L’important ce n’est ni le fond ni la forme. L’important c’est l’évènement. Improbable, impossible, inespéré et inattendu en raison des querelles de personnes, des départs, des décès, du vieillissement des protagonistes, bref de la vie qui va. Voilà ce qui fait l’essentiel de l’intérêt du 15e et ultime album de Pink Floyd.

"The Endless River" ne signe pas la résurrection du plus grand groupe de rock psyché-prog de l’histoire du rock. Il n’est que le testament d’une icône en ayant écrit les plus belles pages et l’hommage à un ami, un frère d’armes mésestimé et trop tôt disparu. Il n’y aura pas de suite, pas de tournée non plus pour en assurer la promo. Gilmour est fatigué des grand-messes d’antan et n’aspire qu’à un repos bien mérité. Et puis, si se passer de Waters n’a pas été si dramatique quoi qu’on en dise, l’absence de Rick Wright est plus difficile à gérer sur le plan affectif. D’autant que les compositions de "The Endless River" sont largement basées sur le travail de ce dernier.

Issu des sessions de "Division Bells" (1994) qui n’a pas laissé que de bons souvenirs, il n’y a aucune espèce de nouveauté, d’innovation à attendre d’un album et d’un groupe qui a déjà tout donné avec "Atom Heart Mother", "Meddle", "The Dark Side Of The Moon" et "Wish You Were Here". (Mes albums préférés). D’autres ajouteront "Animals" et "The Wall" bien sûr.

Soyons honnêtes, il manque le souffle nécessaire pour en faire un grand disque. Certes, on est en terrain de connaissance et tous les éléments qui composent "The Endless River" sont du Pink Floyd pur jus. Mais très loin du meilleur et même du moyen.


Constitué de 4 longues plages elles-mêmes redécoupées en 18 pistes pour la version simple et 22 pour celle avec bonus, l’album tente de renouer avec la période progressive synonyme de succès. Elle n’y parvient que trop rarement : des bruits, des nappes d’orgues, une cascade de notes de guitares, quelques crescendos fébriles trop vite éteints, on a envie de davantage, on attend, on espère l’embrasement magique de la Fender de Gilmour. En vain!

Mais il serait hypocrite et finalement mal venu de reprocher ce retour aux sources même imparfait, même balbutié à ces artistes qui ont tant contribué à la renommée d’un style qu’ils ont tout bonnement initié à l’orée d’une décennie prodigieuse qui a vu le rock progressif se hisser au firmament.

Aussi, pour certains ce dernier opus sera une bonne surprise, pour d’autres une péripétie noyée dans une actualité musicale qui avance à marche forcée et qui ne retiendra que l’aspect « point final » d’une saga débutée il y a bientôt cinq décennies.

Chers lecteurs, vous ferez comme vous voulez. Vous encenserez, démolirez ou vous désintéresserez à votre guise de cet épilogue un peu triste tout de même. Personnellement, j’ai trop d’affect avec ce groupe et son histoire pour sombrer dans la détestation facile ou le panégyrique gratuit.

Et puis à quoi bon ? Comme un peu tout le monde, j’ai adoré ce groupe, moins à certaines périodes. Mais je continue à lui vouer une admiration sans bornes pour l’ensemble de son œuvre. A mes yeux et sans doute à ceux de milliers d’autres, après ce 15ème effort Pink Floyd vient d’entrer au Panthéon des Géants du rock. Une place largement justifiée. Grâce lui soit rendue !

« C’est parce que tout doit finir, que tout est si beau ! ». Charles Ferdinand Ramuz.




Rédigé par : Karadok | Reconnaissance éternelle !/ | Nb de lectures : 11169