Pour tous ceux que l’idée d’un album solo réalisé par un batteur de death-metal évoque irrémédiablement des images cauchemardesques à base de solos de tambourin et de concours de bites - ou plutôt de triple croches exécutées à la vitesse de la lumière – peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Quant aux fans de NILE, à qui clairement ‘Invictus’ s’adresse avant tout, non seulement ils gagnent ici un bon complément leur dernier bébé ‘What Should Not Be Unearthed’ mais en plus, il leur permettra de se rendre compte à quel point le recrutement de Kollias en 2004 en remplacement du pourtant très côté Tony Laureano a fait du bien au groupe… Car talentueux le gaillard est et ce disque en est une preuve supplémentaire. D’ailleurs, c’est un album solo dans le sens premier du terme car Monsieur, en plus d’avoir tout composé, se charge de l’intégralité des instruments et même du chant, aidé certes dans sa tâche par une ribambelle de guests venus renforcer le rayon ‘solos’, jouant chacun sur un titre et venus essentiellement de la scène grecque, même si on retrouve bien sûr aussi ses compères de NILE Karl Sanders et Dallas Toler-Wade.

Par contre, ne faîtes pas dire ce que je n’ai pas dit, ‘Invictus’ ne fait pas la nique à son employeur principal tout comme il ne prétend exactement jouer dans la même cour. Plutôt intelligemment, Kollias n’essaye de pas péter plus haut que son cul et son style de riffing, tout en évoquant malgré tout un peu ses principaux employeurs, est plus simple et plus clair dans son exécution, avec ce qu’il faut de touche épique et mélodique pour ne pas tomber dans la soupe indigeste. Forcément, on sent bien que tout cela a été composé par un batteur et donc en fonction des breaks de dingues et des accélérations subites qui pouvaient en découler mais tout cela tient malgré tout bien la route, notamment grâce à quelques chorus bien sentis (« Invictus ») qui accrochent de suite l’oreille dans un style assez moderne et proche par moments d’un BEHEMOTH dernière époque. Vocalement, le constat est le même : dans un style plus hurlé que grogné, le gaillard s’en sort plutôt bien et réussi à bien articuler chacun de ses syllabes, à défaut d’être furieusement original.

Après, sans tomber dans la démonstration stérile, la furieuse envie de son géniteur de démontrer toute l’étendue de son (large) talent a poussé ‘Invictus’ à en faire des tonnes niveau blasts, quitte à ne pas prendre trop de risques et surtout à ne pas pousser plus en avant les rares chemins de traverse abordés. Car aussi clair et maîtrisé de A à Z qu’est cet album, bien qu’on soit tout jouasse de pouvoir faire du air drums de malade devant sa glace grâce à lui, on reste un peu sur sa faim de ne voir les percussions orientales ne faire qu’une (courte) apparition sur « The Passage » pour ne citer que cet exemple. Après, c’est là où je reviens un peu sur mon constat du début parce que oui, au cas où vous l’auriez oublié, Monsieur est batteur. Donc comme par hasard, cet instrument est bien présent dans le mix (tout en évitant, Satan soit loué, les triggers à outrance) et oui, si le tout se voulait être une démonstration de force, c’est réussi à 400%. Après, je laisserais à mes amis apprentis batteurs le plaisir d’apprécier parmi les quatre bonus tracks cette version du morceau « Epitaph » avec le click et la batterie bien en évidence… Cela dit, sachez que dans sa grande mansuétude, Monsieur Kollias offre l’album de base (sans les bonus) en téléchargement libre sur son site internet donc rien que pour cela, et vu le résultat des plus honnêtes à défaut d’être révolutionnaire, ‘Invictus’ mérite quand même un coup de chapeau.




Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 14/20 | Nb de lectures : 9383