Pourquoi VENOM est il si culte aujourd'hui ? Pour ses quatre premiers albums bien sûr, ses brutaux premiers concerts, son satanisme foutraque, l'influence qu'ils ont eu sur toute la scène metal, son triumvirat de musiciens improbables, ses interviews délirantes, son prime amateurisme alarmant, ses anecdotes mémorables et ses dizaines de compilations/bootlegs/best of fleurissant un peu partout... on est d'accord jusque là hein ? Oui, mais encore...

Que VENOM soit aimé pour ses légitimes (et nombreuses) médailles de guerre, c'est évidement normal... mais pour moi, c'est justement parce qu'il y a tout un pan de leur vie et de leur musique qui n'est pas souvent raconté qu'ils sont pour moi si essentiels et si proche de l'essence du heavy metal.
Si ils ont été les précurseurs de ce style bourrin et primitif, ils ont tenté à quelques reprises de s'en distancer (quelques fois avec talent d'ailleurs)... mais le public les a toujours "sommé" de revenir à leur forme d'expression la plus sommaire et la plus bestiale.
Fer de lance d'un satanisme visuel et agressif, VENOM reste pourtant un groupe "cool" qui à toujours affirmé faire du divertissement en mettant en musique les films d'horreur, à milles lieux des appels aux meurtres de certains groupes plus radicaux... "Pousser toujours plus loin" comme disait Cronos avec plus de metal, plus de cuir, plus de satan et plus de tripailles. Et le tout avec un p'tit sourire carnassier s'il vous plait !
En dépit de ce coté pas "entertainment", le groupe (ses premiers musiciens en tout cas) ont toujours affiché une certaine éthique en gardant une ligne de conduite et en se faisant largement bananer au cours des années en voyant ce qui lui était promis comme un grand avenir musical lui claquer littéralement entre les doigts. Eh ouais après tout, quand Hetfield & co aiguisaient encore leurs lames, VENOM était déjà bien armé et aurait du s’asseoir sur le trône de metal (ou de fer ?) qui leur était destiné.
Ces déflagrations musicales, ce style frontal et direct... VENOM à toujours déclaré l'avoir "trouvé" en essayant simplement de jouer le plus vite possible en se nourrissant de l'animosité mutuelle que les musiciens entretenaient les uns envers les autres. Ça, le groupe l'avait profondément ancré au fond de lui, cette violence et cette haine qui ont fait naître cette musique impie et dégueulasse... cette alchimie vicieuse et perfide, personne ne la personnifie mieux qu'eux.
Faute de timing ? de management ? METALLICA et SLAYER n'ont eux, pas mis longtemps avant de comprendre comment fonctionnait la machine à décibels, s'engouffrant ainsi dans la voie tracée par VENOM et les laissant hébétés, condamné à se séparer et à rejouer inlassablement selon les vieux standards... qu'on leur reproche souvent en leur disant paradoxalement qu'on les adore. Grandeur et décadence du Heavy metal... ambivalence et paradoxes.

Quoi attendre du coup d'une nouvelle fournée de VENOM ? La même chose que d'habitude en pas trop naze ? Nan, VENOM a toujours proposé au milieu de ses éternelles ritournelles des morceaux plus singuliers et souvent largement meilleurs que leur inspiration "en roue libre" ne le laissait supposer parfois. Même sur leurs albums les plus nazes ("Metal Black" par exemple est à mon gout "criant" de médiocrité) VENOM a toujours sorti de sa besace diabolique quelques démons aux discours étranges et des tridents aux formes singulières. "From the very depths' ne fera pas mentir cette dernière phrase et se pose même dans le peloton de tête des bons albums de VENOM "non légendaires" malgré quelques morceaux poussifs et une prod' trop propre pour des vieux boucs comme nos chers anglais.
Niveau bonne surprise, on note plusieurs morceaux franchement pas mal du tout qui étonnent par leur qualité, enchantent par leur méchanceté et boostent par leur dynamisme.
Aidé par un tempo pachydermique, une pédale Wha - Wha particulièrement savoureuse et un refrain bien catchy, "Smoke" est une belle bonbonne de gaz bourrée de clous, d'incantations diaboliques et de vinaigre ranci. Moins mystique mais ô combien parlante quand à la philosophie du groupe "Long Haired Punks" défouraille grâce à son tempo soutenu, ses tritons sataniques et ses lyrics échevelés ! "Rise" enfin, petit "hymne de stade" selon VENOM, est excessivement bas de plafond mais terriblement jouissif, drivé qu'il est par une motivation juvénile excessivement communicatrice et primitive. Au niveau des formats plus "classiques" j'avoue apprécier le mordant "Satanas Stigmatas" et le furieux "Evil law" qui avec ses refrains growlés amène VENOM à des sphères de brutalité rarement atteintes !
Décevant par contre les titres en "pilotage automatique" comme l'inutile "Ouverture/mephistopheles", le laborieux "From the very Depths" et le poussif "Death of rock n'roll". Réservé, je le suis aussi quand à la production, un petit peu trop compressée et manquant de poussière, empêchant du coup certains titres "moyens" de sauver les meubles. Du coup, bien que le chant et la basse soit bien mis en valeur, le son de la caisse claire et le manque de profondeur de la guitare rendent le résultat un peu en dessous de ce qu'on pourrait attendre du groupe niveau sonore.
Pour le reste... eh ben on tient quand même un bon cru de VENOM qui tire sa force du ralentissement général des tempos (le groupe revient à ses racines N.W.O.B.H.M et laisse ses penchants Thrash de coté) et de l'originalité qu'il met parfois dans ses compositions, le propos restant quand même parfaitement identifiable et à la hauteur de la grandeur du reptile !

Ne boudons donc pas ce nouvel album à la pochette affreuse (une constante du groupe depuis plusieurs années) et réjouissons nous des différents moments de bravoure qu'il comporte, le cœur et la pertinence que met le groupe à certains moments dans sa musique étant vraiment appréciable... voire étonnant ! VENOOOOOOOOOOOOOM !!!!!!




Rédigé par : Pamalach | 14,5/20 | Nb de lectures : 17039