Le nom NUMSKULL ne vous dit rien ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas le seul. Personnellement, j’avais laissé prendre la poussière dans un coin leur troisième album de 1996 (‘When Suffering Comes’) jusqu’à ce que cette opportune réédition de leur première œuvre de jeunesse ne me rappelle l’existence de ces thrashers du fin fond de l’Illinois (en somme : le trou-du-cul des States) dont l’histoire n’avait retenu, au mieux, qu’ils avaient servi de refuge pendant un temps au milieu des années 90 au futur chef d’orchestre de PUTRID PILE, Shaun LaCanne. Alors pourquoi nom de Zeus RELAPSE a-t-il décidé en 2015 de rééditer cette galette de 1988 sans même une quelconque reformation ou même vague retour de flamme de la part du public à son encontre ?

Mystère et boule de gomme. Surtout qu’avec un livret se limitant à reproduire l’original avec les paroles mais sans aucun texte pour revenir sur le pourquoi du comment ou même une simple petite biographie histoire de nous rafraîchir la mémoire, on n’est guère plus avancé. Au final, c’est en parcourant à la loupe les crédits que l’on découvre enfin un début de réponse : leur manager s’appelait Eric Greif. Soit l’ex-manager de DEATH et responsable de l’opération ‘Death To All’ (impossible de parler de groupe à part entière dans ce cas précis non ?) qui travaille depuis plusieurs années en collaboration avec la famille Schuldiner sur toute une vague de rééditions (très réussies) de toutes les œuvres de feu Evil Chuck. Et chez qui sortent justement ces rééditions ? RELAPSE. CQFD.

Bon après, peut-être que je vois le mal partout et traitez moi de parano si vous voulez mais je ne vois pas d’autres raisons derrière cette ressortie, qui plus est, en catimini de cet obscur album de thrash de seconde zone, genre ‘je vous refile l’autorisation pour ressortir les albums de DEATH mais il faudrait faire un petit geste et m’aider à réhabiliter des anciens poulains à moi’ ou quelque chose comme ça.

Pas que ‘Ritually Abused’ soit dénué de qualités pourtant, non. Surtout que par rapport à tous les sous-KREATOR ou autres ersatz d’EXODUS qui pullulent encore malgré la mort officielle du revival thrash, eux avaient l’intelligence de se tourner plutôt vers DARK ANGEL et sur ses rythmiques hystériques toujours à deux doigts de la rupture. La grosse majorité du disque est d’ailleurs menée tambour battant pendant que leur chanteur Skip McGullam crache sa bile, essentiellement à l’encontre de nos amis ecclésiastiques, plus qu’il ne la chante. Du ‘evil thrash’ à la INFERNÄL MÄJESTY (mais sans le côté tordu et épique, ici on ne se prend pas la tête avec des arrangements compliqués) ou encore MORBID SAINT, à quelques encablures du death du début et qui devrait donc plaire aux vieux cons, à condition d’accepter cette prod’ forcément un peu datée même si peaufiné par un nouveau mastering adéquat. Le seul apport conséquent est en fait un inédit nommé « Murder by the Minister », titre qui à la base clôturait leur seul démo de 1986 mais dont cette nouvelle version semble avoir été réalisée en même temps que le reste de l’album, même si là encore on ne peut que spéculer vu le manque d’infos fournies.

N’empêche que tout cela reste juste ‘sympatoche’. ‘Classique oublié’ ou autre ‘tuerie qui aurait dû les faire exploser’ ? Non. Mais sympatoche? Oui. Cela méritait t’il pour autant une réédition qui ne devrait pas faire hurler dans les chaumières ? Hum.




Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | Réédition/ | Nb de lectures : 9766