Troisième effort pour Druzhina, groupe international composé de musiciens suisses et danois mais dont l’ambiance, le nom du groupe et l’esprit sont profondément ancrés dans la Mère patrie Russe. Third Henosis reprend là où Kosmonoetika s’était arrêté, aux portes d’un BM folkisant de caractère, solidement construit et très inspiré.

La force de Druzhina tient pour l’essentiel dans les magnifiques ambiances développées, que l’on ressent dès l’entame avec "The messenger" où l’emphase propre à la scène slave transpire par tous les pores du morceau. Drudkh n’est pas loin, les immenses champs de blé non plus. La dynamique est élevée, qui renforce l’aspect épique du titre comme des suivants ("Breath of Kronborg"). La nostalgie également, qui imprègne l’album de bout en bout et qui se traduit, qui par des leads aériens et lumineux ("The messenger", "Breath of Kronborg"), qui par un piano ou un clavier gonflé de mélancolie (l’instru superbe qu’est "Ascension I Timeless Monument").

Les structures sont très fluides, qui permettent aux titres de développer leurs ambiances sans heurts, de façon parfaitement naturelle. Car on ne s’interroge jamais sur la place de tel ou tel instrument ou de tel ou tel phrasé, ce qui est également, à mon sens, la démonstration d’un vrai talent de composition. Le BM ne sert pas de prétexte ici ; il soutient l’architecture des titres (par exemple sur "Eclipse of Mankind" ou sur "Rid the shackles of reality", où les attaques sont frontales) là où le folk les enrichit uniquement de touches discrètes. Drudkh encore, Temnozor et Radigost par instants, sont appelés en la cause, bien davantage que Cruachan et consorts. Et c’est aussi ce qui fait la force de ce combo, le respect de cet équilibre entre BM racé et appel aux Anciens dosé ("Breath of Kronborg"). Et l’emphase, encore et toujours, qui illumine des titres ("Breath of Kronborg", "Three Headed Lion") qui regorgent de petites trouvailles (les boucles orientalisantes discrètes du meilleur effet sur "Eclipse of Mankind") ou de petits arrangements qui vont bien (comme le solo ultra heavy vers les 3’40 sur "Breath of Kronborg", qui sert de pont et de tremplin au morceau, la fin de "Three Headed Lion" ou encore le même solo heavy sur "Eclipse of Mankind"). Seule la batterie, qui sonne un peu « caoutchouc », pourrait faire l’objet d’un semblant de critique (sur "Three Headed Lion" par exemple).

Il faut être honnête : on ne voit absolument pas passer les 50 minutes de cet album, riche comme un croissant au beurre ou une tartiflette, bourré ras la gueule d’informations ou d’arrangements – même simples – qui enjolivent les titres sans jamais paraître surabondants et baigné d’une atmosphère slave en tous points remarquables. L’équilibre atteint entre BM racé, porté aussi bien sur l’emphase et la mélancolie que sur l’attaque franche, est tout à fait remarquable également. Le travail de composition est évident, il éclabousse l’auditeur. Il n’y a pas un morceau à jeter, pas un véritablement plus faible que les autres (à l’exception peut-être de "Ascension II") alors que le groupe s’offre au demeurant le luxe de terminer sur un titre instrumental sublime de près de 14 minutes qui mêle avec une très grande habileté ambiances orientales, mysticisme tibétain, leads aériens et BM païen… ("Psalm of the Void").

Jetez-vous sur cet album, qui ne fait l’objet d’aucune publicité nulle part, d’aucun écho et dont les membres, avec beaucoup de modestie, proposent simplement aux chroniqueurs désireux d’entendre leur musique de leur procurer leur album… Une démarche rare pour un groupe qui mérite votre plein soutien. Un petit bijou précurseur de l’automne à venir.




Rédigé par : Raziel | 17/20 | Nb de lectures : 9430