10 ans après sa formation (sans compter l'époque Xtazy), Myrath s'est imposé comme l'un des groupes les plus populaires et intéressants de Tunisie, et même du Maghreb. Sur VS, le combo est grandement apprécié, ayant récolté à chaque fois des notes plébiscitant le résultat (dont deux sélections) ; il me tardait de découvrir leur quatrième production, ce « Legacy » séparé tout de même de plus de quatre années de son prédécesseur.

Enregistré à Nanterre sous la houlette une nouvelle fois de Kevin Codfert, à l'exception des créations orchestrales captées en Tunisie, le tout mixé et masterisé aux Fascination Street Studios (en compagnie de Jens Bogren et Tony Lindgren), « Legacy » affiche déjà une production solide et soignée, laissant une belle place aux nombreux arrangements 'orientaux' et plus techniques parcourant et enrichissant l’œuvre.

L'identité musicale foisonnante de Myrath continue en effet d'être le point fort du groupe qui évite une fois de plus l'écueil de tourner en rond et proposer deux fois le même titre ; car si le single 'Believer' montre la facette accessible et un peu prévisible de la formation (comme 'Merciless Times' à son époque), « Legacy » se révèle avant tout comme un disque de heavy/power progressif (et orchestral) riche en émotions et sonorités. En soi absolument pas une surprise venant des tunisiens et c'est tant mieux à mes oreilles.

L'album repose notamment sur une interprétation vocale très juste et touchante, à l'image de 'Through your Eyes', aux orchestrations soignées, d'un 'Get your Freedom Back' accrocheur et réussi en tout point (ponctué d'un chouette solo de basse/percus) ou des mélancoliques 'Nobody's Lives' et 'I Want to Die'. Zaher Zorgati exprime qui plus est des textes souvent ô combien parlants et toujours d'actualité ; les guitares sont elles parfois plus présentes et incisives ('The Needle' et 'The Unburnt', me rappelant dans une moindre mesure Symphony X), tandis que le batteur pimente les rythmiques à l'aide d'un jeu fluide et varié, usant également à bon escient de percussions. Assurément, chaque musicien se met au diapason sans surjouer ou aligner des partitions fades (à l'instar du joli break arabisant précédant de bons soli sur 'Nobody's Lives'). A ce titre, les soli sont dans l'ensemble réguliers et consistants, sans traîner en longueur ou sonner clinique/démonstratif. Il y a vraiment plusieurs bonnes inspirations de ce côté ('Storm of Lies' est joliment pourvu par exemple).

Et si certains plans orchestraux ou de violons/altos sont par moments plus des gimmicks propres à la formation (limite too much sur une poignée de passages durant 'Endure the Silence' ou 'Believer'), ils n'en restent pas moins indispensables à la 'recette' Myrath, accentuant des mélodies ou intonations ('Through your Eyes' renforcé par un discret piano, le délicat 'I Want to Die' expressif à tous les niveaux), créant des atmosphères à part entière (l'intro grandiloquente de 'The Needle', autour des 3 minutes durant 'Believer') ou jouant en harmonie avec les guitares (l'entrain épique de 'The Unburnt', les mélodies orientales de 'Duat').

« Legacy » s'apprécie par ailleurs pour ses refrains construits, calibrés et accrocheurs sans paraître trop prévisibles ('The Needle', 'Through your Eyes'). Là encore, il y a du travail d'écriture, des arrangements pointilleux concernant l'apport des chœurs (proprement dosés) et le placement des nappes plus 'symphoniques'.
Disque attendu, ce quatrième effort de Myrath ne me déçoit absolument pas, répondant à mes 'attentes' concernant une formation, mine de rien, à l'identité musicale (et textuelle) très forte dont le succès mérité ne se dément pas. Bravo à eux.




Rédigé par : gardian666 | 16/20 | Nb de lectures : 8984