Voilà certainement une des sorties Death les plus attendues de l’année, en effet quand on a appris le nom des membres qui intègrent cette formation on ne peut qu’être enthousiaste puisqu’on y trouve le mythique L.G. Petrov d’ENTOMBED au chant qui est secondé par son actuel guitariste Victor Brandt, à cela il faut rajouter Fredrik Folkare (NECROPHOBIC, UNLEASHED) à l’autre six cordes, Alex « Impaler » Friberg (NECROPHOBIC, NAGLFAR) à la basse et Matte Modin (SKINEATER, ex-DARK FUNERAL et ex-DEFLESHED) derrière les fûts, autant dire que sur le papier tout cela a fière allure tant ses vieux briscards de la scène extrême suédoise ont du talent à revendre et à exprimer.

Nul effet de surprise pour l’auditeur car point de trace de Néo ou de Power, là on évolue en plein dans le swedeath à la fois classique et moderne ce qui donne un mélange intéressant et réussi, car contrairement à nombre de groupes au line-up prestigieux le résultat lui n’est pas du tout décevant, bien au contraire on est dans le haut du panier, car Victor Brandt qui a signé l’intégralité des musiques et la quasi-totalité des paroles a fait un superbe boulot, puis le talent de ses acolytes a fait le reste. Car en proposant onze titres (dont un interlude acoustique bienvenu) pour un résultat final de 42 minutes les mecs sont allés à l’essentiel en privilégiant l’efficacité à la durée, ce qui est une excellente chose tant la densité et la puissance de ce disque sont présentes, bien aidés en cela par une production aux petits oignons à la fois écrasante et vrombissante, tout en gardant un petit côté classique et classieux typique de leur pays natal.

« The Emperor » qui sert d’amuse-bouche nous met tout de suite en appétit car après la petite introduction de rigueur voilà que déboule un roulement de batterie qui enchaîne ensuite avec des blasts et des rythmiques très rapides et en alternance, mais heureusement ça ne fait pas que bourriner inutilement puisque le quintet a l’excellente idée d’alourdir le passage central pour lui donner un côté remuant propice au headbanging, tout en y ajoutant des solos tout en mélodie avant de finir par une dernière décharge de voracité parfaitement maîtrisée et très variée. D’ailleurs le combo a trouvé l’équilibre au niveau de sa setlist en passant du brutal puis à la lourdeur, des parties de blasts aux passages plus mid-tempo et épiques, ce qui donne du coup une vraie épaisseur et maintient l’écoute en mode attentif.

Après ce premier jet l’ambiance et l’intérêt retombent un peu avec « Imperial Burning » très massif et au train de sénateur assumé qui se révèle finalement répétitif sur la durée et qui aurait mérité d’être un peu raccourci, tout comme pour « Lucifer Has Spoken » qui démarre de manière très sombre mais qui s’enlise à cause d’un refrain à l’ambiance religieuse un peu kitsch et aux voix grégoriennes pas non plus réussies. Cependant ces quelques fautes de goût légères sont vite oubliées car avec « Spirit Of The Black Tide » on revient aux bonnes choses avec des passages légèrement influencés par AMON AMARTH et d’autres plus pêchus où le batteur se lâche complètement. Le temps de faire une courte pause sur l’interlude acoustique (« Contemplate Death ») on arrive au meilleur de cet opus, d’abord avec le heavy et légèrement tribal « All Hail », avant de monter progressivement en température avec le court « Ruination » où la double se fait furieuse tout en sachant se calmer pour mieux repartir et en finir en à peine trois minutes. « Necromance » quant à lui ne blaste pas une seule seconde, sa rythmique ne bouge quasiment pas mais son côté monolithique est justement son atout grâce à son ambiance rouleau compresseur qui peut faire penser à BOLT THROWER (l’influences des anglais est d’ailleurs régulièrement présente par petits bouts sur la plupart des compos). Si on se rend compte depuis le début que tout est calibré pour la scène la suite ne fera que confirmer encore un peu plus cette impression, tout d’abord avec le très simple et redoutable « Shadow Realms » qui montre tout l’éventail de jeu et de la vitesse de Matte Modin (qu’on n’avait pas vu si précis et appliqué depuis longtemps), puis sur « Ginnunga » où là encore la variation de tempo est de mise, enfin le radical « Infernal Eternal » (qui n’a rien à voir avec celui écrit par MARDUK) conclût les débats de la plus belle des manières (en à peine 2,30 minutes) où la priorité est donnée au côté furieux du combo, mais où là encore le solo est l’occasion d’apporter un soupçon de mélodie. D’ailleurs en parlant des parties lead ce sont aussi des éléments essentiels de la réussite globale de cet album, à la fois précis et légers les deux guitaristes arrivent à passer aisément des riffs puissants à des solos d’une fluidité imparable tout en y ajoutant quelques duels bien sentis, mais sans jamais trop en faire tant ils sont ajoutés avec parcimonie, quant à son chanteur il prouve que malgré le temps qui passe il reste encore au niveau et livre une prestation encore une fois impeccable.

Alors que 2015 se clôturera bientôt (et même si l’année n’est pas encore totalement finie) il est certain que cette galette sera d’ores et déjà dans le top swedeath de l’année et dans le haut du panier death-metal international, car malgré quelques petites erreurs l’alchimie entre les cinq comparses s’est faite sans heurts pour obtenir une réussite incontestable et un résultat final à la hauteur des espérances.




Rédigé par : GabinEastwood | 15,5/20 | Nb de lectures : 9526