SOLEFALD - World Metal - Kosmopolis Sud (Indie/Season of Mist) - 18/03/2015 @ 07h42
On l’a vu lors de l’évolution de sa carrière, SOLEFALD est un groupe qui ne tient pas en place et se livre à différentes expérimentations, entre du Black progressif nordique et du Metal avantgardiste parfois original et chtarbé. Il y a un monde entre les grands débuts avec The Linear Scaffold, le barré Neonism, les plus classiques Pills Against The Ageless Ills et In Harmonia Universali chacun dans leur style, les plus cool Red For Fire et Black For Death, le « résumé » Norrøn Livskunst avec toutefois quelques autres expérimentations… Et, avec un brin de provocation, Lazare et Cornelius continuent à jouer avec nos nerfs et avec leurs styles pour ce double opus qu’est Kosmopolis, annoncé pendant presque deux ans comme un nouvel et unique album mais finalement séparé en deux facettes bien distinctes, sous forme d’un EP et d’un full-length. Norrønasongen - Kosmopolis Nord avait surpris, décontenancé voire déçu, le groupe nous livrant un EP volontairement dépouillé empreint de folklore nordique, pour un résultat assez lénifiant malgré de belles ambiances. SOLEFALD a donc, à sa manière, rendu hommage au Nord (ce qui était déjà le cas avec Norrøn Livskunst mais, comme toujours, d’une manière bien différente…). Il est donc temps, logiquement, de rendre hommage au Sud, avec le « véritable » album attendu de tous depuis 5 ans. Nommé World Metal - Kosmopolis Sud, ce 8ème full-length de SOLEFALD se sera tout d’abord révélé par le morceau "Bububu Bad Beuys", pour le moins… euh, déroutant ? Tant d’adjectifs sont utilisables et le moins qu’on puisse dire, c’est que le combo norvégien a toujours plein d’idées dans son cortex. La prod façon répète, le chant en yaourt, c’est ça le « World Metal » ?

Rassurons-nous, SOLEFALD reste SOLEFALD et dès que l’on se penche sur les autres morceaux de World Metal - Kosmopolis Sud, on comprend bien vite où les norvégiens veulent en venir. Le Nord contre le Sud, le bleu contre le rouge, le folk nordique glacial contre le Metal chaud et dynamique. SOLEFALD a pris des vacances au soleil mais n’oublie pas ses origines, c’est la conclusion que l’on peut tirer de World Metal - Kosmopolis Sud. Oui, "Bububu Bad Beuys" est complètement à part et pour le reste, nous retrouvons les compositions et arrangements habituels de SOLEFALD mais avec des petites différences. Cornelius et Lazare restent cependant en mode cool, ce n’est pas cette fois que l’on trouvera des morceaux agressifs et cinglés aux riffs vraiment Black comme dans Norrøn Livskunst avec ses "Blackabilly", "Raudedauden" ou "Vitets Vidd I Verdi". Mais même s’il reste relativement contrôlé, World Metal - Kosmopolis Sud est bel et bien l’album le plus barré du groupe depuis Neonism. Mieux encore, SOLEFALD est diablement inspiré, continue à creuser son propre style tout en l’alimentant de nouveautés croustillantes, et n’est pas loin de livrer (pour ma part) son meilleur album depuis Pills Against The Ageless Ills. Si le dyptique Red For Fire - Black For Death avait pu décevoir, si Norrøn Livskunst n’avait pas été plus plébiscité que ça, si Norrønasongen - Kosmopolis Nord avait été boudé, World Metal - Kosmopolis Sud va remettre sur le devant de la scène un des groupes les plus inventifs et créatifs de la scène norvégienne.

