Ça fait un moment que les teutons embrassés par la haine n’avaient pas donné de nouvelles discographiques. Huit ans exactement, ce qui, dans le monde du hardcore, correspond à une éternité et un jour. Les allemands s’étaient fait un petit nom dans le ring du toughcore musclé avec leur premier album devenu culte malgré un son de batterie playskool, « Down To Concrete ». Mix de beatdown, de harcore et de metal, « Down To Concrete » était une petite bombe de violence et de muscle envoyée à la face du hardcore européen. L’Eurorpe avait sa réponse à Shattered Realm mais depuis, le temps à passé et avec ce nouvel album, la direction prise par le groupe est surprenante. Beaucoup plus variée, moins street, moins beatdown, moins tough, EMBRCED BY HATRED a beaucoup évolué et livre un album plus influencé par le « vrai hardcore venu de new-york qui ne renie pas ses racines punk » même si on y trouve toujours quelques gros éclats de violence et des démonstrations de force bien musclées. Globalement, l’atmosphère a bien changé. On est face à un groupe qui a subi de plein fouet le syndrôme du tough guy qui a vieilli et est maintenant père de famille. Il aime toujours le hardcore mais n’a plus besoin de jouer au gangster des ruelles pour se sentir exister.

EMBRACED BY HATRED a grandi et le prouve dès son premier morceau avec un instrumental terminé par un solo metal. Un solo metal chez EBH ? Et ben… Le morceau suivant confirme ça, le rythme est plus rapide que d’habitude, rythmiques twostep et riff qui oscille entre nyhc et thrash, on nous a changé nos allemands, bon sang. Oui et non. Oui car effectivement leur musique est plus riche, les traces de beatdown ont pratiquement disparu pour un thrashcore qui lorgne parfois du côté d’un Sworn Enemy ou d’un Lionheart, les stéroïdes en moins, les petites descentes de cordes à la Slayer en plus. « Dehumanize » nous rappelle le Hatebreed de « Perseverance » avec sa grosse moshpart à mi parcours et son ton résolument metal avec, là encore, un solo de derrière les fagots. Le reste est du même tonneau même si les gars se font forts de parcourir tout le spectre du metal. On y trouve même quelques traces edgemetal avec un « Fool Me » bien enervé, du punk à l’ancienne sur un « Chronos » presque oï et du metal moderne via quelques arpèges de guitares « à la Machine Head ». Bref, on se trouve un peu déboussolé face à ce pot-pourri alors qu’on attendait du gros hardcore gras et vilain qui tâche.

Chaque morceau réserve sa petite surprise ce qui en fait un disque globalement assez décousu qui semble chercher sa voie mais qui séduit par la remise en question du groupe et l’envie d’aller de l’avant. On cherche vainement le groupe de « Down To Concrete » sur « Trife Life » qui ose avancer un refrain clair comme ça, tranquillement, sans craindre de provoquer une attaque cardiaque chez les fans hardcore de la première heure. L’album est finalement assez agréable même s’il faut faire son deuil du EMBRACED BY HATRED que l’on a connu et plonger dans cet album bien plus metal que par le passé et en apprécie la versatilité de la composition (pour du hardcore de ce type hein, ne vous attendez pas à du BTBAM). Le point négatif vient de la production qui manque de punch, surtout au niveau de la voix pas forcément mise en valeur sur certains titres. « Time Waits » est un disque qui dénote dans la discographie du groupe qui met un peu de temps à se faire apprécier, surtout si on est un gros fan de leur premiers albums. Ça ne nous fera pas l’année mais ce n’est pas désagréable à l’oreille.




Rédigé par : Seb On Fire | 15/20 | Nb de lectures : 8244