Viens trouver la paix à l’Église du Saint Riff Rédempteur de Barabbas !
Voilà la promesse du tract retrouvé dans ma boite aux lettres. Accompagné d’un disque de prosélytisme musical. Encore une secte religieuse qui cherche à recruter des adeptes pour faire gonfler ses rangs de zélotes zélés. J’étais sur le point de jeter ce torche-cul quand une autre formule en gras attire mon attention : Au nom d’Ampère, du Riff et du Saint Iommi. Il faudrait peut-être jeter une oreille, finalement. Formé en 2007, l’Eglise de BARABBAS prône donc la « rédemption par le headbanging ». Et c’est un chapitre de quatre Pères, tous Saints (mais pas sûr qu’ils soient encore sains) qui déclament les huit paraboles qui composent ce second album. Encore une fois, BARABBAS a fait le pari de l’autoproduction, trois ans après leur premier évangile, déjà possédé par de nombreux brulots foutrement efficace.

L’Eglise BARABBAS a décidé de guider les masses incultes à l’aide d’un doom traditionnel d’une lourdeur abyssale. Avant de parler de la musique, on saluera la production de Saint Jérôme (également bassiste du groupe), qui non seulement fait gronder son instrument, sorte d’invocation sourde à des forces occultes, mais a également donné à son Frère Stéphane un son de guitare velu et grassouillet. Je les soupçonne d’avoir fait tremper leurs cordes dans une fondue de brie de Meaux avant l’enregistrement.

Mais bref, passons maintenant aux cantiques. Se réclamant de la Très Sainte Trinité (BLACK SABBATH, SAINT VITUS, CATHEDRAL), BARABBAS apporte une touche personnelle qui l’éloigne des nombreux clones bien trop classiques. Alors, certes, on pense par moment à ces Pères spirituels, comme le début de Priez, qui rappelle fortement CATHEDRAL. Mais globalement, le groupe met sa patte personnelle dans les compositions. On retrouve le côté brut de décoffrage sur Moi, Le Mâle Omega, morceau virulent et bien grognont. Sur Judas est une Femme, l’ambiance est plus moite !, mais on retrouve un côté BLACK SABBATH mêlé à une sensualité à fleur de peau.

Un des gros points fort de ce nouvel Evangile de BARABBAS est clairement Saint Rodolphe, prêcheur en titre du groupe. Son registre vocal s’est clairement étoffé depuis leur premier album. Certes on retrouve ce coté brut et agressif qui m’avait plu, mais il use de plus de variations qu’avant. Il n’hésite pas à être langoureux, mystérieux voire mielleux. Il apporte une grande profondeur à la musique. Comme le groupe le dit lui-même, le chant de Saint Rodolphe est le quatrième instrument du groupe. D’autant plus que les textes déclamés sont recherchés et intelligibles. Et c’est là que le public va se diviser. Une frange sera totalement réfractaire au chant en français, et rejettera BARABBAS. Dommage pour eux. Ceux qui passeront la barrière de la langue en seront pour leurs frais. D’ailleurs, c’est marrant de parler de barrière quand un groupe français chante en français.

L’essentiel étant que Messe pour un Chien est un excellent album, de doom, mais pas que. BARABBAS arrive à digérer ses influences pour un sortir un doom trad très personnel, fort de riffs entrainants et de paroles à reprendre en chœur. L’hymne Sabbath dans la Cathédrale devrait être en lice pour être le single de l’été de TF1 tant il reste en tête. Blague à part, l’Eglise du Saint Riff Rédempteur nous livre ici un nouvel album foutrement efficace et passionnant. BARABBAS a su associer songwriting efficace et production velue, pour un résultat qui vaut le coup d’oreille. Eh merde, je suis converti. Vivement dimanche prochain pour une cérémonie doom/bière/brie.





Rédigé par : Skay | 17/20 | Nb de lectures : 12807