Lost Pilgrims, label montpelliérain, commence à se faire une petite réputation dans le monde de la musique boueuse, lourde, amplifiée et sale. Doom, sludge, stoner, post hardcore, tout fait farine au moulin des pèlerins perdus, du moment que la lourdeur est présente. Et chez BOAR elle figure en bonne place dans un cahier des charges à l’intérieur duquel on trouve aussi, de la mélodie, une bonne dose de nostalgie et de distorsion en tout genre. Une bonne tambouille qui devrait ravir les déçus du dernier Electric Wizard. Oui, il y’en a. Et plus qu’on le ne croit.

Il suffit de jeter un œil sur la pochette, très réussie d’ailleurs, de « Veneficae » pour saisir tout l’amour que portent les finlandais aux seventies, à la musique ésotérique, maléfique, lourde et embrumée de l’époque. Certains riffs sont grandement sous influence de Tommy Iommi et rendent hommage au groove inimitable du bonhomme. Impossible de ne pas remuer la nuque sur « Witch Woman » par exemple qui doit autant à l’homme à la phalange manquante qu’aux anglois déjà cités d’Electric Wizard. Black Sabbath, Electric Wizard. Les deux grandes influences de BOAR qui de toute manière ne tente même pas de s’en cacher. Mais, après tout mieux vaut s’inspirer de ces deux là que d’Emmure et Deez Nuts.

« Veneficae » oscille entre une tendance dure et une tendance plus rondelette au niveau des titres. Si « Witch Woman » fait partie de la tendance grasse et rondouillarde qui affiche le riff démoniaque du doom seventies comme étendard, des titres comme « Old Way » ou « Sand » bandent les muscles et sortent la distorsion et des influences crust pour varier les plaisirs et démontrer tout ce qu’ils ont dans le ventre. Oui, ils savent faire autre chose que de la musique pour fumeurs de joints chevelus. Crust ok, mais chassez le naturel, il revient au galop, le doom et le sludge ne sont jamais loin et ne tardent pas à reprendre leurs droits en fin de morceaux. Le mix des deux est efficace et les tendances se marient parfaitement pour apporter ce petit plus à la musique de BOAR qui, sans être hyper originale ou novatrice, possède ce petit truc en plus qui fait qu’on y revient toujours. La force des riffs évidemment, entêtants, groovy et catchy, véritable appel au headbang. En particulier « Witch Woman » et « Trees » qui s’imposent comme les deux « tubes » de ce disque de doom/sludge en tous points réussi.

Si BOAR paye son tribut au années 70, le son n’en est pas vieillot et faiblard pour autant. En termes de sonorités et de productions, les finlandais font le choix payant du respect de la tradition et de la modernité. Le tout grésille et ronronne comme il y a 40 ans mais affiche simultanément une puissance de feu toute moderne. Un son comme on peut en trouver chez les jeunes zazous du postcore/sludge/blackenedcore et compagnie. Chaotique, bien riche et plein de larsens, grésillements et autres borborygmes sonores qui apportent de la matière à la musique. Un bon choix qui entérine la bonne impression laissée par ce « Veneficae » qui marque des points à tous les niveaux. Production, compositions, esthétique, tout fonctionne, sans rien révolutionner pour autant, mais le travail est parfaitement exécuté, dans le respect d’une certaine tradition revisitée et remise au gout du jour par une bande finlandaise qui a bien compris le style. Un album plaisir qui fait énormément de bien par où il passe. Doom, sludge, post hardcore avec une légère nuance de rock’n’roll au détour d’un solo ou de space rock par certaines atmosphères. Une belle réussite.




Rédigé par : Seb On Fire | 15/20 | Nb de lectures : 9353