Celtachor n’est pas un inconnu de la scène folk. Mais à la différence de ses compatriotes de Cruachan (dont ils partagent étrangement un logo fort proche) ou de Mael Mordha, Celtachor n’a jamais, à mon sens, franchit le palier de la deuxième division. La faute à un premier album assez terne. Nuada of the silver arm est ainsi leur second album longue durée. Et à vrai dire, la progression est quand même importante même si tous les défauts n’ont pas été gommés, loin s’en faut.

"Arrival of the Tuatha" ouvre le disque sur des sortes de frappes tribales lointaines avant que les guitares n’entrent en scène. Le son est bon, puissant, très conforme à ce qui se fait de mieux dans cette scène. Les premiers leads entêtants déboulent également pour enrichir la structure. Le tempo est soutenu, plus proche dans l’esprit du black que du folk classique. Les bases sont posées ; l’album débute sous de bons auspices, qui ne se démentiront pas. Primordial n’est pas très loin dans l’utilisation de certains chœurs. Ce titre est solidement bâti, qui privilégie – et c’est à noter – une voix death profonde qui apporte un aspect plutôt sombre à la musique. Les morceaux suivants seront bâtis sur le même moule. Le black comme le death ne sont pas uniquement des prétextes ; ils constituent l’architecture des titres que le folk agrémente. La perspective est donc plutôt inversée par rapport à des groupes comme Cruachan par exemple. Le heavy n’est pas non plus absent, certains leads puisant dans ses ressorts pour aérer les morceaux (le pont aux 3’30 sur "King Eochaid’s Fall" par exemple).

Le son organique est pertinent ; il confère une certaine lourdeur aux titres ("The Mighty Sreng") et les enveloppe d’une aura assez death metal dans l’ensemble ("The Mighty Sreng", "King Eochaid’s Fall", "Nuada of the Silver Arm"). L’impression est renforcée par l’utilisation finalement assez timide des instruments purement folkloriques ("The Mighty Sreng", vers les 2’19, instruments fondus dans la masse, discrets ; la petite intro sur "Bres" ; le pont sur le titre éponyme vers les 2’40 ; l’espère de cornemuse sur "The Gathering at Teamhair").

Le principal regret que l’on pourrait émettre tient dans la sensation d’entendre assez rapidement la même chose. De manquer en quelque sorte d’une aspérité à laquelle s’accrocher pour en retenir telle ou telle chose. L’ensemble de l’album est finalement assez linéaire voire relativement monolithique. La base death metal n’est pas suffisamment originale, à mon sens, pour emporter l’adhésion alors que l’insertion des éléments folk reste bien trop discrète. Dommage. Car des efforts de construction existent : de jolies mélodies (sur "Bres", qui animent le morceau ; "Second Battle of Magh Tuireadh"), quelques leads heavy qui enjolivent le titre (sur "Arrival of the Tuatha") ou encore un effort sur la guitare sèche ("Bres" encore). Mais le tout demeure finalement timide. Les idées ne sont pas exploitées jusqu’au bout. Parfois également, c’est l’inspiration qui flanche, comme sur le titre éponyme qui tourne vite en rond, comme les titres suivants alors que l’on est à peine à la moitié de l’album ("Second Battle of Magh Tuireadh", plus épique que les autres mais pas non plus transcendant)...

Celtachor n’est pas un mauvais élève. Il lui manque néanmoins ce petit quelque chose qui lui permettrait de passer le cap. En creusant sa base death, en accentuant ses insertions folk et en travaillant davantage son propre son, les choses pourraient utilement évoluer. En ramassant également la durée de ses titres ou en réduisant leur nombre.




Rédigé par : Raziel | 13/20 | Nb de lectures : 8883