VOID PARADIGM - Earth's Disease (Apathia) - 13/05/2015 @ 07h01
3 ans après la première séance d’hypnose musicale qu’avait été leur premier album éponyme, VOID PARADIGM remet le couvert histoire de nous montrer qu’il n’est pas qu’un « all-star band » destiné à sortir des albums très sporadiquement. L’équipe ne change pas - Jo d’ATARAXIE et FUNERALIUM (et ex-HYADNINGAR), Julien de ATARAXIE et SORDIDE (et ex-HYADNINGAR, aussi), Alexis de PIN-UP WENT DOWN et ex-WORMFOOD - pour une musique toujours précisément étiquetée « Hypnotic Dodecatonic Black Metal », alors que leurs membres viennent d’horizons divers. VOID PARADIGM s’était dès le début posé comme un réservoir d’expérimentations pour les trois rouennais, et Earth’s Disease va enfoncer le clou, c’est le moins qu’on puisse dire d’ailleurs. Parti d’un Black-Metal avant-gardiste parfois chaotique mais résolument hypnotique, le trio élargit son champ d’application, quitte à s’éloigner du Black-Metal dont le rattachement risque de se justifier de moins en moins. Apathia Records situe les influences de VOID PARADIGM chez DEATHSPELL OMEGA, VED BUENS ENDE et IHSAHN, mais ce ne sont que des bases pour aborder le second album du groupe, pas facile d’accès, mais non dénué d’intérêt, dans un registre riche et mystérieux.

Choix de production, chant, style et grain de riffing, celui qui aura bien digéré Void Paradigm sera en terrain connu dès les premières mesures de Earth’s Disease. Mais on risquera quand même d’être bien vite décontenancé face à l’approche légèrement différente qu’a choisi VOID PARADIGM pour son second opus. L’agressivité et les compos lancinantes à souhait laissent plus de place à quelque chose de plus négatif et dépouillé mais surtout plus expérimental. Le Black-Metal n’est donc plus vraiment la principale couche de l’art de VOID PARADIGM, qui se retrouve cependant encore pour les trémolos et arpèges bien noirs et inquiétants. Même l’aspect volontairement hypnotique est un peu mis de côté, les riffs ne tournoient plus autant qu’avant, ce qui se ressent dès décorticage de la tracklist (39 minutes, 5 morceaux, durant entre 6 et 11 minutes). Earth’s Disease n’est pas du genre à s’emballer facilement et laisse alors place à l’introspection, et aussi à la recherche musicale. VOID PARADIGM prend donc une direction plus avant-gardiste mais aussi plus progressive, en cela la démarche me fait penser à celle du groupe américain MURMUR, parti d’un Black-Metal cru mais tordu à une sorte de KING CRIMSON en version noire et extrême. Metal avant-gardiste et progressif déglingué et breaks aux musicalités diverses et variées vont donc faire le sel de Earth’s Disease et du VOID PARADIGM 2.0.

Petite intro noisy pour "Crushing the Human Skull" et les trémolos sont de sortie, dont l’obédience BM avant-gardiste demeure tout de même évidente. La batterie est apocalyptique mais très travaillée, le chant assez prenant, l’hypnose est toujours de mise grâce à de savantes répétitions et de subtils changements de tempo, mais VOID PARADIGM n’insiste pas plus que pour Void Paradigm sur ce point et Earth’s Disease fait vite étalage de ses expérimentations et nouveautés. Ce premier morceau s’offre donc une partie finale assez croustillante, entre passages Rock’n’Roll noir et négatif et légers accès de furie. "Revenge" voit donc le trio continuer à travailler ses velléités avant-gardistes grâce à des arpèges très inquiétants et des riffs étonnamment graisseux, avant que des blasts ne viennent accompagner des dissonances, le tout s’étiolant dans un final dronesque assurant la transition avec le morceau-titre. Un "Earth’s Disease" qui, après un départ très salvateur, finit par montrer le visage le plus dépouillé de VOID PARADIGM à l’aide d’un long « break » très sombre où le groupe utilise avec brio des sonorités plus mélodiques, avant que le morceau ne se finisse dans une longue et très mystique sérénade de cordes. Le trio a trouvé son univers noir, son ambiance inquiétante, et le montre dans la continuité de "Earth’s Disease" avec le début de "Sick Life Fading", qui finit toutefois par retrouver la vibe BM avant-gardiste tout en tendant vers des plans plus progressifs et déglingués assez accrocheurs. Mais encore une fois VOID PARADIGM a plus d’un tour dans son sac et nous propose une fin de morceau très pesante, avec des riffs très appuyés et des trémolos lancinants. Le « nouveau » son de VOID PARADIGM va alors se retrouver à son paroxysme pour les 11 minutes du final "From the Earth to the Skies", très progressif avec des sonorités typiques dès le début du morceau, et au final le groupe excelle dans son mélange très personnel de BM avant-gardiste avec force arpèges et riffs Rock’n’Roll crasseux parfois très accrocheurs.

Au final, quand je reprends ma chronique de MURMUR, il faut bien avouer que le sticker utilisé à l’époque par Season of Mist et qui vendait un peu trop de rêve (« pour fans de VIRUS, VED BUENS ENDE, ORANSSI PAZUZU, DØDHEIMSGARD, NACHTMYSTIUM ») s’applique sans mal à ce second album de VOID PARADIGM. Toujours mordant quand il s’offre des furies de trémolos, VOID PARADIGM évolue et de nombreux horizons se découvrent à l’écoute de Earth’s Disease, entre du Metal progressif graisseux et déglingué, quelques fulgurances Rock’n’Roll et divers passages ambiants ou plus dépouillés. Dommage que les parties « Black » soient peu variées dans l’ensemble de l’album, mais pour le reste, VOID PARADIGM offre quelque chose de différent aux auditeurs, qui nécessite un effort d’assimilation surtout si l’on ne s’était pas penché sur Void Paradigm en son temps. Rien de surprenant cependant quand on est habitué à décortiquer toute la scène Metal avant-gardiste, mais le trio ose et réussit, même si la construction de l’album, enchaînant parties tranchantes et passages travaillés, peut paraître simpliste, bien que l’aspect dodécaphonique revendiqué titillera les plus fins musiciens et analystes. Mais, car il y a un mais, je préfère tout de même l’approche du premier album, qui était plus efficace dans l’ensemble, proposait plus de riffs prenants et surtout poussait à fond le côté hypnotique et lancinant. Ici, VOID PARADIGM a choisi la voie de l’expérimentation, au minimum intéressante mais pas forcément aboutie, qui offre une nouvelle vision du Black avant-gardiste sur des bases connues, et qui reste à réserver aux fins connaisseurs de tous ces groupes qui expérimentent avec un brin de classe.



http://voidparadigm.com - 127 visite(s)

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Rédigé par : ZeSnake | 14.5/20 | Nb de lectures : 9465




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Commentaire
Moshimosher
Membre enregistré
Posté le: 13/05/2015 à 08h32 - (116686)
Très bonne musique et très bon son ! :)



Reflebe
Membre enregistré
Posté le: 15/05/2015 à 10h38 - (116697)
Belle découverte! L'usage des cordes sur la fin du 3ème morceau est particulièrement réussi, très bien intégré et pas du tout cliché. Je comprends le parallèle avec Murmur (que j'aime beaucoup également) mais ça reste très différent.

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