CRIPPER - Hyëna (Metal Blade) - 26/02/2015 @ 08h49
« Fuck - We Play Until We Crash », c’est ce qu’on peut lire sur le livret de Hyëna, quatrième album de CRIPPER. Autant dire que ce n’est pas avec ce groupe allemand existant depuis 2005 qu’on va donner dans la subtilité, ici tout ce qui compte, c’est le Metal avec un grand M, celui qui riffe et qui crie, rien de plus. Après 3 albums chez le méconnu label SAOL, ce quintette de Hanovre débarque chez Metal Blade pour nous délivrer sa science du Metal direct et sans compromis. CRIPPER donne dans le Thrash, le vrai, celui qui a le plus simple appareil, qui aligne ses riffs dans le seul but de vous faire headbanguer et taper du pied, le plaisir du metalleux dans sa plus simple expression. Quitte à se répéter et à tâtonner un peu, on ne peut pas dire que le groupe avait franchement explosé avec ses deux premiers albums, Freak Inside (2007) et Devil Reveals (2009), linéaires et poussifs au possible. Antagonist (2012) élevait nettement le niveau de jeu, montrant un groupe bien plus inspiré, peut-être un groupe en devenir, au sein d’une scène revival Thrash qui a trop vite lassé à la fois de par son manque d’originalité et son côté peut-être trop passéiste. Hyëna va un peu changer tout ça, ou au moins montrer un groupe pas spécialement ambitieux qui se contente de balancer son Metal avec le minimum d’efficacité nécessaire pour se démarquer, ou au moins se faire entendre.

Bien qu’il soit allemand, CRIPPER n’a pas grand-chose à voir avec les références locales que sont KREATOR, SODOM et consorts. Son Thrash est bien plus connoté Bay-Area avec quelques autres influences européennes, moins primitif, plus varié et construit mais n’allant pas non plus donner dans le Techno-Thrash ou même les trucs un peu plus travaillés comme HEATHEN. Un Thrash pas spécialement old-school, ni réellement moderne, qui risque donc de se retrouver le cul entre deux chaises ou, mieux, de contenter à peu près tout le monde. Après ses deux premiers albums très répétitifs, CRIPPER a donc passé la seconde en termes de compositions pour Antagonist, et Hyëna va aller encore plus loin. Variant les tempos et les plans, entre cavalcades thrash entraînantes, accès mélodiques (avec force solos bien sûr) et passages plus appuyés lorgnant vers le Power-Thrash, CRIPPER a réussi à progresser pour rendre son propos moins ennuyeux et plus dynamique. Le tout servi par une production aux petits oignons, là aussi ni trop old-school ni trop moderne, avec un son puissant mais rugueux qui confère encore plus l’obédience Bay Area du Thrash des allemands (le son des rythmiques est on-ne-peut-plus typique). Et, détail plus croustillant pour la fin, CRIPPER a la particularité d’avoir dans ses rangs une hurleuse, Britta Görtz. Pour un chant pas spécialement marquant et pas aussi varié que la musique, mais convaincant et loin d’être insupportable. C’est probablement la seule véritable originalité de CRIPPER, mais pour qui aime le Thrash, toute cette musique passe bien et Hyëna se pose comme un album somme toute sympathique.

Et dès que les riffs débarquent lors du morceau-titre qui ouvre Hyëna, on voit bien que CRIPPER est là pour balancer une bonne dose de riffs Thrash, ni plus ni moins, même si le groupe tente 2-3 choses, notamment quelques sons légèrement southern ("Tourniquet", "Pure") et des ambiances plus originales ("7"" avec des samples et des variations de chant, que l’on retrouve à la fin de "Patronized"). Mais c’est l’efficacité qui prime et de ce côté nombre de pistes savent cartonner, citons "Bloodshot Monkey Eye" et ses riffs punchy, "A Dime for the Establishement" et son côté effréné voire urgent, "The Origin" avec ses riffs accrocheurs qui se font même plus lourds, ainsi que le tranchant "Patronized" un peu plus moderne qui, avec le chant féminin, me fait presque penser à du WHEN REASONS COLLAPSE ! Mais malheureusement pour CRIPPER, son côté Thrash old-school-mais-pas-trop moderne-juste-ce-qu’il-faut lui joue parfois des tours, des longueurs apparaissent ("Hyëna" trop longuet d’emblée, l’interminable final plus posé "Pure"), et le groupe mouline parfois dans le vide ("Animated Flesh", "Patterns in the Sky"). On aurait parfois aimé que la prod soit légèrement plus mordante aussi, et le chant de Britta sera peut-être villipendé par certains, par manque de singularité peut-être, même si il fait une grosse partie de l’identité de CRIPPER, qui a un peu fait évoluer son Thrash mais est toujours un peu trop répétitif dans l’ensemble.

Les allemands possèdent tout de même une énergie communicative et un côté sans prise de tête qui fonctionne, et Metal Blade donne d’ailleurs l’occasion de constater ceci dans le détail grâce au DVD bonus de l’édition digipack de Hyëna, un DVD bonus assez complet qui, mine de rien, tire bien sa langue devant les DVD bonus de Nuclear Blast souvent miteux et 100% die-hard fan-service. Intitulée Towards The Sun, cette rondelle vidéo présente tout d’abord un concert de 42 minutes capté au Metaldays en 2014, qui se sera déroulé sous pluie battante ! CRIPPER y balance son Thrash sans chichis, efficace mais là aussi vite lassant, surtout qu’un seul morceau de Hyëna -en cours d’enregistrement à l’époque- y sera joué, le tout avec un son correct mais manquant de puissance pour cette retranscription. Britta y fera mumuse en slammant dans le public GoPro au poignet, ce qui nous permet d’ailleurs de constater qu’au-delà de qualités vocales, la hurleuse possède aussi quelques qualités visuelles… En plus d’un morceau capté au fameux « 70000 Tons Of Metal » (au son très pourrave), le groupe propose quatre clips tous bien réalisés, ainsi que des habituels studio-reports avec d’habituelles conneries (le dernier gag avec la pompe humaine est savoureux). Un bon DVD bonus qui apporte une plus-value à un album plaisant, mais hélas un peu anecdotique dans l’absolu, CRIPPER à plusieurs niveaux fait encore office de groupe de seconde division. Hyëna est certes un grand pas en avant par rapport à leurs premiers albums très moyens, mais les allemands n’ont pas encore la trempe d’un grand nom du Thrash international. Mais quand il sort les riffs, CRIPPER est en réussite, et c’est finalement la première chose que l’on demande à un disque de Thrash. Avec sa chanteuse, CRIPPER est suffisamment original pour se faire remarquer, et Hyëna est suffisamment percutant pour mériter un investissement, mais il ne faut pas attendre beaucoup plus qu’un Thrash un minimum travaillé mais sans prétention, pour un album bon mais sans plus.



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Rédigé par : ZeSnake | 14/20 | Nb de lectures : 10334




Auteur
Commentaire
ZeitGeist777
Membre enregistré
Posté le: 26/02/2015 à 13h21 - (115877)
Un groupe très surestimé, quasi mainstream parfois. Sympa mais sans plus.

CROM
IP:90.42.251.215
Invité
Posté le: 26/02/2015 à 13h40 - (115878)
Chro assez exhaustive.

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