Mais alors le « World Metal » de SOLEFALD, c’est quoi ? Le duo donne la réponse dès l’entame de l’album, de la « World Music With Black Edges », nom du morceau qui ouvre World Metal - Kosmopolis Sud. Un doux piano nordique et les beaux vocaux de Lazare ouvrent le disque en douceur, mais on se fait déjà surprendre par la batterie assez « tribal », qui n’hésitera pas à partir dans des percussions plus loin dans le morceau. On reconnaît alors bien SOLEFALD, ses riffs et mélodies, ses arrangements et orchestrations, le chant arraché de Cornelius (ici plus grave cependant), avec le retour de quelques lignes en français d’ailleurs. Mais l’ambiance change de d’habitude, avec des claviers aux sonorités assez « tropicales », et surtout le groupe s’amuse avec de nombreux passages électro qui, c’est sûr, en feront jaser plus d’un. Provocateur, SOLEFALD n’a pourtant jamais été aussi entraînant, et sa musique peut être prise à plusieurs degrés d’écoute, libre à vous de prendre ça comme un truc volontairement barré ou faisant preuve d’une véritable vision musicale. Cornelius et Lazare sont en grande forme et le prouvent avec "The Germanic Entity", qui est peut-être leur morceau le plus riche depuis "Proprietors of Red". Un pur morceau progressif où SOLEFALD continue à s’amuser avec ses sonorités « du Sud » et à proposer quelques surprises (comme… des growls de Cornelius !), bardé de formidables montées épiques (avec un Lazare en grande forme), mais aussi d’autres passages électro qui tendent vers le… dubstep. Et je n’aurai jamais pensé à utiliser telle formule, mais si c’est SOLEFALD qui fait du dubstep, ça sera bien. Et ce genre de petites choses contribue à faire de "The Germanic Entity" un morceau passionnant et irrésistible, pas loin des bizarreries de THE MONOLITH DEATHCULT dans l’esprit, d’autant que les paroles contiennent quelques références. On enchaîne alors sur le fameux "Bububu Bad Beuys" qui, oui, est le morceau le plus taré de World Metal - Kosmopolis Sud. Mais outre son départ façon répète avec son chant complètement hystérique, ce bidule est tout à fait excellent dans sa seconde partie, avec son côté tribal terrible et ses chants totalement débiles mais particulièrement accrocheurs, en plus des riffs qui font mouche.

SOLEFALD a balancé toutes ses expérimentations et va alors livrer une seconde partie d’album majoritairement plus classique, mais pas du tout déplaisante, bien au contraire l’inspiration du groupe va tirer World Metal - Kosmopolis Sud vers le haut. "Future Universal Histories" aurait pu figurer sur Norrøn Livskunst voire In Harmonia Universali, mais dans un registre plus cool mais néanmoins dynamique ce morceau dépasse une bonne partie de Black For Death et Red For Fire, le chant plus parlé de Cornelius fait son effet et le groupe s’offre encore de splendides montées épiques lors du refrain, ainsi qu’un break atmosphérique tout à fait somptueux. "Le Soleil" réintroduit les bidouillages tropicaux pour un morceau encore à part, où Cornelius beugle en français et Lazare s’égosille en norvégien, avec parfois quelques accès théâtraux qui nous ramènent directement à Neonism, même si le reste du morceau donne dans le SOLEFALD post-Pills Against The Ageless Ills en choisissant toutefois de mettre en avant riffs et même blasts. "2011, Or A Knight of the Fail" est lui aussi plus classique mais non moins inspiré, le tempo est plus lourd et Lazare s’essaie à des chants plus vicieux, et l’on retrouve ces breaks électro quasi-délirants. Enfin "String the Bow of Sorrow" est l’autre piste marquante de World Metal - Kosmopolis Sud, SOLEFALD s’offre un souffle épique que lui-même a rarement atteint, cette fois-ci c’est sûr Red For Fire et Black For Death sont enterrés, le groupe se permet même de proposer quelques riffs très mordants. Du bel œuvre, moins barré que le début d’album mais magnifique et prenant, qui est suivi d’une outro de luxe, "Oslo Melancholy", qui se rapproche de Norrønasongen - Kosmopolis Nord. Comme un retour vers le Nord après un voyage dépaysant dans le Sud…

