Le couple Baroness/Relapse Records a bien fonctionné pendant plusieurs années, pour une relation solide amenant une collaboration fructueuse. Mais la vie est telle que même les sentiments les plus forts se délient ; le quatuor américain a donc laissé l’emblématique label de côté. Baizley et sa bande souhaitaient gérer tout de A à Z, au sein de leur propre structure, en considérant avoir les reins suffisamment solides pour gérer le musical et l’extra musical. Et c’est étonnamment lorsque la formation désire couver son bébé sans partage, que Purple voit jour, assurément la sortie la moins marquante des géorgiens.

Cette remarque est bien entendu subjective ! Elle est le résultat d’une semi-déception issue d’écoutes presque contraintes, tristement sans passion, d’une musique intéressante mais sans réel relief. Et je dois avouer aimer Baroness au plus haut point, Red Album et Blue Record étant des classiques du Metal des années 2000.

Purple dévoile un combo qui a grandi, laissant les grosses guitares pour faire place à une ribambelle de bons sentiments, de petits câlins au coin de feu, pour une musique résolument rock. Baroness nous a pourtant fait avaler la pilule en 2012 lors de la sortie son double CD Yellow & Green, que personnellement j’avais adoré, mais qui avait reçu des critiques toutes plus disparates les unes des autres. Aucune surprise n’était attendue cette fois-ci pour un opus très proche de son prédécesseur, où pour la première fois, les américains ne révolutionnent pas leur art. Purple est plus rock que son prédécesseur, ramollit toutefois par un songwriting certes très bon, mais moins performant et aucunement addictif.

Dans les grandes lignes, ce nouvel opus est bien écris et bien interprété. On y retrouve ce son de guitare reconnaissable entre mille, mais aussi cette rythmique ultra carrée. Les guitares se faufilent telles 2 inséparables acolytes, et même Baizley, qui chantait faux sur certains passages de Yellow & Green, rehausse son niveau avec un chant moins poussif, et toujours personnel. Cette quatrième offrande est feutrée, mélodique, savoureuse par moments. Le quatuor ne cherche pas à en faire trop ou à s’aventurer sur d’autres terrains, ce qui était pourtant sa première marque de fabrique ; et surtout, et cela est fondamental, Baroness ne tombe jamais dans le mielleux, même s’il a quitté pour de bon la scène Metal. Sans être super efficace, on se laissera bercer par de rares éclairs magiques, beaucoup de ballades, quelques bons passages pour un album poli, et loin d’être intemporel.

Les 2 petits nouveaux apparus au sein du groupe après la tragédie en Angleterre (Nick Jost et Sebastian Thomson), semblent avoir une touche davantage rock que leur ancêtres. Ils ne sont clairement pas responsables de rythmiques jouissives/parfois brise-nuque/progressives, ce qui faisait autrefois le sel de ce merveilleux combo. La pochette, que l’on trouvera jolie -ou pas-, a le mérite d’être personnelle et en étroite corrélation avec l’histoire même du groupe. Elle est attitrée à son chanteur (qui d’ailleurs n’a plus une productivité aussi élevée qu’autrefois) mais aussi à sa scène de Savannah. Celle-ci bombait le torse il y a encore peu de temps, chacun de ses protagonistes se prend tour à tour les pieds dans le tapis pour n’offrir que des sonorités qui perdent de plus en plus de leur punch, et qui continuent à s’éloigner du Metal. Cette scène fut glorieuse, et sans appartenir au passé, elle n’a plus vraiment d’impact dans le présent. Quant à Relapse, le label de Philadelphie est décidemment un vrai centre de la formation de foot à la française, en découvrant, épaulant, chapeautant, et faisant grandir chaque jeune pousse, qu’il laissera partir une fois ceux-ci sûr de leur force.

Baroness rentre dans le rang en offrant un nouvel album homogène, plutôt de qualité, mais qui ne fera pas date comme ses 2 premières galettes. Moins sublime, mois progressif, et surtout moins addictif, je trouve Purple assez fade… en espérant que les américains nous subliment davantage pour la sortie de White. A moins que cela ne soit Orange? On prend les paris ?




Rédigé par : Bras Cassé | 13/20 | Nb de lectures : 9485