DER WEG EINER FREIHEIT - Stellar (Season of Mist) - 28/07/2015 @ 07h49
Ach, j'aurais tant voulu vous parler des textes du nouvel album des teutons de DER WEG EINER FREIHEIT. En long, en large et en travers. Mais j'ai du me rendre à l'évidence : les quelques restes de la langue de Goethe enfouis au plus profond de mon cortex vieillissant ont dépassé leur date limite de conservation depuis bien longtemps.

J'ai donc attaqué la bête sur un flanc qui m'est bien plus familier : sa musique. Et là, aucun doute n'est permis, DER WEG EINER FREIHEIT est l’exemple même du bon élève, studieux et appliqué, qui progresse lentement et sûrement, de ceux qui peaufinent dans l'ombre leur style au fil des albums. Prenez à ce titre leur première galette autoproduite, sortie en 2009 : plus de 40 minutes potards dans le rouge d'un black/death furibard balançant du tremolo par paquet de dix, une urgence glaciale et organique qui renvoie fissa l'auditeur presque vingt ans en arrière, à l'âge d'or du grand DISSECTION, de son disciple SACRAMENTUM et de l'étendard black/death nordique fièrement porté par le label No Fashion. Les ambiances y sont guerrières et viriles, la panzer-section rythmique se révéle indomptable, un mascaret de riffs épiques broie et concasse les esgourdes avec une fougue toute teutonne. Prost.

2012. Deux EPS plus tard et une réédition par Viva Hate de la galette précitée à l'aide d'un batteur de chair et d'os, DER WEG EINER FREIHEIT retrousse les manches de sa chemise (bûcheron) et met les pieds dans le plat avec un second effort ambitieux et éclairé : "Unstille". Celui-ci montre un groupe plus réfléchi, capable de dépasser le simple exercice de style pour s'approprier des tempos plus variés et proposer des ambiances plus travaillées. Un groupe qui excelle toujours dans ce qui fait sa marque de fabrique : les émotions à fleur de peau, cette force brute et nostalgique qui terrasse autant qu'elle subjugue. Et rien que pour que son énormissime "Zeichen" d'ouverture, véritable monstre de plus de douze minutes qui consume tout sur son passage dans une ambiance de fin du monde, l'album s'offre sans peine une place de choix au sein de la scène allemande.

Presque trois ans se sont écoulés et revoilà DER WEG EINER FREIHEIT, toujours empaqueté dans son format six titres, qui fait son grand retour avec un "Stellar" tout en nuances. J'en veux pour preuve ce premier morceau surprenant, le mal nommé "Repulsion". Plusieurs minutes introspectives où se disputent riffs éthérés et tempos de velours appuyés par un chant clair convaincant assuré par le leader Nikita Kamprad, qui reprend le poste du partant Tobias Jaschinsky. Puis sans crier garde, voilà que ses compères font monter la pression pour se lâcher ensuite sur un riff taille XXL plus traditionnel. Une introduction de toute beauté qui laisse place à une deuxième partie plus classique où le groupe se déchaîne joyeusement. S'ensuit son jumeau "Requiem" qui emprunte les mêmes chemins rythmiques au delà des huit minutes et impose un black racé et mélodique, proprement étourdissant. A peine le temps de souffler que le scandinave et donc épique "Einkehr" prend le relais, lardé de guitares acérées et de tempos bouillonnants, toujours habité par ce sens de la mélodie pointu. Somptueux. On en viendrait presque à rêvasser, là, béatement, à savourer ces envolées épiques, ces embardées mélancoliques de toute beauté. Sauf que le groupe a plus d'un tour dans son sac de jute et boum : "Verbund". Ouille. Direct, frontal, hypnotique, ce défibrillateur de trois minutes trente frappe en pleine poitrine ! Interlude idéal à mi-parcours, il fait place nette autour de lui avant de coucher définitivement l'auditeur avec le double uppercut final qui reste, à mon sens, LE grand moment de ce "Stellar".

"Eiswanderer", tout d'abord, qui annonce la couleur dès la première seconde : fast and furious. Double pédale et mélodies tranchantes, voilà le black/death dans ce qu'il a de plus furieux et rageur : quatre premières minutes bandantes qui s'effacent ensuite sur une plage atmosphérique et inquiétante. Puis la machine repart, cruelle mais majestueuse. Bordel, je dois me rendre à l'évidence, il y a l'étincelle de génie d'un "Slaughtersun" là-dedans. Ce sens de la mélodie ultime et imparable, oui, ce groupe a tout d'un DAWN. Tout comme ce "Letzte sonne", grande finale frissonnant où le blast et la double (encore) se disputent la violence d'une section rythmique aux abois. Une avalanche de douze minutes développant des textures riches et variées qui alternent avec des passages plus posés, les uns s'imbriquant aux autres de manière homogène, presque naturelle. Puis, c'est à nouveau un plan atmosphérique bien troussé qui calme le jeu...avant de se muer en mid-tempo majestueux. Le coup de grâce est porté : DER WEG EINER FREIHEIT est une fois de plus vainqueur par K.O.

A l'image de cette pochette qui jongle avec le clair et l'obscur, le groupe se révèle toujours aussi jouissif dans les moments fougueux, appuyé par un Tobias Schuler exemplaire de précision, que dans les parties plus nuancées où la section rythmique se joue des codes avec un certain doigté. L'affaire est entendue : avec "Stellar", le quatuor monte encore d'un cran dans la hiérarchie métallique. Il se bonifie comme un grand cru au fil des années, aidé dans sa quête par une production dense, organique, qui tutoie la perfection et souligne l'excellence de son propos.

Wunderbar.




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Rédigé par : TarGhost | 16,5/20 | Nb de lectures : 10107




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Commentaire
raziel
Membre enregistré
Posté le: 28/07/2015 à 09h24 - (117343)
Ce groupe est juste une tuerie absolue. Et si la magie du début s'est un peu dissipée, cela reste du hautement qualitatif.

Et du sans-faute sur toute la discographie.



damikachu
Membre enregistré
Posté le: 28/07/2015 à 09h35 - (117344)

Groupe découvert (grâce à VS) sur le précédent opus, cet album déroute au début par son aspect moins frontal.

Après quelques écoutes, c'est une merveille. Quelle maitrise des ambiances, quelle beauté dans l'atmo, quelle énergie dans le black !





Nekromantik
Membre enregistré
Posté le: 28/07/2015 à 12h05 - (117347)
C'est marrant en l'écoutant j'ai de suite pensé à Dawn periode Slaughtersun et Dissection ! Je ne suis pas spécialement fan de black atmo mais cet album passe tout seul !



Deckard
IP:197.2.250.234
Invité
Posté le: 28/07/2015 à 18h41 - (117352)
Découvert aussi avec le précédent (J’arrive toujours pas à mettre la main sur le 1er d'ailleurs) que j'avais vraiment apprécié.
J'en suis à 2 écoutes et j'ai l'impression que le groupe est encore monté d'un cran, ça sent le petit bijou, à voir avec le temps.
L'édition limité contient 2 bonus dont une instru sympa, par contre cette nouvelle manie de faire une édition simple rachitique et une version digi uniquement dans le coffret megacollector avec drapeau, string, roue de tracteur dans une box géante en poils de couilles de gnou (enfin bouc, beumeu oblige) pour la modique somme de 25€ plus un rein me gave sévère.

Yyrkoune
IP:80.215.225.251
Invité
Posté le: 31/07/2015 à 22h04 - (117372)
Celui la je l attendais. Enome album et tres jolie chronique. Juste du bonheur.

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