Difficile de savoir quelles seront les réactions tant World Metal - Kosmopolis Sud peut diviser, entre moments que l’on pourra trouver trop convenus et expérimentations que l’on pourra juger comme « too much », mais SOLEFALD est en forme olympique et arrive à surprendre là où ne l’attendait pas forcément, surtout qu’avec Norrønasongen - Kosmopolis Nord nous partions totalement aveugles vers le Sud. "Bububu Bad Beuys" avait surpris, et si les norvégiens n’en perdent pas une pour s’amuser l’album complet rassurera ceux qui voulaient quand même du pur SOLEFALD et de ce côté Cornelius et Lazare ont fait du très bon voire de l’excellent boulot. En dépit de petites longueurs, et s’il reste encore de la marge pour faire quelque chose d’encore plus barré sans choquer, SOLEFALD livre avec World Metal - Kosmopolis Sud son album le plus pêchu, le plus rafraîchissant, le plus inspiré et le plus épique depuis Pills Against The Ageless Ills. Norrøn Livskunst était chtarbé à sa manière, World Metal - Kosmopolis Sud explore d’autres voies avec brio, montrant que le groupe continue à avoir de la ressource, en livrant au final un diptyque cohérent avec EP et album qui se complètent. Laissez tomber vos peaux de bêtes qui vous avaient servi à affronter le grand Nord, chaussez vos chemises hawaïennes, vos tongs et vos plus belles lunettes de soleil et embarquez pour le Sud et ses tropiques dans le drakkar de SOLEFALD. Il paraît même qu’il y a un beau programme dans la discothèque de la cale !




Rédigé par : ZeSnake | 16/20 | Nb de lectures : 12347




Auteur
Commentaire
cyril_glaume
Membre enregistré
Posté le: 18/03/2015 à 09h18 - (116135)
Excellent album !!



noohmsul
Membre enregistré
Posté le: 18/03/2015 à 11h12 - (116140)
Très bon album oui ! Content de voir que le groupe est toujours aussi inspiré. Un album rafraichissant, qui permet de voyager vers des horizons inattendus (marque de fabrique du groupe quand même).
Il reste bien en dessous du génial Norrøn Livskunst quand même, notamment à cause de "2011..." que je trouve en dessous du reste de l'album, et à cause des parties electro pas super bien intégrées et qui rendent l'album un peu trop hétérogène.
Mais à part ça c'est du très bon Solefald. Mention spécial à "Bububu...", une expérimentation bien réussie !



grozeil
Membre enregistré
Posté le: 18/03/2015 à 22h40 - (116168)
Bon, allez, je me laisse tenter, malgré les extraits pas forcément très rassurants. Et puis, je ne peux décemment pas éviter cette sortie de ce groupe que je suis depuis ses débuts.

Toinou
IP:178.23.156.100
Invité
Posté le: 20/03/2015 à 11h42 - (116195)
Fantastique album, encore plus barré que les autres, c'est pas peu dire...

17/20

mydrin
Membre enregistré
Posté le: 20/03/2015 à 12h35 - (116196)
"Fan" du groupe depuis le début je ne suis pas aussi enthousiate que vous, trop "expérimental" pour moi par moments

Bubububu fan
IP:81.251.32.243
Invité
Posté le: 21/03/2015 à 08h38 - (116208)
La suite de neonism avec une multitude d'instrumentation venant d'horizons differents.
"World Music With Black Edges" meilleur titre de l'année.
Un album qui aurait toute ses chance de figurer en haut du podium 2015 si il n'y avait pas cette fin qui tombe comme un cheveu sur la soupe

kane
IP:66.249.93.185
Invité
Posté le: 22/03/2015 à 12h10 - (116223)
Je découvre le groupe avec cet album et l'Ep.

Une grosse claque dans la tronche qui va me faire me pencher sur les albums précédents...

grozeil
Membre enregistré
Posté le: 29/03/2015 à 15h52 - (116291)
Roooo dis donc, je viens de le recevoir et suis en train de l'écouter... Ca a l'air d'être un sacré morceau cet album, probablement un de leur meilleur. Et ils sont toujours aussi fous qu'au premier album.



grozeil
Membre enregistré
Posté le: 29/03/2015 à 16h23 - (116292)
Non, mais quel pavé!!!! Peut être bien l'album de l'année pour l'instant pour moi.

Moulinexxx
Membre enregistré
Posté le: 14/04/2015 à 14h55 - (116513)
Ca faisait longtemps que je ne m'étais pas sérieusement penché sur un album de ce groupe, et quel bonheur !

Vraiment excellent, ça fait un bien fou de se mettre quelque chose d'un peu différent et original dans les oreilles.



jean-francois
Membre enregistré
Posté le: 17/11/2015 à 10h35 - (118676)
belle chro qui me donne envie de découvrir ce groupe

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