Actif depuis 1992, MOONSPELL est vraiment un groupe à part, qui a su (et sait toujours) allier des fans d’horizons divers…

Il y a les vrais fans, ceux des débuts, qui ne jurent que par la démo ‘Anno Satanæ’ et par ‘Wolfheart’, le premier opus du groupe.
Il y a les fans de la période ‘expérimentale’, entre ‘Sin / Pecado’ et ‘The Butterfly Effect’.
Il y a les fans de la période Dark Metal, qui se retrouvent avant tout dans ‘Darkness and Hope’ ou ‘The Antidote’.
Et il y a les fans, comme moi, de leurs dernières productions ; un peu Dark, un peu Metal, un peu symphonique, et totalement talentueux.

Mais, au final, quand on parle de MOONSPELL, il y a avant tout un profond respect pour ce groupe créatif et attractif. Avec bien souvent des fans du groupe en général, qui adhèrent plus ou moins à la majorité des périodes du groupe. C’est ça, aussi, le talent : réussir à fédérer et conserver ses fans, tout en faisant évoluer son style.

MOONSPELL n’a jamais trahi ses idéaux, et a toujours privilégié la liberté artistique à la facilité, se renouvelant autant que souhaité. C’est encore le cas ici.
Si les lusitaniens en ont terminé avec leur facette expérimentale, ils restent plus que jamais ancrés dans leur côté ‘Gothic Metal’ – Gothic grand public, bien sur, on est très loin de la cold-wave ou de Sisters Of Mercy… 

C’est peu dire que "Extinct" est accrocheur : 7 titres sur 10 pourraient sans soucis sortir en single, tant ils sont efficaces et percutants. Mais attention, quand je parle de single, même en composant avec l’assagissement musical (relatif), je ne fais pas référence à des hits simplets et sans reliefs, mais bien à des morceaux travaillés et variés, à l’atmosphère particulière, et aux riffs et refrains imparables, à l’image de ‘Breathe’ ou ‘Funeral Bloom’.

C’est là tout le talent de MOONSPELL, tel que le groupe l’affine depuis plusieurs années : être capable de véhiculer son identité et son âme, au travers de morceaux à la fois complexes et travaillés, mais au dynamisme et à l’efficacité immédiats.

La production, aux petits oignons, signée du Fascination Street, est parfaitement équilibrée bien qu’un peu neutre, et met en valeur l’apparition de quelques orchestrations et arrangements ; rien d’extravaguant, les lusitaniens ne se sont pas transformés en Septic Flesh. Mais quelques mélodies jouées au violon, ou au qanun (interprétées par l’orchestre turco-israélien Mumin Sesler), viennent agrémenter et appuyer les ambiances et nappes de claviers sur certains morceaux, à l’image des superbes ‘Breathe’ et ‘Medusalem’. 

Une bonne idée, tout en douceur, qui renforce les mélodies tout en s’unissant superbement avec la lourdeur des guitares.
Le côté Dark Metal ne s’est pas effacé, et Fernando continue de ponctuer certains titres de ses growls caverneux et ténébreux ; le tout équilibré par son chant grave et envoûtant, marque de fabrique du groupe.

Mais c’est clair que le groupe a fait un choix artistique, en privilégiant des morceaux plus facile d’accès que par le passé, et avec bien plus de passages chantés qu’hurlés.
Est-ce un mal ou un bien ? Je ne saurai le dire. 
Seule certitude, le résultat est vraiment super efficace, et la plupart des morceaux ont cette capacité à rester en tête toute la journée… 

Car, c’est bien cet aspect qui prédomine au final, et qui porte "Extinct" : dans la lignée de ‘Night Eternal’ ou ‘Alpha Noir’, en moins hargneux, ce 10ème album est avant tout marqué par une facette plus apaisée, presque ésotérique. Et fait ainsi la part belle aux ambiances et aux leads mélodieux et imparables.
Même si des brides d’euphories ou d’espoir apparaissent par moments, ce sont bien les ambiances désabusées ou mélancoliques qui guident "Extinct". Pour un résultat poignant et captivant.

Ce côté sombre et attirant, cette facette Dark, est omniprésente sur ce nouvel album, et le groupe a réussi à transposer tous ses sentiments en musique, rendant son opus vraiment expressif, que ça soit via le chant, les riffs, ou bien entendu les pertinents apports orchestraux.
Dans la continuité de son double album "Alpha Noir / Omega White", MOONSPELL poursuit donc son cheminement dans son Dark Metal efficace, mélodieux et intéressant. Mielleux, dirons certains. Laissons-les dans leur coin, ces tristes clowns désabusés, et profitons, simplement, de cet excellent nouvel album.

Car, derrière ce côté facile d’accès, "Extinct" regorge de détails et de variations que les fans apprécieront. Le groupe démontre une intelligence de composition, via des mélodies irrésistibles et des refrains aisément mémorables qui restent en tête, tout en réussissant le tour de force à produire un album franchement anti-commercial – sous-entendu qui ne s’écoute pas à la va-vite sur un ipod, mais qui nécessite attention et implication.

MOONSPELL maîtrise à la perfection les dualités de sentiments, et sublime l’art d’évoluer à la frontière de l’espoir et du désespoir, sur un fil tranchant d’un rasoir capable de fendre la tristesse comme le bonheur. 

"Extinct" est le reflet d’un groupe qui a toujours privilégié la liberté artistique, et qui a choisi ici un mode d’expression plus accessible, mais non dénué d’imagination et de talent, et sans laisser de côté son perfectionnisme et ses idées. Une réussite, que je vous recommande…




Rédigé par : ..::Ju::.. | 15/20 | Nb de lectures : 11252