Il y a depuis toujours un malentendu sur la musique de KEN MODE que l’on a classé, avec très peu d’a propos et moi-même suis tombé dans le panneau, dans la case « Hardcore machin chose » alors que depuis tout ce temps, le groupe des frangins Matthewson est un putain de groupe de rock. Rien de plus, rien de moins. Alors évidemment, point question ici du rock à papa de Johnny ou du rock de stade de Coldplay, on parle ici de vrai rock, celui qui sent mauvais, qui pue la sueur, s’orne de tatouages de taulards et dans le même temps lit Charles Bukowski. KEN MODE est un groupe de rock. Un putain de groupe de putain de rock ‘n’roll et ce Success le prouve une fois de plus vu que c’est certainement le disque le plus ouvertement rock’n’roll qu’ils ont sorti depuis un bon moment. Plus question de post hardcore ou quoi que ce soit d’ailleurs pour affirmer leur composante rock, les gars sont allé enregistrer chez Steve Albini. Si ça ce n’est pas une preuve, je ne sais pas ce qu’il vous faut.

Peut-être ce son de basse hyper lourd et claquant qu’on ne trouvait auparavant que chez Unsane, Pigs et une petite poignée de groupes du même acabit. Ceux qui aiment triturer la noise et ses sonorités bouillonnantes. Outre la production incendiaire et le son d’une grande lourdeur, on sent l’énorme travail qui a été livré sur les compositions. Déconstruites au maximum, on est parfois un peu perdu dans le foisonnement d’idées et de directions différentes prises par chaque morceau. On est parois décontenancé par la composition mais toujours scotché par l’ampleur de la production. Pour résumer, KEN MODE serait un Fugazi new-yorkais qui jouerait des morceaux composés par Dazzling Killmen avec des membres de Unsane en son sein. Tout ça est bien évidemment hyper sexy sur papier mais en réalité ça l’est un peu moins. Il manque à KEN MODE ce petit truc qui fait que Fugazi est Fugazi, que Unsane est Unsane ou que Keelhaul est Keelhaul.

KEN MODE, est, et sera sans doute toujours, l’élève trop bon, trop propre, trop lisse. Celui qui ne fait pas vague, ni le plus méchant, ni le plus sale, ni le plus drôle, ni le plus gros, juste un parmi d’autres qui fait son travail plus que correctement mais sans avoir su trouver sa voie véritable sans avoir pu embraser l’étincelle. Pourtant un titre comme « These Tight Jeans » avait tout pour lancer le disque, un morceau tubesque, du gros rock qui roll bien comme il faut, avec une petite touche Primus quelque part, avec l’ajout d’une voix féminine qui amène un vrai plus sur ce titre. « I Just Like Fire » marque aussi des ponts, un bon titre enragé et pétaradant qui n’a pas le temps de niaiser et encore porté par une basse complètement possédée. KEN MODE est, je trouve, plus efficace sur les titres bref, trois minutes, trois trente maxi où ils peuvent vraiment libérer leur rage tout en respectant un bon songwriting. Les morceaux contrastés sont moins convaincant malgré encore une excellente écriture mais voilà, il manque toujours ce petit truc. « Success » se termine d’ailleurs sur un morceau trop long et pas assez intéressant.

KEN MODE envoie un bon album de rock pour parler simplement, bien composé, bien joué et excellemment produit. « Success » à tout pour séduire mais voilà, il lui manque cette touche de folie et de vraie personnalité rayonnante qui émane de leurs petits copains. C’est con parce que c’est un peu disque mais qui quelque part, fini toujours par m’ennuyer à la longue. A un moment, chaque fois, je décroche et l‘ennui se pointe. C’est con pour du rock.




Rédigé par : Seb On Fire | 14/20 | Nb de lectures : 8672