JOE PERRY & DAVID RITZ - Rocks : Ma vie avec et sans Aerosmith (Camion Blanc) - 20/04/2016 @ 07h59
Joe "Fuckin" Perry...
Si il est des guitaristes qui ont marqué de leur empreinte indélébile le son du rock n'roll, peu peuvent se targuer d'y amener autant de caractère et de distinction que Joe Perry. Avec son visage toujours plus stallonesque, son attitude et son charisme ciselé au rasoir, le ténébreux musicien a taillé dans le marbre du binaire sa légende de "Toxic Boy" à grand renfort de riffs acérés et de prises de drogues pharaoniques. Ayant assurément sa place parmi les artisans les plus importants et les plus fondateurs de l'identité sonore du rock n'roll, Joe "Fuckin" Perry doit aussi, et évidement, sa grande notoriété à son groupe, le majestueux Aerosmith. Depuis plus de quatre décennies, il façonne avec ses collègues Tyler, Hamilton, Whithford et Kramer les chansons références de la bande originale de la vie de nombreux mélomanes qui n'en ont pas encore fini de vibrer au son des inoubliables "Dream's on", "Mama Kin", "Cryin'", "Train Kept a'rollin" ou encore "Sweet emotion" (liste non exhaustive évidemment).
"Rocks : Ma vie avec et sans Aerosmith" est donc l'auto biographie du père Perry, ouvrage intéressant à plus d'un titre car apparaissant après "Hit Hard" de Joey Kramer et surtout "Est ce que ce bruit dans ma tête te dérange ?" de Steven Tyler. Du coup, il y aura quelques petits parallèles avec les versions des copains d'Aero', les différences d'appréciation de plusieurs situations valant qu'on s'y attarde deux minutes. Personnellement, outre l'intérêt que je porte au groupe et au guitariste, je souhaitais surtout avoir la version de Perry sur plusieurs événements fondateurs de la vie d'AEROSMITH, plus quelques éclaircissement sur son histoire de vie avec notamment les anecdotes célèbres dont l'histoire avec Slash et la fameuse Les Paul '58. Non d'une pipe, je n'ai pas été déçu.
Plutôt fluide et bien écrit (le vieux Joe s'est ici fait aider par David Ritz pour nous raconter sa vie rocambolesque), "Rocks : Ma vie avec et sans Aerosmith" suit une narration classique en s'attardant évidemment sur les épisodes les plus marquants du groupe ailé, de son prime succès à ses moments de débâcle et de déliquescence les plus lamentables. On n'échappe donc pas à l'étalage des souvenirs d'enfance de Joe Perry, de sa passion pour la nature et les fonds marins à sa découverte du Rock n'roll et de la guitare. Issu d'une famille humble et travailleuse, Joe Perry a hérité de ses parents un sens des valeurs basé sur l'effort et l'accomplissement de soi dans le labeur. Il se décrit comme un homme profondément lié à ses passions et sa famille, partagé entre le tumulte de sa vie professionnelle et les moments de calme dont il a régulièrement besoin.

