Groupe canadien inconnu de mon radar, Idol of Fear vient à nous avec un premier album – All sights affixed, Ablaze – dans un style qu’il est difficile de décrire autrement qu’en disant extrême. Extrême quoi, je ne sais pas trop, mais extrême. Et avant-gardiste ou expérimental aussi. Alors autant prévenir de suite : l’ouverture d’esprit est requise pour aborder pleinement cet album et tenter d’en comprendre le sens.

Comme tous les groupes – ou presque – qui choisissent d’investir ce créneau ambitieux et exigeant, la technique est au rendez-vous. Les premiers accords de "Vanquish" ne laissent planer aucun doute sur ce que l’on va entendre. Les structures sont complexes, très chargées en arrangements, les changements de plans sont nombreux comme les variations rythmiques ("Circles of vortices"). Sans verser dans la torture mathcore, grâce à un son assez peu clinique, plutôt rond, ce premier titre assoit tout de même la stature du groupe. Plus qu’avant gardiste, le groupe développe en réalité des morceaux quasi prog’ dans l’esprit. Les guitares y jouent un habile rôle de tricotage sonore très ambitieux, comme si tout le fond du morceau était tapissé d’ornementions byzantines pendant que la rythmique développait d’autres thématiques (de même sur "Morningstar").

C’est qu’en réalité, tout l’espace sonore est occupé par les instruments, sans temps morts, sans répit pour la voix. La moindre parcelle est percluse d’arabesques sonores, comme si le groupe dessinait une fresque sans jamais lever le pinceau. Le rock prog’ plane également en arrière-plan, surtout dans ces mélodies aériennes tournoyantes.

Mais l’on note également d’autres bonnes idées, comme celle de « couper » un morceau avec de la guitare sèche juste accompagnée de la batterie ("Morningstar" ou sans elle comme sur "Circles of Vortices"), qui offre des respirations bienvenues à l’auditeur, tout en donnant de petits accents jazzy au titre. Les leads de guitares sont également à leur avantage ("Carrion", pour les mélodies enjôleuses doucement dessinées), qui impulsent une dynamique incroyable aux titres.

Les titres sont encore une fois très travaillés. D’une durée moyenne de 6 minutes, ils prennent leur temps pour développer leurs propos. Le son, chaud et clair, met parfaitement en valeur les instruments même si l’on peut regretter – particulièrement dans ce style – que la basse soit si discrète, un peu noyée tout de même dans le mix. La batterie en revanche regorge de groove et ses toms sonnent très organiques ("All sights affixed, ablaze"). Les arrangements qui l’agrémentent sont également très nombreux et donnent le sentiment que les lignes de batterie regorgent d’informations ("It demands").

Je vous l’ai dit, ce disque demande de la patience pour être apprivoisé. Les structures complexes n’en facilitent pas l’appréhension. Elles exigent tout au contraire une attention soutenue tant la somme de détails est importante. Mais pour qui apprécie le rock prog’ teinté d’extrême, la belle technique et les arrangements minutieux, ce disque constituera un achat opportun.




Rédigé par : Raziel | 14/20 | Nb de lectures : 10367