ENTROPIA - Ufonaut (Arachnophobia) - Selection VS du 12/02/2016 @ 07h22
En général quand on se tourne vers la Pologne c’est qu’on cherche un plombier de la vodka une prostituée blonde du bon Black/Death bien bourrin de derrière les fagots, ou du Rock/Metal prog à la RIVERSIDE pour les plus doux d’entre nous. Mais la Pologne recèle de bien d’autres richesses, au sein même de sa scène extrême. Si un MGŁA est plus raffiné, trop pour certains d’ailleurs, on croise aussi des combos qui expérimentent. A ce titre on peut citer les formations de la galaxie Nihil, FURIA, MOROWE, CSSABA, MASSEMORD, SEAGULLS INSANE AND SWANS DECEASED MINING OUT THE VOID et consorts. Nihil, le chantre de l’expérimentation « silésienne » n’allait pas tarder à influencer d’autres groupes. Et voilà ENTROPIA de Oleśnica, à ne pas confondre avec celui de Białystok qui avait pondu deux démos dans la première moitié des années 2000, qui va s’amuser à expérimenter sur une base Black-Metal pour donner naissance à quelque chose de bien chtarbé. Après une démo et un EP (Chimera, 2010), ce quintette existant depuis 2007 a signé un premier album en autoproduction nommé Vesper en 2013. Plutôt que de Black expérimental, on parlait alors de Post-Black, atmosphérique et aéré, assez classique quoique légèrement personnel. Une personnalité qui ne demandait qu’à être approfondie d’ailleurs. Et c’est là que débarque Ufonaut chez Arachnophobia Records, label un peu galvaudé si ce n’est pour ODRAZA le side-project de membres de MASSEMORD (tiens donc), pour ce qui est une des grosses surprises et révélations de ce début d’année 2016.

Cette fois-ci, on peut parler de quelque chose d’expérimental, même si le terme n’a finalement que la valeur de dire « c’est un peu chelou comme BM ». Vesper le laissait parfois entrevoir, et Ufonaut rien que déjà par son nom et sa pochette va nous guider vers la nouvelle direction d’ENTROPIA : Psychédélique (oui, avec un grand P). Une première approche musicale et visuelle avec le clip enfumé, mystérieux et spatial de "Mandala" nous font déjà sentir qu’il va y avoir quelque chose qui fait schboum là-dedans. ENTROPIA ajoute alors à son Post-Black, un peu plus massif et percutant que pour Vesper d’ailleurs (avec même des touches Death), de multiples instrumentations, sonorités et effets psychédéliques pour nous emporter dans un monde moins strictement lumineux et autrement plus mystique et onirique. Entre trémolos Post-Black et riffs plus durs, ENTROPIA pose son univers sonore déroutant et envoûtant. Globalement, on peut dire qu’on a affaire à une version Black/Death polonais de NACHTMYSTIUM, une version plus sage et plus directe d’ORANSSI PAZUZU, même une version moins technique et plus hallucinée d’ULCERATE par moments. Et si musicalement il n’y a pas vraiment de points de liaison entre Ufonaut et MOROWE, SEAGULLS INSANE… et les albums les plus étranges de FURIA et MASSEMORD, il y a quand même un esprit Nihil-iste qui se dégage de ce second album d’ENTROPIA, dans l’envie de proposer quelque chose de différent sur une base Black polonais. Psychedelic Post-Black Metal, l’étiquette peut faire jaser, mais elle pose bien la réalité des trois quarts d’heure de Ufonaut.

Avec 7 morceaux de 6 minutes en moyenne chacun, ENTROPIA ne va pas nous faire perdre dans des litanies tournoyantes, ce qui va faire toute la différence. Et si la lancinance n’est pas spécialement de mise, la richesse va la supplanter. "Fractal" lance Ufonaut avec des compos Post-Black complexes mais terriblement efficaces, dans la veine d’un ULCERATE en moins terreux et abyssal toutefois, avec une production rêche mais puissante pour les rythmiques, un son parfaitement adapté au style avec une batterie très naturelle aux blasts soutenus. Et les boucles psychédéliques se font déjà remarquer et font une bonne partie de la force de ce morceau d’ouverture qui nous emporte de suite dans l’univers enfumé des polonais. Mélodies épiques et trémolos lugubres se font entendre, les vocaux sont arrachés sans être déchirants, des moments de grâce sont déjà présents comme ce splendide accès Post-Metal à 3’15. La partie finale est assez dantesque, et toutes les sonorités psychédéliques entrevues sur ce premier morceau témoignent déjà de la variété et de tout le potentiel d’ENTROPIA. Le côté psychédélique, l’aspect Black mélodique épico-progressif et les vocaux à la Blake Judd entérinent aussi le fait que Ufonaut sonne comme un NACHTMYSTIUM dernière période passé à la moulinette Black polonaise et le résultat est saisissant. Dans cette veine, ENTROPIA cartonne grâce aux moments les plus épiques de morceaux comme le très mélodique "Ufonaut", le prenant "Veritas" et surtout le monumental "Apogeum" en forme de constante montée en puissance jusqu’au final époustouflant avec ses vocaux possédés.