J'ai donc retrouvé dans les lignes de cette autobiographie le coté "intense vie intérieure" que me renvoie souvent Perry, comme si une espèce de fougue bourrue bouillonnait en lui sur scène sans pour autant se traduire de manière très manifeste sur son visage. Du coup, le coté force tranquille amène les propos du guitariste à avoir une portée un peu moins intense que ceux de Steven Tyler, plus enclin à décrire les événements à grands renforts de formules chocs et percutantes. Quand Joe Perry parle de ses années d'addiction à la drogue et ses mauvaises passes, il le fait avec une certaine pudeur qui habille d'un voile discret ses épisodes de vie les plus hardcore. On comprend dès lors que certaines douleurs sont plus suggérées que clairement affichées et que Perry n'est pas tout à fait le genre d'homme à déposer "le paquet" sans que cela ne soit passé à travers ses filtres de pensées et de morale. Cela ne l'empêche pas de souligner ses mauvais cotés, de ses élans froids et autoritaires aux comportements outrecuidants et condescendants qu'il a parfois affiché pendant ses sombres années. L'écrit apparaît donc assez équilibré entre la volonté affichée du guitariste de se livrer sur un certain nombre de sujets, certains liés à sa famille ou ses amours revêtant un coté assez émouvant. La forte relation qui l'unit à Steven Tyler est d'ailleurs autant décrite dans ses bons que dans ses mauvais cotés et le guitariste n'oublie pas de dire combien il aime son frère de musicien et combien la complexité de leur amitié est profondément liée aux fort liens qui les attache. Du coup, même si décrire des relations humaines est loin d'être évident (surtout quand elles sont amplifiées par la notoriété et les excès en tout genre) Joe Perry s'en sort carrément bien en n'oubliant pas de rendre hommage à son sous estimé collègue guitariste (l'impérial Brad Whitford) et à la classe de la section rythmique d'AEROSMITH, assurément l'une des meilleures des groupes de rock n' roll de cette envergure.
Je parlais de l'anecdote de la Les Paul '58 et il amusant de constater que la version de Perry diffère un peu de la version de Slash (en tout cas dans l'interview qui l'avait donné à l'époque à Rock n'folk) et qui l'avait peut être à l'époque un peu arrangé à sa sauce... après tout il buvait encore comme un trou. Rendons cependant hommage au Gunner, qui après avoir tout de même racheté la guitare une coquette somme d'argent l'avait tout simplement rendue à Perry..."Une guitare doit toujours revenir à son maître" comme l'avait sermonné Jimmy Page un jour où ils discutaient ensemble. Eh oui, quand on s'appelle Joe Perry on fait des selfies devant la House of blues avec les copains Page, Slash et James Brown. Excusez du peu.
Ceux qui aiment Perry le savent, impossible de parler du guitariste sans parler de sa passion des six cordes. Grand amoureux des guitares, le ténébreux mélomane articule de nombreux points techniques de son métier (avec notamment toute une partie consacrée à la fin à son matos) et ne cesse de clamer son amour du rock n'roll et de l'incomparable émotion que lui procure encore l'écoute de cette musique... un peu en se positionnant comme le penchant sauvage de Tyler, lui plus volontiers attiré par la Pop.

En slalomant entre sa vie privée, la vie avec Aerosmith, ses amours, ses guitares et ses emmerdes, Joe Perry nous invite à lire un ouvrage passionnant. Si "Est ce que ce bruit dans ma tête te dérange" mettait en évidence la personnalité excentrique, parfois borderline et poétique de Steven Tyler, celle de Perry met plus en relief celle d'un artisan du rock n'roll un peu paradoxal car introverti mais définitivement tourné vers son public. Au vu de son activité et de ses projets, le Patron ne semble pas encore prêt à raccrocher la six cordes... c'est tout le mal que l'on souhaite à nos oreilles et nos Platines.

Titre : Rocks : Ma vie avec et sans Aerosmith
Par : Joe Perry et David Ritz
Traduit par Adrienne Bernardi
Editeur : Camion Blanc
Nombre de pages : 645
Prix : 38 Euros



Rédigé par : Pamalach | Hey Joe !/ | Nb de lectures : 7441




Auteur
Commentaire
Humungus
Membre enregistré
Posté le: 21/04/2016 à 06h23 - (119883)
J'ai tout récemment lu le "Est ce que ce bruit dans ma tête te dérange ?" de Steven Tyler.
Absolument pas fan d'AEROSMITH mais ayant trouvé ledit livre à moins de deux euros chez NOZ (merci les surplus d'invendus !), je me suis un peu instruit à très (très !) peu de frais.
Beaucoup de mal avec la prose du chanteur au début du bouquin. Trop fouillis, trop tape à l'oeil. A l'image du bonhomme quoi... Puis au bout de quelques chapitres, cela devient plus fluide, plus "poétique" comme le dit si bien Pamalach.
Bref, une biographie intéressante en soit pour sa culture musicale générale. Et qui m'a surtout conforté dans l'idée que ces gars sont de sombres crétins imbus d'eux-même (tout comme MÖTLEY CRÜE après la lecture de leur propre bio).
Quand à celle-ci, j'suis pas foncièrement contre, mais à moins de la trouver à moins de 1 euro au même magasin, faudra pas compter sur moi (sic)... ... ...



Bernard
Membre enregistré
Posté le: 22/04/2016 à 11h59 - (119896)
Rien que pour leur discographie pré-'Get A Grip' (et surtout les classiques des années 70) ce groupe est capital. En caricaturant, trait d'union entre Led Zeppelin et les Stones... Et rien à voir avec Mötley Crüe et toute la vague pseudo glam des années 80 (Poison, Ratt..). Leurs plus proches héritiers restent effectivement Guns'n'Roses.

J'ai également une affection particulière pour les albums du Joe Perry Project, surtout les deux premiers.

Pour le bouquin, ça donnerait presque envie.

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