On a toujours reproché aux parisiens de Coffin On Tyres d’être un peu fainéants sur les bords. Reproches que nous n’avons jamais hésité à appuyer puisqu’ils nous ont mis l’eau à la bouche en 2010 avec un premier très bon album, Red, et depuis plus rien. Une vraie torture… Et même si notre scène Stoner ou affiliés en France regorge de nombreux talents pour compenser, ne citons que Glowsun, Drawers, Abrahma ou encore Hangman’s Chair, il faut avouer que les Coffin nous avaient sacrément manqué.

Qu’a donc foutu Coffin On Tyres depuis quatre ans ? Le groupe a tout simplement enchaîné les concerts, peaufiné ses compositions, glandé un peu et affronté les galères classiques d’un groupe « amateur » pour nous sortir aujourd’hui un nouvel et deuxième album, Erase. Même si l’envie de leur botter les fesses est grande pour les punir de ne pas l’avoir fait plus tôt, nous n’y arriverons pas. Il en sera tout simplement impossible car même si Red était de qualité, Erase dépasse toutes les attentes et installe directement Coffin On Tyres sur le trône sans passer par la case houblon…

La première chose qui marque est le son. Enregistrée live, la prestation du groupe est extrêmement dynamique, puissante, carrée et apporte une énergie incroyable à l’écoute. Ne croyez pas pour autant que l’album soit bêtement basé sur des riffs rapides car c’est tout le contraire. Celui-ci fait preuve d’une variété et d’une subtilité à toute épreuve. D’environ 6 minutes en moyenne, chaque morceau dispose de plusieurs tiroirs qui s’ouvrent et se découvrent avec énormément de plaisir. On ne savait pas que le groupe disposait d’autant de maturité dans son approche musicale. Des très « Tooliens » "Pacify" et "Erase", "Destruct then fix up again" (qui parfois, pour ce dernier, fait penser à Klone dans certaines intonations vocales), aux très pêchus "Your Affection" et "Right on time" sans oublier le « tubesque » "Blackbones" et la magnifique pièce progressive de 15 minutes qu’est "Leeches", Coffin On Tyres réécrit les lettres de noblesses du Stoner pour le hisser à un niveau rarement ou jamais atteint en France. On arrêtera donc de se limiter à la scène française pour placer Erase en compétition directe avec les meilleures sorties du genre en 2014 dans un top 10 qui serait tout à fait mérité.

Atteindre un tel niveau de cohérence et de subtilité entre les guitares de Fab et Baptiste, une assise rythmique et un groove incroyable pour la basse de Matt et la frappe de Sylvano sans oublier le chant rauque mais néanmoins mélodieux de Geoff relève de l’excellence. Surtout que le sax et l’harmonica que l’on savoure sur "Leeches" ne peut qu’amener la jouissance auditive. Sacré album que nous livre là Coffin On Tyres, vraiment.

Un seul reproche cependant, où est la sortie physique ? Se limiter à une livraison bandcamp est une réelle infamie et nous voulons clairement tenir entre les mains un ou plusieurs vinyles contenant ce petit chef d’œuvre. Où irait le monde sinon ? Ok à sa perte mais ça tout le monde le sait et Coffin On Tyres n’y peut pas grand chose…




Rédigé par : Madrigal | 17/20 | Nb de lectures : 10938