Il y a deux façons de jouer du Brutal Death Technique : avec ses bras, ou avec sa tête.
INHUMAN a choisi la seconde manière, pour notre plaisir. Point de démonstration inutile ici : INHUMAN aime certes le côté technique, mais aime également jouer du Death Metal, et non jouer au plus bourrin.

Le Brutal Death n'a pas de frontières, même si les frontières du style sont rarement repoussées...
Originaire du Costa Rica, INHUMAN s'attelle à appliquer son manuel du "Brutal Death technique pour les nuls", avec beaucoup d'efficacité et d'aplomb.
J'avoue ne pas connaître des masses ce pays d'Amérique Centrale (mises à part les photos bucoliques de la future résidence principale d'un désormais ex-collègue).
Et si les riffs chiadés et autres cris gutturaux ne sont pas, de prime abord, les attributs musicaux qu'on imagine le mieux pour zouker sur la plage, la pertinence et l'efficacité des morceaux m'ont suffisamment accroché l'oreille pour sérieusement envisager d'aller visiter San Jose et Tamarindo.

A la façon de certains groupes américains, INHUMAN privilégie donc les changements de rythmes fréquents, et les riffs dits techniques. Les mélodies sont assez efficaces, plutôt torturées et alambiquées, mais avec un côté Heavy fort appréciable.
Côté growl, du classique mais du bon : les cris sont rauques, gutturaux, mais ni trop aigus (shriek) ni trop gras, le tout sans bouillie inintelligible.
Point de bouillie non plus du côté des blastbeats, les bourrins de base trouveront "Conquerors of the New World" trop varié, tandis que les fans de Death Prog seront calmés par cette violence rythmique.
C'est d'ailleurs l'un des points fort de cet album : Résolument agressif et brutal, l'album n'en demeure pas moins franchement varié dans ses changements de rythmes.

Sans coups d'éclats particuliers, le groupe joue cependant sa partition avec ferveur, et cela s'en ressent : on est loin des opus soporifiques sans âme ni ambiance, où la démonstration ruine toute tentative de prendre du plaisir.
Nos costaricains dégagent une certaine envie, une fougue palpable qui booste franchement leur Death Metal. Un côté presque sauvage se manifeste, à la façon de Krisiun, mais dans une approche musicale bien plus Amérique du nord.

Le groupe n'hésite pas à varier considérablement ses rythmes au sein des morceaux, sans crise d'épilepsie cependant, car les changements ne sont pas trop saccadés. La violence reste légion, et INHUMAN ne verse pas dans le progressif : avec "Conquerors of the New World", vous aurez votre dose d'agressivité frontale, pas de risques.

La présence assumée et volontaire de la basse dans le mix sonore est hautement appréciable, et se doit d'être soulignée. Certes, n'est pas Obscura qui veut ; mais cette basse virevoltante et indépendante apporte une forme de groove terrible.

Objectivement, "Conquerors of the New World" est un bon album, à la fois brutal et musical, ni trop technique ni trop linéaire.
Subjectivement, mis à part le mérite d'émerger d'un pays pas franchement réputé pour sa scène Metal, INHUMAN, tout sympathique et intéressants qu'ils sont, n'apportent strictement rien au schmilblick... Est-ce discriminatoire pour autant? A vous de voir...

INHUMAN propose un album violemment sympathique et à la maîtrise instrumentale redoutable. Tout en restant enclavé dans les poncifs du genre, malheureusement. N'espérez donc pas découvrir le nouveau Visceral Bleeding. Mais "Conquerors of the New World" est cependant être un très bon cru, ce qui, étant donné la conjoncture musicale, reste une très bonne chose...




Rédigé par : ..::Ju::.. | 14,5/20 | Nb de lectures : 7301