Weedeater a toujours été un groupe à part. Représentant d’un stoner sludge metal bien poisseux de Caroline du Nord, le groupe a toujours misé sur la simplicité. La simplicité des riffs au service d’une musique bas du front mais toujours jouissive. Des accords majeurs formant des morceaux ne dépassant que très rarement les quatre minutes pour 9 à 10 exemplaires par albums. Steve Albini à la production, une pochette assurée par le grand dessinateur Arik Roper et l’herbe au centre des paroles. Toujours la même recette et ce depuis le célébrissime et bien nommé God Luck and Good Speed.

Qu’a donc décidé le groupe pour son nouvel album quatre ans après l’excellent Jason… The Dragon ? Et bien de refaire la même chose mais cette fois avec un nouveau batteur du nom de Travis Owen. Totalement impressionnant sur scène, il faut le voir jouer du Hi-Hat avec ses pieds, cracher de l’eau sur sa caisse claire pour la faire jaillir au moindre coup ou encore nous faire un numéro de cirque avec ses baguettes, il respecte à la lettre les rythmiques si caractéristiques du groupe. Mais la question que l’on est surtout en droit de se poser consiste à savoir ce qu’à Weedeater à apporter en 2015 après un si long silence et surtout depuis l’évolution d’une scène qui n’a pas attendu qu’il se réveille ? Il est évident, aussi bien après une ou des dizaines d’écoutes de l’album, que le groupe ne s’est clairement pas posé de questions en ces termes et à continué son petit bout de chemin sans se soucier du reste.

On retrouve toujours la même basse grasse et volumineuse de Dixie, son chant d’ours mal léché vociféré sans le moindre effort de respect des tonalités et la guitare au son on ne peut plus monocorde de Shep. Il est sûr qu’avec une description aussi peu encourageante, le chaland risque de passer son chemin. C’est justement là toute la force de Weedeater. Faire de l’ignominie une délectation. Réussir à faire passer le riff le plus basique interprété avec le son le plus repoussant en diamant brut prêt à être découpé subtilement par nos oreilles expertes. Le groupe se sublimait par le passé dans cet exercice avec des titres comme "Mancoon", "God Luck And Good Speed", "Wizard Fight" et y parvient correctement depuis son retour avec "Goliathan", "Bow Down" ou encore "Claw of the Sloth"… Et c’est justement là que le bât blesse. Seulement correctement, ce « qui est bien mais pas top ». Oui son stoner est toujours aussi efficace, oui ça passera sans problème le cap du live mais le côté catchy n’est plus aussi mordant. Il manque le petit plus qui aurait fait passer ce nouvel album attendu comme le messie de belle réussite à la case achat impératif dans l’édition vinyle colorée de la mort qui tue.

Petite nouveauté à mettre en avant, le morceau "Bully" que l’on pourrait qualifier de punk sludge et qui démontre que le groupe a d’autres ressources que son stoner sludge de marécages. N’en témoignent également les autres morceaux de transition lo-fi faits de banjo ou de synthétiseur et agrémentés de bruit de bouteilles, verres ou autres glaçons. On vous conseille d’ailleurs d’en écouter les paroles, vous comprendrez alors l’étendue de l’humour basico-basique du groupe, un vrai moment de détente bien plus agréable qu’il n’y paraît au premier abord. « I really hate yourself… »




Rédigé par : Madrigal | 15/20 | Nb de lectures : 9996