FT-17 est un tout jeune groupe français de BM. Marcellin s’en va-t’en guerre est son premier album. Articulé autour de la première guerre mondiale, l’album relate l’histoire de Marcellin Trouvé, jeune instituteur abandonné à la naissance, fervent partisan de la République qui lui a permis une reconnaisse sociale, convoqué dans l’artillerie lors de son service militaire et dont le sens du devoir le pousse à demander son affectation dans l'infanterie où il estime qu’il servira au mieux son pays, en première ligne. Les paroles de l’album sont ainsi comme autant de témoignages de ces événements, des horreurs de la guerre, des tranchées, retranscrits dans son journal à qui il confie ses espoirs, ses angoisses et sa résignation.

Fort de ce concept, la musique de FT-17 est très immersive. Chaque titre est accompagné d’un prélude parlé, d’une voix profonde, grave, qui annonce et relate la guerre, dans sa réalité crue. Ces passages sont à la fois chargés d’émotions, tristes et profondément attachants (les premiers morceaux, "C’est la guerre" et "Le revers de la médaille", par exemple). On s’identifie peu ou prou à ce jeune homme, qui pourrait être chacun d’entre nous. Le BM ici proposé à l’appui de ce concept est « sage », lent, très mélodique, empreint de tristesse et d’atmosphères ("La fleur au fusil", "Les moissons sanglantes"). Le piano confère une dimension particulière aux titres, qu’il souligne de son empreinte mélancolique, comme si on observait la pluie au travers du carreau d’une fenêtre, tout en offrant une dynamique spécifique aux morceaux ("Les moissons sanglantes" encore, très beau morceau ; "La charge", où il soutient la rythmique). L’absence de blast sur ces premiers titres renforce l’impression de progression vers la mort, lente mais inexorable. Ce choix du mid-tempo – voire encore une fois de la lenteur – est tout à fait pertinent à mon sens, qui traduit bien, au travers de la nostalgie que ce BM dégage, l’espoir naissant de défendre son pays et l’ahurissement face aux atrocités de la guerre, une fois sur le terrain.

Le chant en français ne heurte pas. Il se mêle aux structures sans difficulté. Un chant en anglais n’aurait pas convenu pour relater une telle histoire. Quant au BM à proprement parler, s’il est bien présent, il n’est également parfois qu’un prétexte, la musique de FT-17 (un char d’assaut de la Première guerre) étant plus que cela. L’intervention de la basse lui confère parfois des atours presque death voire thrash ("Contre-attaque sur la Marne" et ses riffs aériens entêtants et incisifs ; ses soli heavy également en pont central, parfait en relance du titre ; "L’armée des taupes" encore). La guitare sèche alliée à la voix parlé, profonde, est magnifique d’émotions et de nostalgie, les témoignages apportés prennent à la gorge, la combinaison avec la guitare électrique et le piano est juste sublime ("L’armée des taupes", un grand morceau également, avec son final en explosion de mortier). Les idées ne manquent pas ; elles ne sont pas nécessairement très novatrices mais elles sont justes. Elles enrichissent considérablement le concept et finalement le contenu de l’album.

L’influence death mélodique n’est pas non plus très loin ("L’enfer de Verdun") ; là encore, le groupe tombe juste, le morceau exigeant un mélange équilibré d’atmosphères mélancoliques et d’attaques plus franches. Les différents ponts en spoken words chargent le titre en émotions sans jamais briser sa dynamique. Les soli ultra heavy aériens sont aussi beaux et lourds que la pluie sur la tôle d’un cachot. L’équilibre est parfait ; l’idée est riche. Encore un titre superbe.

Tu ajoutes à cela un artwork à l’unisson et tu auras saisi que j’ai beaucoup apprécié la chose et la démarche en général. Si tu cherches un produit peu calibré, original et bien foutu, jette-toi sur FT-17, tu ne le regretteras pas.




Rédigé par : Raziel | 15/20 | Nb de lectures : 7500