Je ne connaissais pas du tout ces zigues. Aldgillisoan est pourtant le second album des hollandais de Baldrs Draumar, qui officient – c’est la saison comme qui dirait (cf Irminsul, Cruachan, Aequinoctium Sanguinis…) – dans un folk metal plutôt énervé mais également bien pourvu en ambiances sombres.

Cette équation quasi magique – violence et atmosphères guerrières – constitue la base même du premier titre, "Iselhiem", mais elle ne dure que le temps de l’intro car passé les 15 secondes, c’est face à un folk mâtiné de gros death que l’on se retrouve nez à nez. Car, à la différence d’autres groupes évoluant dans le style, l’architecture des titres de Baldrs Draumar repose en très grande partie sur des structures proches du death ("In Skym Yn It Tsjuster"), bien plus que sur le folk, même si cet aspect est opportunément distillé par touches habiles au sein même des titres. Le son, organique et très puissant (les grattes sont bien bien lourdes…), participe de cette atmosphère guerrière, qui offre encore un contraste intéressant à tous les instruments.

Le choix de bâtir ses titres sur des bases death, souvent rapides ("Koppen yn’e mist"), est plutôt judicieux ; tout en maintenant l’attention et la tension (eh, eh), cette base offre également un contraste saisissant aux instrumentations folk comme aux envolées heavy ("Wolvetid" aux alentours des 3’40). Le relief ainsi apporté permet de mieux retenir les efforts du groupe, d’analyser presque en temps réel les arrangements dont jouit l’album et offre à l’auditeur des moments de respiration bienvenus.

Car l’autre force de Baldrs Draumar, c’est sa science de la composition. Les morceaux sont souvent riches, solidement construits et l’équilibre entre phrasés épiques et passages lourds destructeurs est parfaitement respecté. D’autant que, globalement, les titres sont plutôt longs. Et les bonnes idées ne manquent pas, comme ce qui semble être un accordéon sur "Fredou" accompagné de guitare sèche qui donne un petit côté dansant mais jamais ridicule et qui permet de basculer vers la seconde partie de l’album en douceur (la voix, en revanche, est plus discutable) ou encore lorsqu’il est fondu dans le morceau (l’accordéon) comme sur "Yn’ E Meahal", sur "Stoarm oer de Streamen" ou sur "Under it Skyld". Il faut souligner que ces trouvailles ne dénaturent pas la musique du groupe, qui conserve, en partie grâce au son et à la lourdeur des grattes, une dose de violence égale ("In Skym Yn It Tsjuster").

Il est encore remarquable de noter que, quel que soit le titre abordé, on ressent presque immanquablement un souffle épique traverser les compos ("Keningsting" ou "By ty en Thuner" par exemple). Ce souffle permet de maintenir l’attention dans un album globalement un peu trop long, ce qui en constitue la seule vraie critique.

Doté d’un artwork efficace, sans prétention, Baldrs Draumar plaira sans nul doute aux amateurs de folk « dur », qui axe davantage son propos sur le death (comme Obscurity par exemple) que sur le folk. Il plaira encore à tous ceux qui apprécient les ambiances guerrières et les atmosphères épiques, travaillées et authentiques. Un produit de qualité, une surprise venue avec le printemps.




Rédigé par : Raziel | 14/20 | Nb de lectures : 9694