SORCERER, voila un groupe à la carrière agitée. Formé en 1988 par Johnny Hagel, Tommy Karlsson et Peter Furulid. Le groupe se met en pause en 1992 après le départ de Johnny Hagel dans Tiamat. En 1995, John Perez de SOLITUDE AETURNUS réédite les deux démos du groupe via son label Brainticket Records. Ce n’est que quinze ans plus tard que SORCERER se reforme, ne gardant que Johnny Hagel, basse (ex-TIAMAT, ORDER OF ISAZ) et Anders Engbert, chant (220 VOLT, live pour THERION) du line-up d’origine, rejoint par Robert Iversen à la batterie, Kristian Niemann (DEMONOID, ex-THERION) et Peter Hallgren (live pour 220 VOLT) aux guitares. Signé sur Metal Blade, In the Shadow of the Inverted Cross est composé uniquement de nouveau matériel.

Les démos sonnaient foutrement comme CANDLEMASS ou SOLITUDE AETURNUS, de manière très scolaire mais bien foutu. Plus de 20 ans plus tard, SORCERER a gardé ses racines. L’album commence par le tubesque "Dark Tower of the Sorcerer", taillé pour le live et être repris en chœur par le public, mais un peu irritant au fur et à mesure des écoutes. Tous les poncifs sont réunis, dont les « ohoho » casse-couilles, les riffs pompés Epicus Doomicus Metallicus et des gimmicks heavy pompeux. Pour se démarquer de leurs modèles, SORCERER a décidé d’intégrer plus d’éléments heavy metal dans leur doom epic. Le problème est qu’ils sont suédois, et qu’ils ont pioché dans le heavy suédois pour atteindre leur objectif. Le plus probant exemple est le titre "Exorcise the Demon", qui ressemble à un mauvais titre de HAMMERFALL, avec le refrain chanté clair cliché, un chœur lyrique, des riffs sentant la naphtaline, un solo qui termine le morceau en fade-out dans le pur style « les mecs, j’sais pas comment finir le titre » « t’inquiète, on baisse le son progressivement, ils y verront que du feu ».

Le titre "Lake of the Lost Souls" est beaucoup plus mélancolique, rappelant le SOLITUDE AETURNUS moderne. Un bon titre doom épique qui relève un peu le niveau de l’album. Tout comme le DIO-esque "Sumerian Crypt", transpirant d’émotions par tous les pores. Avec "In the Shadow of the Inverted Cross", SORCERER joue un titre que n’aurait pas renié Leif Edling tant il sonne le CANDLEMASS période Robert Lowe. "Prayers for the King" s’en sort aussi avec les honneurs, proposant un doom bien lord et pesant, aux riffs efficaces. Ici le chanteur n’en fait pas des caisses, et se retient pour laisser la place aux riffs.

Globalement, ce qui pèche sur ce nouvel album, c’est surtout le chant d’Anders Engbert, qui en fait des caisses tout le temps. En essayant de singer d’autres figures talentueuses du genre, il se plante en beauté et fait de la caricature. Car les compos, mis à part ces gimmicks heavy metal suédois affreux, s’en sortent honorablement. Le doom épique est un genre exigeant, où le bon côtoie de très près le mauvais. La frontière est ténue, certains arrivent à s’imposer en proposant une musique personnelle mais respectant les codes (PROCESSION par exemple). D’autres ne font que copier les codes, en allant piocher ailleurs, et ainsi se vautrent, comme SORCERER. Mettre des plans heavy metal n’était pas une mauvaise idée de départ, mais qui tombe à plat. Une bien belle déception.




Rédigé par : Skay | 09/20 | Nb de lectures : 9643