Sekoria n’est pas le groupe de BM le plus connu du monde. Ni même d’Allemagne, d’où il est originaire. Im Reich der Schatten est son deuxième album longue durée, dans une veine BM symphonique à tendance grandiloquente. Un style donc où l’erreur et l’approximation ne sont guère tolérées ; un style où se démarquer de la concurrence est délicat. Pour autant, le groupe s’en sort plutôt bien, d’autant qu’il propose là plus d’une heure de musique.

Si Sekoria tranche par rapport à ses congénères, c’est d’abord parce qu’il ne se prend pas totalement pour un autre. Si le propos ne déborde pas d’originalité, si des influences sont palpables, les structures sont propres. Le son, chaud, très organique, apporte une touche death à l’ensemble et ce qu’il faut de caractère épique et de profondeur pour donner une vie intéressante et autonome aux morceaux ("Einbruch der Dunkelheit", "Im Reich der Schatten"). Les lead heavy apportent également leur lot de variations (le pont sur "Im Reich", à partir des 2’50 ; "Canticum Maris") comme ils offrent par ailleurs de belles mélodies. Loin des mètres étalons du genre (Cradle et Dimmu Borgir en tête, entre autres), Sekoria développe un propos qui lui est propre, davantage axé sur des structures mélangeant le BM et le death (à doses réduites cependant, mais réelles : par exemple, le départ très lourd de "Die Nachtigall" puis sa structure très proche du death mélodique ; "Vendetta").

Le travail sur les mélodies comme sur les respirations (les deux instrumentaux bien placés, "Einbruch" et "Ein neuer Weg") est intéressant. Il ne copie personne et présente tout à tour des aspects ultra aériens (le départ de "Wesen der Zeit") comme violents et chaotiques. Il est également à noter que l’aspect épique du groupe se révèle – ce qui est appréciable car pas si fréquent – au travers du jeu de guitare plutôt que par le truchement de claviers pompeux ("Der Fall"). Les structures y gagnent en dynamisme, comme la rythmique et l’ensemble donne une impression tout à la fois guerrière et apaisée du meilleur effet ("Wesen der Zeit", "Der Sturm, den ich rief" ou "Canticum Maris" par exemple). Dark Tranquillity n’est pas loin ("Die Vergessene Welt") ; Old Man's Child non plus. On se sent revenir quelques années en arrière sans pour autant que l’on soit dans le copié-collé.

La durée des titres (de 6 minutes en moyenne) permet au groupe de développer des structures quasi prog’ ("Canticum Maris" ou "Vendetta" par exemple) qui collent bien aux propos et qui offrent au groupe de pouvoir développer ses atmosphères comme il l’entend. On pourra cependant regretter, comme souvent, que cette durée ne lasse sur la fin où la redondance à tendance à s’installer ("Der fall" ; "Die Vergessene Welt", "Thron Aus Eis", morceaux sympas mais qui reprennent les éléments déjà vus avant).

On regrettera enfin, pour terminer, un artwork désolant de banalité qui ne doit cependant pas vous inciter à ne pas aller plus loin. Sekoria présente un album de qualité qui saura contenter sans difficulté les amateurs de BM symphonique à tendance lourde, sans kitch ajouté.




Rédigé par : Raziel | 14/20 | Nb de lectures : 7135