MARE COGNITUM - Phobos Monolith (I, Voidhanger/Season of Mist) - 12/01/2015 @ 07h33
Entre le Black-Metal et les USA, c’est une histoire d’amour particulière, et tout le monde n’a pas envie de s’intéresser au feuilleton, en particulier les puristes qui considèrent que le Black-Metal doit être exclusivement norvégien. Devant la foison de groupes (ou plutôt projets vu que les one-man band sont légion) d’USBM, il faut faire un sacré tri et certains labels sont là pour nous aider à nous en sortir et dénicher quelques perles. Comme la mystérieuse écurie italienne I, Voidhanger qui nous avait déjà trouvé ÆVANGELIST en 2012. Son roster est très hétérogène mais heureusement MARE COGNITUM fait partie des bonnes trouvailles. Le projet au logo complètement illisible est mené depuis 2011 par le californien Jacob Buczarski, aujourd’hui âgé de 24 ans. Deux albums en autoproduction, The Sea Which Has Become Known (2011) et An Extraconscious Lucidity (2012) -albums désormais disponibles en téléchargement libre sur Bandcamp- et MARE COGNITUM débarque sur Lui, le Crochet du Vide pour tout d’abord un split avec le projet grec SPECTRAL LORE puis Phobos Monolith, le troisième album porteur de promesses de Jacob.

MARE COGNITUM aura, à cause de son style, du mal à nier qu’il est un projet américain tant son Black est nourri des standards de l’USBM. Pourtant, le projet est régulièrement comparé à DARKSPACE. Comme nous le relayait Serge Karamazov « il dit qu’il voit pas le rapport » car à part un concept cosmique, de petits passages ambiants, à la rigueur quelques leads ou rythmiques agressives, la musique de MARE COGNITUM n’a pas franchement de points communs avec l’art monumental des suisses. Jacob pratique plutôt le BM favori de ses compatriotes, celui qui arbore le préfixe « Post » avec fierté. Sans casquette cependant. Mais avec sa vibe lumineuse amenée par des trémolos libérateurs très en vue. On se rapproche plus de WOLVES IN THE THRONE ROOM, AGALLOCH (notamment au niveau des vocaux), FEN ou encore MANETHEREN voire KRALLICE et tant d’autres du même genre que de DARKSPACE ou d’autres standards européens. Cependant MARE COGNITUM me fait parfois penser à un THE GREAT OLD ONES qui aurait troqué ses lectures Lovecraftiennes par Science & Vie, un des numéros où la une concerne le Boson de Higgs, les galaxies potentiellement peuplées et les trous noirs. Il ne faut donc rien chercher d’autre qu’un Post-Black qui s’offre quelques petites incursions cosmico-ambiantes, et qui oscille entre frénésie guitaristique et aération atmosphérico-mélodique. Rien de bien révolutionnaire là-dedans.

Mais MARE COGNITUM se débrouille bien et The Sea Which Has Become Known était déjà un premier album convaincant, surtout pour un projet qui était encore bien underground à l’époque. De beaux trémolos et des morceaux plus appuyés aux riffs croustillants émaillaient cette première œuvre. An Extraconscious Lucidity, plus linéaire et trop classique, faisait un peu retomber la tension et le split/collaboration Sol avec SPECTRAL LORE était chiant. Phobos Monolith va nettement relever le niveau et Jacob va livrer son meilleur effort, le plus abouti et le plus cohérent. 49 minutes pour 4 morceaux (durant de 8 à 15 minutes), une production rustre mais parfaitement adaptée au style, un chant rugueux lointain, une BAR (je suppose) bien programmée, des riffs et des trémolos, des litanies mélodiques, le cahier des charges du bon US-Post-Atmo-BM est rempli. Les 13 minutes de "Weaving the Thread of Transcendence" ouvrent Phobos Monolith tout d’abord à l’aide d’une ambiance stellaire très dépouillée, vite accompagnée d’une mélodie délicieusement apocalyptique, l’ensemble aurait pu ouvrir n’importe quel album de WOLVES IN THE THRONE ROOM sans faire tache. Les guitares lumineuses entament ensuite leur progression le tout dans une ambiance assez transcendantale (bah oui), avant que le Post-Black à chant déchirant, riffs mélodiques et trémolos épiques ne vienne mener la danse. MARE COGNITUM veut aussi explorer le cosmos mais nous emmène tout de même en terrain connu, le voyage n’en étant pas moins passionnant (les mélodies alimentant les deux dernières minutes du morceau étant particulièrement magnifiques).