En restant relativement contrôlé et dans les clous du Post-Black, Ufonaut reste un album plutôt accessible mais il est clair qu’ENTROPIA se lâche et expérimente par rapport à Vesper et nous balance des excellents moments psychédéliques à chaque coin de morceau, accompagnant à merveille les compos souvent directes (tout est relatif). "Samsara" témoigne bien de cet esprit avec des compos brutes et noires relevées par des synthés sidérants et nocturnaux, constants et émaillant aussi des breaks savamment dosés. Les bidouillages psyché du morceau-titre n’ont rien à envier à ceux d’ORANSSI PAZUZU. D’ailleurs dans la globalité ENTROPIA et notamment son claviériste « R » n’a rien à envier à Sanford Parker, mettons à ce crédit les somptueux synthés stellaires de "Apogeum". Et le polonais a encore de nombreuses cordes à son arc, notons encore les splendides et étranges sonorités cristallines de "Paradox", morceau à nouveau efficace (à la polonaise a-t-on envie de dire) mais aussi particulièrement original et finalement très tordu et résolument psychédélique, à la manière d’ENTROPIA c’est-à-dire avec des accès Post-Metal du plus bel effet. Mais la plus belle réussite de Ufonaut est bel et bien son génial single "Mandala", où les oripeaux psyché se muent en des sonorités « orientales » inattendues, tandis que les gratteux U et A sortent leurs riffs les plus frontaux, L ses patterns de batterie les plus entraînants, U ses vocaux les plus poussés, l’entité U-L-T-R-A étant ici au top de son inspiration pour cette saisissante pièce à tiroirs qui se termine par un incroyable final spatial, monumental et terrifiant, dont le visionnage du clip conjoint est indispensable pour saisir toute l’essence psychédélique du ENTROPIA v.2016.

Ufonaut a tout de l’album parfait, parfaitement dosé surtout, où il n’y a rien à jeter, où les écoutes se multiplient, en début de nuit et sous l’effet de substances à votre guise. Des défauts ? Pour ceux qui ont tout vu dans le style tout de même restreint du Black psychédélique, il est clair qu’il n’y a parfois rien de vraiment révolutionnaire surtout que le base reste le Post-Black classique de Vesper et les quelques caractéristiques du Black/Death polonais, plus ou moins silésien, tout en sachant que la galaxie Nihil a fait « pire ». Les influences sont palpables et NACHTMYSTIUM n’est jamais loin, ORANSSI PAZUZU non plus et d’aucuns trouveront que Ufonaut est parfois une version « light » de ce que font les finlandais. Mais justement, c’est ce qui fait pour moi le charme de Ufonaut, ce Post-Black psychédélique qui reste accessible, qui évacue toute longueur dispensable et reste à l’essentiel, en faisant preuve de complexité uniquement quand c’est nécessaire, et montrant globalement une richesse insoupçonnée et une inspiration à toute épreuve dans cet album déroutant mais digeste. ENTROPIA a inventé le Black psychédélique accrocheur, NACHTMYSTIUM avait déjà défriché le terrain avec The World We Left Behind mais les polonais en sont un parfait disciple, surtout qu’une place est à prendre et NACHTMYSTIUM doit se trouver un successeur qui pourrait bien se trouver de l’autre côté de l’Atlantique et au-delà de l’Odra. Et ENTROPIA a trouvé une parfaite fusion entre le BM et le psyché qu’ORANSSI PAZUZU n’avait peut-être pas totalement trouvé avec Valonielu, ajoutez à ça un soupçon de personnalité « à la polonaise » et Ufonaut est assurément une grande réussite avec son Black expérimental qui n’en fait pas des tonnes et sait faire mouche, sait être prenant et irrésistible. Une révélation, une surprise, ou un simple coup de cœur, ce second album d’ENTROPIA est la sensation de ce début d’année. Avec ou sans champis/cachetons/marie-jeanne, Ufonaut est un album efficace et enfumé, du pur Post-Black psyché à s’enfiler sans modération !




Rédigé par : ZeSnake | 17/20 | Nb de lectures : 9134




Auteur
Commentaire
dix2der
IP:90.33.186.219
Invité
Posté le: 12/02/2016 à 08h18 - (119398)
"Si un MGŁA est plus raffiné, trop pour certains d’ailleurs...", sympa tes chroniques.

GzU
IP:78.192.105.48
Invité
Posté le: 12/02/2016 à 11h34 - (119403)
J'ai écouté jusqu'au chant, j'ai pas pu aller plus loin :( Désolé...

damikachu
Membre enregistré
Posté le: 12/02/2016 à 13h53 - (119406)

Honte à moi d'être passé à côté de l'écoute en Newz à l'époque.

Ça a l'air très bien foutu, le clip est mémorable, l’album est pas bien cher avec son boitier vert halluciné. C'est acheté ! On verra après l'avoir écouté plus de fois mais c'est prometteur.



Seb On Fire
Membre enregistré
Posté le: 12/02/2016 à 14h07 - (119407)
Merde le clip avec des images extraites de "Beyond the Black Rainbow" aka un des films les plus relous du monde :/

Bon la musique rattrape le coup

DD
IP:82.226.3.23
Invité
Posté le: 12/02/2016 à 17h08 - (119409)
oh , c'est insupportable ce truc.
je ne vois aucune classe la dedans.


le gritche
IP:82.216.166.118
Invité
Posté le: 12/02/2016 à 21h06 - (119411)
Ca me plaît d'emblée, aucune honte à l'avouer d'ailleurs.

Ennemie
Membre enregistré
Posté le: 12/02/2016 à 23h32 - (119412)
La classe! Merci pour la découverte! La voix est géniale!!



yann
IP:5.39.91.37
Invité
Posté le: 21/02/2016 à 12h06 - (119474)
différent !

Black Comedon
IP:89.93.4.176
Invité
Posté le: 22/02/2016 à 22h07 - (119482)
Merci pour la chronique et la découverte.

Ah sinon je trouve que sur certain morceau comme Paradox ça me fait penser à V28, ce qui est pas banal dites donc.

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