ASHTAR est un duo composé d'un batteur (Marko Lethinem) et d'une bassiste/chanteuse (Witch N.) existant depuis 2012 et qui est originaire de Bâle en Suisse. Avec "Illmasaari", le couple infernal nous propose un premier album intense et immersif, fleuri d'un Doom aux forts relents de black et de Sludge qui s'étire jusqu'aux confins de l'ambiant en offrant des titres simples et roboratifs. Volontairement dépouillé et débarrassé d'artifices, le son est brut et incisif, l'aspect abrasif en ressortant au final servant particulièrement l'atmosphère poisseuse et mystique visiblement recherchée par le duo.

Car dès le départ, on ressent une espèce de lourdeur inquiétante appuyant sur nos épaules comme le ferait une force invisible. L'atmosphère est chargée de mélancolie, d'étrangeté et d'une aura de magie assez hypnotique. Les tempos sont lourds et pesants mais assez soutenus et assez éloignés des lenteurs pachydermiques auxquels on est parfois habitué dans le Doom. La tension s'exerce également au niveau des voix qui se débattent à l'intérieur de ce théâtre chaotique pour essorer leurs maux et extraient toujours plus d'intensité de ce magma sonore incandescent.
Sur la première chanson "Des siècles qui éternellement séparent le corps mortel de mon âme", on découvre, après une première partie Doom assez convenue, une accélération typiquement Black Metal où ASHTAR se rapproche alors d'un MAYHEM au travers d'un texte déclamé comme s'il s'agissait d'une sentence. Mais ne restant jamais très longtemps sur le même territoire, le groupe joue ensuite d'arpèges, de sonorités au violon, de riffs psychédéliques et de sonorités disharmoniques pour nous perdre sur le chemin de sa damnation. Notes de piano, larsens, superpositions de sonorités déchirant les conventions musicales, rien ne semble ne pas avoir sa place dans ces litanies sombres et abrutissantes où le noir semble être le seul dénominateur commun à tout ce foutoir ésotérique.
Les accords sont tour à tour mineurs puis écorchés dans un chaos anarchique, l'impression subsistant alors restant celle de la confusion et du trouble. Le long travail développé sur des titres comme "Moons" ou "She Was a Witch" finit par porter ses fruits au fur et à mesure que le groupe égrène de subtilités ses constructions rythmiques. Niveau bons moments on notera l'excellence de l'introduction de "These nights will Shine On" avec son introduction à la ligne de chant absolument envoûtante et au pont "Atmo" aussi beau que bienvenu. On remarque aussi "Collide" qui malgré un début rugueux et plein de saturation montre aussi de superbes mélodies rappelant un sorte d'improbable rencontre entre l'univers gothique et celtique, le tout baigné dans un Black décadent. Pas facile à décrire, mais agréable à écouter en tout cas.

Au final un six titres bien foutu aux sonorités agréables, les chansons étant servies par un prod' efficace collant à merveille aux ambiances créés par le combo. Efficace voire redoutable à plusieurs moments, ce "Illmasaari" devrait vous faire passer quelques bons moments.
A noter enfin qu'une édition limitée va voir le jour via Antiq et qu'une version vinyle devrait elle aussi voir le jour via Throne Records.




Rédigé par : Pamalach | 14/20 | Nb de lectures : 8167