Jacob s’en sort donc plus par la qualité de sa musique que son originalité, et à ce titre débarque le hit de Phobos Monolith qu’est "Entropic Hallucinations", morceau plus rentre-dedans digne de certaines (excellentes) pistes de The Sea Which Has Become Known. Les riffs diaboliquement incisifs débarquent sans crier gare dès les premières secondes du morceau, et l’effet est immédiat et garanti. 8 minutes assez jouissives de Post-Black salvateur, avec des riffs tranchants et des trémolos furieux, preuve que le genre peut aussi envoyer du bois quand il le faut, tout en sachant s’aérer avec brio (le premier break « cosmique » est assez ultime et d’étonnantes nappes portent certaines montées). Il faudra passer après cette sensation et MARE COGNITUM va alors changer de ton pour "Noumenon", pièce plus posée qui démarre d’ailleurs par quelques notes de piano bien tristounettes. Les mélodies sont alors à l’honneur pour cette sorte de AGALLOCH de l’espace, on aimera ou pas le résultat. Les 15 minutes de "Ephemeral Eternities" vont alors clore Phobos Monolith en commençant par de l’ambiant pour le coup très DARKSPACien, avant que l’on ne retrouve à nouveau un riffing plus agressif, ici accompagné d’un chant très possédé. Mais Jacob finit par repartir dans ses élucubrations mélodiques et ses déluges de trémolos, tout en se permettant quelques passages plus sombres mais comme pour la globalité de ce Phobos Monolith, ce sont les gimmicks Post-Black qui prédominent.

MARE COGNITUM se pose alors avec son 3ème opus comme un projet talentueux de Post-Black amerloque, mais les éléments musicaux proposés par Jacob souffrent tout de même d’un certain classicisme. Vous voulez des trémolos, des riffs crus et mélodiques, des râles sous-mixés, une production roots mais claire ? Tout y est dans Phobos Monolith, dont la seule singularité apparente reste cet aspect cosmique porté par quelques passages ambiants et par l’emballage (notamment cette étrange pochette). Si vous cherchiez du DARKSPACE, il vaudra mieux aller voir du côté de PHOBONOID. Mais bien que légèrement convenu car trop typé Post-BM et bardé de quelques longueurs, Phobos Monolith se défend particulièrement bien et mérite de figurer parmi le haut du panier du genre. Le projet de Jacob peut d’ailleurs aisément devenir un groupe phare du mouvement Post-Black, il ne lui reste plus qu’à encore évoluer pour se démarquer de ses influences et obtenir une véritable personnalité musicale. En l’état Phobos Monolith est un bien bon album de Black « américain » dans le versant « Post » (n’espérez pas trouver du JUDAS ISCARIOT ici), un peu inégal (point étant à l’appréciation de chacun, je trouve que "Entropic Hallucinations" est nettement au-dessus du reste parfois un peu trop cotonneux), mais qui propose tout de même un voyage un minimum passionnant dans la galaxie des trémolos atmosphériques.




Rédigé par : ZeSnake | 15/20 | Nb de lectures : 10773




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Commentaire
raziel
Membre enregistré
Posté le: 12/01/2015 à 07h40 - (115390)
J'ai beaucoup aimé ce machin. WITTR oui mais aussi bizarrement proche de la scène atmo-épiquo genre Evilfeast par exemple, à mon sens.



Moulinexxx
Membre enregistré
Posté le: 12/01/2015 à 11h11 - (115393)
A la première écoute : ça me parle plus que le dernier Agalloch.

raziel
Membre enregistré
Posté le: 12/01/2015 à 14h23 - (115397)
En effet... sans mal.

Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 16/01/2015 à 12h15 - (115421)
Vraiment pas mal !! Merci pour la découverte

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