A quoi se mesure la reconnaissance pour un groupe de Metal Extrême en 2016...?

Les ventes de Cd ou de vinyle ne signifient plus rien - l'on-t-elles déjà été pour la frange Underground du Metal ?
Les téléchargements légaux sont un leurre artistique ; les nombres d'entrées aux concerts trop fluctuantes.
Quand aux outils des réseaux sociaux - faux amis ou nombre de visionnages d'un oeil distrait - ils ont depuis longtemps perdu toute crédibilité rationnelle dans la perception humaine de la reconnaissance.

Ne restent plus que le facteur humain - l'amitié et les relations humaines font partie des fondations et de la raison d'être de la scène Underground
... Et, peut être aussi, la reconnaissance du milieu via un partenariat avec un label de renom....

On posera la question aux Magrudergrind, passés de Willowtip à Relapse, signe incontestable d'une forme de reconnaissance ; ce changement représente presque une nouvelle étape pour les natifs de Washington, étape parfois mal appréciée des défenseurs de l'Underground, de l'autoproduction et du réseau des petits labels indépendants.

Il va sans dire que Relapse n'est pas RoadRunner et Warner ; et tout le mal que l'on souhaite aux Magru est de bénéficier de ce partenariat pour séduire encore plus de monde avec leur GrindCore.
Sauf que cette signature, et ce questionnement existentiel sur la reconnaissance - l'un des 5 besoins fondamentaux de l'être humain, selon Maslow - soulèvent des interrogations légitimes...

Est-ce le groupe perçoit une attente plus grande ou plus forte, résultant de ce contexte ? 
Est-ce qu'il se met à devoir jouer ou composer avec un élément qu'il snobait peut être totalement jusqu'alors - La pression ? 
Est-ce que tout cela peut influer sur ses souhaits, ses choix, et à minima sur le résultat musical ?

Ce qui est sûr, c'est que dans le cas de MAGRUDERGRIND, l'évolution musicale est flagrante : sans fondamentalement renier ses racines, ni même s'éloigner totalement de la jouissance musicale ultime, également nommée GrindCore, MAGRUDERGRIND a opté pour une uniformisation dans l'extrémisme.
C'en est terminé (ou presque) de la furie incontrôlable, presque Fastcore ou Powerviolence, qui faisait tout le charme du groupe depuis ses débuts...

MAGRU a grandit, MAGRU a évolué, et son GrindCore s'aseptise gentiment. On ne s'affranchit jamais totalement de ses racines, et fort heureusement pour les petits êtres fragiles assoiffés de pogo que nous sommes, la violence et les blastbeats de furieux continuent de rythmer agréablement ce "II", qui défile à toute vitesse, bardé de riffs Punk/Grind teigneux et de hurlements viscéraux.

Mais... Il y a un mais, forcément.
MAGRU a troqué ses aspérités DROPDEAD et INSECT WARFARE contre des douceurs telles que TERRORIZER ou DISRUPT. Comprenez par là que les titres sont bien plus variés et aérés, moins haineux, plus groovy, moins extrémistes. 
La violence n'est plus impulsive et viscérale, elle est canalisée.

Vu de loin, ça reste du Grind (et vu d'encore plus loin, du bruit). Mais vu de près, quand on connait ou qu'on apprécie ce groupe, je peux vous promettre que ça fait un sacré changement...!
MAGRU, c'était un peu comme BLOCKHEADS ou LYCANTHROPHY : un esthète de la violence viscérale, un pourfendeur du Grind dans sa forme la plus brute, l'assurance d'être soufflé par une forme de rage musicale implacable.

Ça, c'était avant...
Maintenant, MAGRU varie ses rythmes, pose des Mid-Tempos groovy sur presque tous les titres, et balance des riffs bien plus Punk/HxC, voire Sludge.
Heureusement qu'il reste une bonne dose de rage et de violence dans leur Grind ; c'est d'ailleurs ce qui permet à II de conserver une réelle attractivité, malgré cette évolution sensible.

Ce nouveau visage des ricains reste lié à l'identité du groupe, dans ses explosions rythmiques et dans les hurlements teigneux et furieux d'Avi. Un peu comme une transition en douceur, où l'hystérie jouissive du groupe reste bien présente, mais canalisée... Les rythmes violentes typiquement Grindcore n'ont pas déserté les enceintes, mais s'aèrent franchement vers plus de groove.
La différence entre "II" et ses prédécesseurs saute vraiment aux oreilles, la violence n'est plus qu'une promesse non tenue, la où précédemment elle était une seconde nature.

Ne vous méprenez pas, j'aime 'II'. D'abord parce qu'il est très bon, et ensuite car tout apaisé qu'il soit, MAGRUDERGRIND reste une bestiole féroce qui hurle et qui tabasse sévère. J'aime autant TERRORIZER que DROPDEAD, et ce nouveau visage "Grind/Punk" à la sauce MAGRU me plait plutôt bien.
Mais bon, merde quoi ! Magrudergrind qui pose des MidTempos, ça fout un coup, j'y peux rien, c'est comme ça... Une histoire d'instinct.

Donc si vous ne jurez que par "Rehashed", prenez garde à l'écoute de "II", la secousse risque d'être violente. Si vous aimez le Grindcore en général, et si l'échangisme Punk ou D-beat vous plait, "II" aura en revanche toutes les chances de vous plaire. Choisissez votre camp...

Et allez danser avec eux en concert, car là, au moins, pas de doutes, MAGRU met tout le monde d'accord !!




Rédigé par : ..::Ju::.. | 14,5/20 | Nb de lectures : 7282