Au pays du Brutal Death, le conformisme est souvent de mise. La violence n'est malheureusement pas un gage d'originalité, mise à part pour les personnes extérieures à l'univers du Metal Extrême ; cette même violence n'est pas plus synonyme de qualité, excepté pour les fans purs et durs de TXDM and co...

Amateur chevronné de Brutal Death, j'ai consommé des Go d'Adsl afin de faire transiter des milliards de paquets, abreuvant mes tympans décharnés en découvertes et en déceptions.
Et je suis le premier désolé de constater combien cette scène Death Metal s'est littéralement auto-phagocytée en quelques années. Merci Internet, merci moi même.

Fort heureusement, il existe et émerge régulièrement des groupes intéressant et talentueux, dont la qualité ou l'audace leur permettent de s'extirper de cette basse-cour de blasts.
ATROCIA est de ceux-là.
Et pour prétendre exister au milieu des centaines de démos et albums qui sortent chaque mois, ces français ont opté pour le pragmatisme : leur Death Metal est tout sauf original, mais franchement pêchu.
Aucun instrument à vent ou à percussion n'égaye le plaisir, aucune expérimentation n'est tentée, aucun 'featuring' de classe n'est nécessaire.
ATROCIA se bat avec ses armes, et joue avec ses tripes. Avec réussite.

Formé en 2003, ce quartet nazairien a déjà sorti 3 démos, ainsi qu'un premier album "Inward Chaos" en 2012. Je n'avais jamais trop entendu parler d'eux, et je suis vraiment heureux d'avoir découvert ce groupe talentueux.

La force du groupe est d'être toujours à la fois concis et varié. Le plus grand piège, pour un groupe de Brutal Death, est de sombrer dans la redondance et l'ennui... Pas de risques avec ATROCIA : car le groupe est forgé du même acier que FLESHDOLL ou DARKRISE, pour rester Underground et francophone.
L'intelligence de composition, sans être originale, permet néanmoins d'éviter toute contrariété, et d'apporter à l'album une durée de vie exemplaire. Il en faut parfois peu : 1 zeste de fraîcheur et un soupçon d'audace au milieu de ce cocktail de Metal de la Mort, et le tour est joué...

Chaque titre est structuré différemment, plus ou moins vindicatif ou aéré, et relayé par des riffs simplement efficaces. A la faveur de changement de rythmes impromptus, de blasts entraînants, et d'une violence dosée avec intelligence, ATROCIA réussit à garder l'auditeur captivé durant l'écoute de l'album. Une force, par les temps qui courent.

Pour ne rien gâcher au plaisir, "Dystopia: The Machine Murders" est enrobé dans une prod' UG de qualité (merci Arthur Lauth et les BBR Studios), où la basse groove parfaitement, et où chaque musicien est à sa place, et participe à l'équilibre sonore brut et agressif.

Au jeu du rapprochement musical, ATROCIA aime DERANGED, GORGASM et CANNIBAL CORPSE ; mais son talent de composition lui évite l'écueil de la pâle copie. A la façon de Guillaume dans FOETUR, le chant guttural et profond reste intelligible, évitant les growls sans âme.
Peut être trop aéré et Mid-tempo pour les fans d'ultra violence, "Dystopia: The Machine Murders" n'en reste pas moins Brutal. Mais une brutalité variée et tempérée, qui dilue les blastbeats avec pugnacité, et garde suffisamment de force en réserve pour en distiller tout au long des 38 minutes.

Avec "Dystopia: The Machine Murders", le constat est simple : l'énergie débordante et l'agressivité maîtrisée vont provoquer en vous une irrémédiable envie de vous laisser séduire par de Death Metal impétueux et fougueux. Une des révélations de 2015 pour ma part. Mortel.




Rédigé par : ..::Ju::.. | 16/20 | Nb de lectures : 8313