J’aime bien le label français Mortis Humanae. Les deux gars qui s’en occupent ont encore le courage, d’une, de sortir de la musique format physique, deux, d’en adresser aux webzines pour chronique au lieu de mp3 merdiques (que je ne chronique pas), trois, de parier sur des groupes de black en devenir et pour la plupart relativement talentueux (Neptrecus, Noctem Cursis ou encore Rotten Liver par exemple).

Doté d’un nom à coucher dehors, Uhriristi est l’un de ses poulains. Venant de Finlande (ce qui est généralement un signe Label rouge pour le black metal), ce groupe propose avec Haudankylmä son second album longue durée. Huit titres pour 38 minutes de musique. Un bon format, qui évite l’ennui et permet de dire suffisamment de (bonnes) choses. Alors, que vaut la bête, une fois le (vilain) artwork passé ? Elle surprend. Agréablement.

L’intro sombre et profonde au piano de "Kaivo", le premier titre, ne tarde pas à déboucher sur un titre rapide et très porté sur les ambiances épiques. La patte finlandaise se reconnaît de suite, dans cette volonté et dans cette recherche de mélodies épiques et échevelées (les riffs vers la 3’20 ; "Routahauta"). Les claviers discrets apportent leur touche subtile à la structure sans freiner la dynamique ni casser la cohérence des titres. Seule la voix, finalement peu intéressante, n’est guère accordée à l’ensemble (très criarde sur "Rukous kuolevan" par exemple, limite agaçante).

Le label y discerne des influences Horna ou Old Man’s Child. J’y vois plutôt l’ombre de leurs compatriotes de Thy Serpent, surtout dans cette recherche, une fois encore, de mélodies racées ou de trouvailles (les cloches sur "Routahauta") qui fleurent bon les espaces infinis et les grands lacs. Car si le blast est présent (le départ de "Haudankylmä" ; "Synnin virsi"), la violence ne couvre pas l’intégralité des propos du groupe. Très vite, les riffs tissent d’autres idées, rejoignent d’autres rythmes et d’autres plans (les accords en « double voix » avec, semble-t-il, le discret piano sur "Haudankylmä" ; "Verjvala").

Les atmosphères nocturnes, sinistres, planent également sur la plupart des titres, y apportant nostalgie et mélancolie (la belle intro de guitare sèche sur "Kaamokseen" par exemple). Ce dernier titre, l’un des meilleurs, débouche d’ailleurs au bout de 1’50, sur des accords de guitares absolument majestueux, très profonds, qui évoquent la Nature tout autant que l’immensité des territoires glacés du Nord. Un titre fort et racé. Planant et puissant. Là encore, la violence est reléguée au second plan au profit d’accords lents, profondément enracinés dans la nostalgie (l’intro de "Tyhjyyteen katoaa" ; "Verjvala").

En dépit de détails perfectibles (la voix…), ce second album d’Uhriristi est de qualité, qui respecte un bel équilibre entre attaques violentes et envolées épiques, sombres et profondes. Les amateurs de black racé, emprunt d’une agréable touche finlandaise, seront bien inspirés d’y jeter une oreille.




Rédigé par : Raziel | 15/20 | Nb de lectures : 9432