Et TRACER elle bat le beurre ? Ben non, c'est plutôt les peaux de ses toms qu'elle bastonne, et la coquine envoie une fois de plus le steak plutôt que la baratte sur ce nouvel album qui suinte le rock'n'roll groovy et burné par tous les pores ! Ce bon gros rock généreux, celui qui embarque à bord de son van les potos grunge et stoner histoire de tracer sa route à travers l'Outback en bonne compagnie. Ce bon gros rock qui fait de ce "Water for thirsty dogs" une véritable ode au voyage, une nouvelle démonstration du savoir-faire australien acquis et peaufiné depuis maintenant une bonne décennie.

Examinons l'affaire de plus près. le quintet d'Adelaide nous avait laissé il y a un peu plus de deux ans avec un "El pistolero" qui n'avait pas vraiment enchanté notre papy Cyril national. Perso, j'avais trouvé celui-ci plus convaincant que le premier album, avec son petit côté desert rock gorgé de feeling et de mélodies qui ajoutait un plus non négligeable à sa base rock, le genre de truc qui à défaut de sortir des sentiers battus triomphait alors par son efficacité. Classique donc, ce digne rejeton de SOUNDGARDEN et des QUEENS OF THE STONE AGE plaçait le groupe dans les starting-blocks, lui permettant par la même de rouler sa bosse aux quatre coins de l'Europe, y compris notre Hexagone en assurant une date au Trabendo en première partie de THE ANSWER. Depuis, le groupe s'est séparé de son label, assurant la conception de ce "Water for thirsty dogs" via le site de financement participatif Pledgemusic. On n'est jamais mieux servi que par soi-même... enfin presque.

Sur ce troisième et nouvel opus, TRACER ne dévie pas foncièrement de la ligne de conduite qu'il s'est fixé depuis ses débuts : un salmigondis savoureux de stoner, de hard-rock et de grunge, du bon gros rock enfiévré qui n'a d'autre prétention que celle de faire bouger votre popotin et de vous faire passer un bon moment. Le chanteur Michael Brown, dans un choix cornélien, à décidé de conserver sa filiation avec le leader de SOUNDGARDEN dans ses intonations et envolées vocales de première classe. Quoiqu'un brin plus aiguës à l'occasion, celles-ci régalent de justesse et de précision. De la belle ouvrage ma bonne dame. Derrière, ça pousse avec ce bon vieux Dre qui cogne toujours avec autant d'amour sur ses peaux comme je le disais en préambule, la frappe est ici redoutable et soutient à merveille une section rythmique où le bassiste prend notamment une place de premier choix. Pas de doute, la qualité pointe une fois de plus le bout de son nez sur chacun des dix morceaux présents. A l'aise dans le couillu ("We’re Only Animals", "Us against the world") comme le groovy ("Lazy", "Halfway to zero") ou la power-ballade ("Tremors"), ce TRACER est tout-terrain. Tintin !

Produit avec doigté par Eric Reichers dans ses Echo Bar studios holywoodiens, ce nouveau disque du trio australien s'apprécie comme les deux précédents, en toute simplicité, sans en attendre une prise de risques et une originalité débordante, il reste l'illustration parfaite du travail bien fait, léché jusque dans les moindres détails. Un disque de TRACER dans les feuilles, c'est l'assurance de passer un bon moment avec des zicos expérimentés et bien intentionnés.

En ces temps de grisaille et de froideur, voilà une alternative plutôt réconfortante.




Rédigé par : TarGhost | 15,5/20 | Nb de lectures : 7329