Le 27 décembre 2013, VOMITORY clôturait sa carrière artistique et scénique à domicile dans son fief de Karlstad avec un ultime « Blood Rapture » destructeur et qui mettait fin à pratiquement un quart de siècle d’activité pour le quatuor suédois. Car après huit albums les compères décidaient de raccrocher plutôt que de continuer inutilement, ce qui était une décision louable car même si « Carnage Euphoria » et « Opus Mortis VIII » étaient de bons disques, ils n’avaient ni l’inspiration ni la hargne de ces prédécesseurs, et donnaient surtout l’impression d’un combo qui finissait par se répéter à cause de l’usure du temps. Finalement à peine plus d’un an après le batteur Tobias Gustafsson et le growler Erik Rundqvist annonçaient leur retour sous un nouveau nom et avec une nouvelle paire de guitaristes (ce dernier point avait été bénéfique pour DEICIDE tant la formation de Glen Benton avait retrouvé ses sensations grâce au binôme Jack Owen et Ralph Santolla), et pour l’occasion les deux scandinaves se sont entourés d’Anders Bertilsson (ex-COLDWORKER) qui s’occupe aussi des solos, ainsi que d'Andreas Björnson de FETUS STENCH (qui amène aussi sa voix sur certains passages, ce qui apporte un vrai plus à l'ensemble car elle se conjugue très bien avec celle du growler principal).

Cependant après la diffusion du classique mais néanmoins excellent « Burial Time » on pouvait légitimement se demander si le nouveau quatuor n’allait pas être un copier-coller de la formation initiale tant ce premier single reprenait ses bases classiques, et même chose pour le second extrait « A Butchery Improved » qui conjuguait à merveille les parties rapides et celles en blast. Mais heureusement le combo a su varier les rythmes et aérer l’ensemble grâce à un mélange savamment dosé entre brutalité et passages écrasants. Sur ces points l’apport des petits nouveaux est incontestable, d’ailleurs le disque leur laisse une grande part d'écriture pour les parties musicales et cela s’entend allègrement, car sans dénaturer le son et la puissance ravageuse qui avait fait à l'époque la force de VOMITORY ces derniers amènent des parties plus lourdes et des solos efficaces, inspirés et affirmés. Si les morceaux rapides et relativement courts sont majoritaires (à l'image de « Enter Hell » qui massacre tout d’entrée, du remuant et groovy « Forensic Nightmare » au charme indéniable, ou bien sur les ravageurs « Camouflesh », « Stab and Stab Again » et « Bunker Z 16 » qui font remuer intensément la nuque) on trouve aussi des ambiances beaucoup plus lourdes et tout aussi accrocheuses comme « Remember The Flesh » qui conjugue avec beaucoup de grâce mid-tempo et accélérations, le pépère « Brain Cell Holocaust » (où l’on note l'absence de parties rapides et de blasts) qui écrase tout sur son passage avec sa vitesse très lente et la lourdeur d'un vieux Kamaz de l'ère soviétique, le tout conjugué à un solo excellent et légèrement mélodique qui colle parfaitement à l’esprit général de ce titre. A côté de cela il y a le heavy « Order of the Chainsaw » où le tapis de double se marie aux poussées d’adrénaline voulues par les mecs, le tout se termine par « Dead and Impaled » qui avec ces 5,20 minutes est la compo la plus longue de cet opus et qui mixe avec brio toutes les variétés entendues précédemment.

Du coup on a droit à un disque très homogène qui passe comme une lettre à la poste et qui devient meilleur au fil des écoutes, car les onze titres (dont la durée est très variable) vont soit à l’essentiel ou se laissent le temps de la construction et de son développement sans jamais avoir de longueurs inutiles qui feraient baisser l’attention. Dans les deux cas ces points sont réussis et en plus le tout est mis en valeur par une production excellente à la fois très équilibrée et naturelle qui donne encore plus de cachet à cette réussite globale, même si les mauvaises langues pourront dire que la pochette est immonde (et digne des ribambelles d’horreur visuelles et musicales proposées par les cohortes de formation de slam/death sans talent), que le jeu de son batteur n’a pas évolué avec les années (même s’il reste toujours d’une précision implacable) et que ça ressemble parfois trop à « Terrorize Brutalize Sodomize ». Malgré cela tout est tellement bien joué, avec puissance et intelligence, et surtout sans fioritures ni chichis qu’on ne peut que se féliciter de cette galette excellente qui va tourner un bon moment dans les platines, du coup on peut dire sans se tromper que : « VOMITORY est mort, longue vie à CUT UP ! »




Rédigé par : GabinEastwood | 15,5/20 | Nb de lectures : 9154