est d'autant plus compliqué de ne pas comparer cette nouvelle déflagration avec les précédentes, qu'à titre personnel je préfère toujours.

L'intensité, la violence, la rage sont aujourd'hui enveloppé dans un carcan Sludge et Noisy, redoutablement opaque, qui s'associent franchement bien avec le groupe, et restituent une ambiance pesante et malsaine.
Mais étrangement, je ne retrouve pas l'impulsivité viscérale et l'authenticité des débuts du groupes, ceux là même qui conféraient à MORGUE une identité redoutable et unique.

J'ai le sentiment d'une violence parfois feinte, et de traits de caractères parfois forcés, comme si le groupe devait s'adapter à la scène extrême d'aujourd'hui, celle qui mêle trop souvent divers courant musicaux. Ce n'est peut être que le fruit de mon imagination... Mais mon sentiment reste celui d'un fan qui a (trop ?) espéré et qui éprouve la déception de ne pas retrouver l'intense jouissance d'avant...
Ce qui est sur, c'est que malgré mes quelques déceptions, MORGUE a conservé son atout premier : sa capacité à enfermer l'auditeur dans un univers maladif et furieux. Et forcément, je recommande "Doors of No Return" à tous les amateurs de Death, Grind, Hardcore, qui aiment les expériences sonores traumatisantes...




Rédigé par : ..::Ju::.. | 14,5/20 | Nb de lectures : 7746




Auteur
Commentaire
gg
IP:83.206.196.72
Invité
Posté le: 15/06/2016 à 07h58 - (120411)
"feinbte" lol...
Désolé, mais je peux pas être d'accord.

toadus
Membre enregistré
Posté le: 15/06/2016 à 09h06 - (120412)
Artgore; réédition svp

AnusFraicheur
Membre enregistré
Posté le: 15/06/2016 à 10h22 - (120414)
Résumer Morgue à un album. Quelle ignorance crasse!

..::Ju::..
IP:194.51.15.61
Invité
Posté le: 15/06/2016 à 11h18 - (120415)
Je sais très bien que cet album est admiré et acclamé par bon nombre de metalleux, et j'en suis heureux pour le groupe !
Je pense que j'ai juste le droit de donner mon avis ; et je suis le premier déçu d'être déçu par cet album...!

Et non, je ne résume pas Morgue à un album... je prend juste un album comme point de repère subjectif incontournable.
Mais si tu lisais moins rapidement, tu aurais peut être vu que je dis aussi :
"Le MORGUE du début de siècle", "c'est d'autant plus compliqué de ne pas comparer cette nouvelle déflagration avec les précédentes", "je ne retrouve pas l'impulsivité viscérale et l'authenticité des débuts du groupe".
Mon référentiel "MORGUE-ien" est forcément constitué de tout ce qu'ils ont fait, puisque jusqu'à "Barbed wire cranium" j'ai été fan du groupe....

AnusFraicheur
Membre enregistré
Posté le: 15/06/2016 à 11h39 - (120416)
Le problème, en ce qui me concerne, c'est déjà qu'il faut se farcir tes chroniques (désolé, je n'aime pas du tout ton style. C'est pas non plus la mort, hein, juste mon avis) et que j'y trouve à chaque fois de grosses lacunes que tu tentes de justifier péniblement en pondant un pavé dans les commentaires. Et je persistes, tu laisses l'impression de ne connaitre que The Process (qui n'a également rien à voir avec ses prédécesseurs)
Comme je l'ai dit plus haut, ce n'est pas la fin des temps, et je vais d'ailleurs sur d'autres sites pour les chroniques d'album ("c'était mieux avant" comme dit l'autre), ce qui ne m'empêche pas pour autant d'en lire ici quand il s'agit d'un disque qui me parle, quelque le soit le rédacteur...

RBD
Membre enregistré
Posté le: 15/06/2016 à 13h16 - (120418)
J'approuve la description de l'album en tant que tel, je diverge sur l'accueil que je lui fais. Connaissant les membres du groupe, mon avis n'est pas totalement détaché, mais sincère.

Morgue a pris dix ans de plus et a atteint une évolution dans la continuité très classique, en somme, pour bien des groupes extrêmes. Les nouveaux morceaux m'avaient plu dès les premiers essais live. La haine s'exprime moins brutalement sur cet album du retour, comme en prend acte Ju. L'inspiration Noise est évidente, dans la suite de "Barbed-Wire Cranium" et à rapprocher de leur autre groupe (400 the Cat). Mais il y a dans cette ambiance si particulière l'influence aussi d'un certain courant du Black Metal.

Et la note n'est pas non plus injuste à hurler, même si j'aurais donné .



RBD
Membre enregistré
Posté le: 15/06/2016 à 13h17 - (120419)
donné plus.

Humungus
Membre enregistré
Posté le: 16/06/2016 à 06h10 - (120424)
Superbe chro ..::Ju::..
Bravo à toi.

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