RESISTANCE - The Seeds Within (Pavement) - 20/02/2015 @ 07h41
Plutôt confidentielle à l'échelle européenne et un poil moins prolixe que sa cousine black, la scène death du plat pays possède cependant son lot de formations extrêmes et émérites. De son pan le plus visible incarné par ABORTED en passant par EMETH et IN QUEST pour le pendant technique et syncopé ou plus récemment DEHUMAN qui fusionne avec classe le meilleur des deux écoles nordiques et ricaines, pas de doute : la Belgique a du mordant. Et cela ne date pas d'hier. Les plus tremblants d'entre nous, qui pleurent toujours ce bon vieux jean serré et cette paire d'Air Jordan aux relents de chaussettes sport faisandées, se rappelleront peut-être d'EXOTO, ou un jean large plus tard et un mulet en moins, de CADUCITY et son death épique qui lorgnait sur un BOLT THROWER première mouture quoique moins guerrier. Nul besoin enfin de rappeler le rôle majeur joué par le label Shiver records pour extraire certains de ses compatriotes du marasme ambiant et s'improviser ambassadeur et exportateur des productions locales à plus grande échelle.

C'est donc dans ce terreau fertile et auréolé de quatre premières livraisons sur lesquelles il a pu affiner son style que RESISTANCE, de plus en plus tourné vers le brutal death et de moins en moins concerné par le côté core de la force, débarque sans crier gare avec un "The seeds within" à peine deux ans après un "To judge and enslave" foncièrement noir et menaçant. Malgré ce court laps de temps, le club des cinq de Mons s'est encore radicalisé pour achever sa mue avec dix nouveaux titres d'un death metal frondeur, puissant et moderne, qui pioche aussi bien chez les vieux sages ricains (MALEVOLENT CREATION en tête de la shopping list) que chez certains de ses compères aux aspirations plus contemporaines.

Pas de panique cependant puisque moderne et contemporain font ici bon ménage : aucun chugga-chugga n'est à déplorer, pas d'overdose de breaks sautillants ni même de pig squeals d'un goût douteux. Non, RESISTANCE est profondément death metal. Il faut d'ailleurs onze petites secondes pour s'en rendre compte sur ce "Cross the river" envoyé en éclaireur, qui met en avant un vrai savoir-faire acquis au cours des dernières années. Une première minute bouillonnante qui distille un death moderne épaulé dans sa quête destructrice par un break furieux et une rythmique maousse que n'aurait pas renié MALEVOLENT CREATION. Et à vrai dire, plus que les habituelles références brutal death égrenées par son label en guise de balises stylistiques, c'est bien l'ombre du combo floridien qui plane sur une bonne partie de cet album. De certaines parties de guitares vengeresses et couillues trademark du père Fasciana aux vocalises gutturales et compréhensibles qui rappellent les éructations de Brett Hoffman, de nombreuses similitudes avec le gang de Fort Lauderdale sont à signaler sur "Diabolical possession", "Omen" ou "Apocalypse". Rassurez-vous, le tout est exécuté avec suffisamment de classe et de maturité pour en proposer une relecture actualisée qui tient plus de l'hommage discret que de la simple repompe tapageuse.

Aber achtung ! Lorsque nos cinq Belges changent leur fusil d'épaule pour remiser (temporairement) la brutalité, ils le font à fond, j'en veux pour preuve l'écrasant "Darkness Arise" au refrain taillé pour une ébullition de fosse en règle ou ce "The seeds within" et son introduction toutes en nuances qui fait place à une section rythmique ingénieuse, plombant à tout va dans la pure tradition yankee. Massif, oui, voilà le mot. Et que dire de ce "Purgatory" qui flirte avec le death de Goteborg pendant une trentaine de secondes avant de s'effacer au profit d'un chaudron bouillonnant d'assauts de double pédale et de gros riffs velus. Ajoutez à ce cocktail détonnant une production musclée et percutante réalisée en deux temps, enregistrement en local, mix et mastering exportés de l'autre côté de l'Atlantique chez Zack Ohren (IMMOLATION, DEEDS OF FLESH, ALL SHALL PERISH...) et vous obtiendrez un album tout simplement réjouissant.

Oscillant donc entre tradition et modernité sans jamais tomber dans la simplicité, le death pratiqué ici par nos compères du Hainaut se révèle d'une efficacité sans faille. Oh, pour sûr, rien de foncièrement original derrière tout cela, juste une généreuse distribution de mandales par paquet de dix, une collection de frites claquées sur des lobes d'oreille rougis par la gelée hivernale. Une alternative judicieuse à l'austérité et au marasme ambiants : elle est pas belge la vie ?




Rédigé par : TarGhost | 15/20 | Nb de lectures : 9828




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Commentaire
CyclisteMetôl
Membre enregistré
Posté le: 21/02/2015 à 12h17 - (115837)
Je kiffe grave, album du mois pour ma part !



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