Du Metal à chanteuse ukrainien. Dit comme ça ça peut faire peur surtout que quelques horreurs sont venues tout droit de l’Europe de l’Est dans les années 90 et 2000 en ce domaine. Mais voilà, tout peut arriver et SCARLETH va se poser comme un groupe de qualité en son genre. S’il est une formation (un septette !) affublé d’une chanteuse lyrique (mais aussi d’une autre chanteuse dans un registre extrême) ainsi que de deux claviéristes (dont une fille aussi, la parité est presque respectée), SCARLETH ne donne pas vraiment dans le Goth/Sympho de base mais plutôt dans le Power-Prog, une sorte de version moins mainstream de NIGHTWISH en somme. Break The Silence (2011), le premier album du groupe originaire de Donetsk, ne restait pas loin du Goth-Metal mais œuvrait donc majoritairement dans du Power-Prog au tempo soutenu. The Silver Lining, le second album de SCARLETH qui lui permet(tait, l’album est sorti l’an dernier) de fêter ses 10 ans d’existence, va voir le groupe évoluer et se poser comme une formation plutôt intéressante en son genre.

Rien d’impressionnant toutefois mais The Silver Lining est déjà bien troussé dans la forme, la production est bonne sans en faire des tonnes, la chanteuse a une excellente voix (à la AMARANTHE mais en moins pop), le groupe ne verse jamais dans le kitsch malgré quelques écarts légèrement pompeux et des synthés Jordan Rudess-iens un peu crispants (enfin c’est une affaire de goûts après tout). Et en ce qui concerne le fond, SCARLETH se montre assez inspiré, que ça soit tout simplement pour les riffs proposés (parfois pas loin du mélodeath), les passages prog’ bien rythmés, ainsi que sur les divers arrangements symphoniques. Et quelques autres instrumentations d’obédience parfois folk viennent se greffer à l’ensemble, mention spéciale à "One Short Life" et son côté celtique très entraînant. Ceci amène un peu de variété à un album toutefois assez linéaire, sans véritable hit ou même un refrain qui tirerait un morceau ou deux vers le faut, le chant d’Irina en est assez responsable à cause de son côté répétitif, mais encore une fois la vocaliste a suffisamment de qualités pour ne pas sabrer l’intégralité de The Silver Lining. Un album de 50 minutes qui s’écoute sans déplaisir, dont on peut retenir le plus musclé "Double Memory" mais c’est parce qu’ici on aime bien quand ça mouline un minimum tout de même. Mais cet album n’est pas avare en beaux moments, notamment le plus posé "Before the Night Falls" ou encore le plus mystique "The Gates of Dark Sun".

Le groupe peut faire mieux, en ce qui concerne les chants extrêmes par exemple (très peu présents ou seulement en backing), et il lui faudra plus de variété pour espérer faire quelque chose sortant du lot et les quelques moments folk montrent un certain potentiel de ce côté. SCARLETH manque donc un peu d’originalité mais côté exécution, il n’y a pas grand-chose à redire. The Silver Lining reste un album de Power-Prog-Sympho-à-chanteuse pour fans de Power-Prog-Sympho-à-chanteuse, audience dont il est difficile d’estimer la portée sur un site comme VS. Si la plupart des albums du genre ont tendance à se transformer rapidement en catastrophe ambulante ou en condensé de kitsch, SCARLETH s’en sort largement avec les honneurs même s’il faut bien évidemment accrocher aux composantes du style. Rien de révolutionnaire pour ce disciple de NIGHTWISH en version « true », il y a plus singulier mais il y a bien pire aussi. The Silver Lining est donc une agréable surprise et est un disque venu de l’Est à recommander à ceux qui sauront l’apprécier.




Rédigé par : ZeSnake | 14.5/20 | Nb de lectures : 6638