VESANIA - Deus Ex Machina (Metal Blade/Season of Mist) - 20/11/2014 @ 08h25
"Je suis colère les enfants, je suis colère ! Je suis violence parce que je suis trahison !"

Voilà, en quelques mots sans équivoque auxquels j'ajouterais volontiers "déception", ce que j'ai ressenti à l’écoute de cette nouvelle livraison du club des cinq polonais (composé, je le rappelle, de membres de BEHEMOTH, MASACHIST et ex-DECAPITATED), habituellement pourvoyeur d'un gros black/death qui tâche, gorgé de claviers sympho.

Je l’avoue les mecs, vous m’avez pris par surprise. Et je déteste ça. Certes, jusque là, on ne pouvait pas dire que votre discographie ait brillé par sa qualité zéro défaut. D’un "Firefrost arcanum" Emperorien jusqu’au bout des rangers aux "Distractive killusions", sorte de relecture moderne et groovy d’un DIMMU quasimodo en passant par "God the Lux", bourré de claviers épiques et d'une brutalité vivifiante, il y avait tout de même matière à ronger le nonos tranquilou au coin du feu. C'est vrai, cette version orchestrale d’un BEHEMOTH azimuté, un peu gauche mais attachant, possédait quelques atouts qui entretenaient l’espoir de voir (enfin) le groupe trouver le dosage idéal dans la préparation de sa mixture.
Mais non.
N’essayez pas de me la faire à l’envers. Cet album est le dernier que vous devez à Metal Blade. Ce fameux frichti de fin de contrat. Votre "In torment in hell" rien qu'à vous. Celui qui vous ouvre grand la route de la playa et du Dream Club à Sopot. Parce qu’entre nous, je ne peux pas croire un seul instant que les sept années qui séparent ce "Deus ex machina" de "Distractive killusions" aient été mises à profit pour affiner chaque recoin de cette galette, à l'image du fromager qui bichonne et caresse sa meule confortablement logée dans le silence et la pénombre d'une cave douillette. Non, ce truc là, c’est du vite fait mal fait, de la tambouille industrielle saturée de mauvaises graisses. Le genre de truc pondu pour passer le temps à l’arrière d’un tour bus stationné dans un no man’s land engoncé au fin fond d’une banlieue mal dégrossie, un dimanche pluvieux, glacial...sans fin.

"Qui a eu l’idée, qui a eu l’idée ?"

Valeo, tu me déçois. Valeo et des bas, plus bas, c’est sous terre. Tes parties de gratte feignantes, tes leads fumeux, pourquoi ? Ce salmigondis black insipide et pseudo orchestral, qui lorgne sur un death rigide, statique tentant parfois l'escapade sans issue vers un metal dissonant. Sortie de secours ? Et ce côté martial, faussement punitif, que tu te plais à balancer sur bon nombre de tes rythmiques. Dernier souffle avant le grand départ ? Oui Valeo, les rouages sont rouillés, les boulons cassés, il est de temps de changer les turbines. Et vite.
Quant à toi, Orion. De bon cœur ? Non, du tout. C’est bien toi le responsable de ces compos paresseuses, de la tenue bancale de ces structures maladroites ? Rappel : le collage créatif, c’est rigolo quand tu fais du scrapbooking, mais avec une guitare... c’est juste moche. Oui, je sais, au sein de BEHEMOTH, tu tiens la basse, discrètement, tapi dans l’ombre du méchant Nergal, du coup tes velléités créatrices sont bridées. Mais là, c’est bel et bien un manche de guitare que tu astiques, alors, pourquoi tant de paresse ? Les envolées sauvages, viriles et mélodieuses auxquelles on est censé avoir droit dans le cahier des charges sympho black ? Où ?
Et ho dis le Daray, c’est bien toi qui tiens les baguettes sur cet album ? Autant tu sais faire preuve de classe et de technique au sein de DECAPITATED, autant ici tu te livres à une mascarade sans nom. Double feignante, blasts sans saveur, breaks au rabais. Daray en mode pilote automatique.
Heinrich. Heinrich bin nicht dein freund quand j'esgourde ce son que tu as façonné sans envie, cette production stérile, indigeste comme une plâtrée de ponchki agonisant dans une huile figée depuis bien trop longtemps. Ah, comment ? Tu étais trop occupé à plancher tes lignes de basse ? Ah parce que tu fais de la basse aussi ? C'est donc ça.
Pop pop pop podop dop dop tchiiing. Siegmaaaar. Maintenant, c'est fini, tu arrêtes de faire mumuse avec ton clavier. Tu le débranches, tu le ranges, tu le donnes... mais par pitié arrête d’embêter tes petits copains avec ce foutu clavier.

Je dois le confesser, tout n'est pas si noir une fois passé l'obstacle musical, il reste même quelques points positifs qui permettent à cet album d'éviter le naufrage absolu : les images et les mots. L'artwork, signé par le photographe/designer Jarek Kubicki, est sombre, énigmatique et plutôt chiadé. Quant aux textes, ils broient du noir par container et dépeignent un être humain au bord du précipice, hanté par la peur, le chaos, la dépression. L'abîme. Orion excelle pour décrire ces sensations de non-retour, cette peine qui ronge lentement chaque partie du corps telle la vermine se régalant du corps d'un souffreteux. J'allais finalement clore cette chronique sur cette dernière bonne impression mais mon regard innocent s'est attardé à l'intérieur du beau digipack pour y croiser quatre punchlines, soigneusement dispersées sur chaque volet. Et là, c'est le drame.

"Et personne ne saura jamais que tu es en train de mourir… seul" : t'es trop fort... mais comment t'as su ?
"Laisse les autres voir ce que tu ne vois pas, il n’y a pas de lumière à la sortie du tunnel" : le scoop de l'année : Gilbert Montagné est polonais !
"On t’a confié un souhait... sans te donner la force de le réaliser" : non, mais allô quoi, t'as un souhait, tu le réalises pas ! PTDR
"La plus grande des pertes est ce qui meurt en chacun de nous… pendant que nous vivons" : c'est clair, là, c'est foutu.

Mon petit doigt me dit que ce "Deus ex machina" ne fera pas date, j'en reviens d'ailleurs sur les suspicions d'album de fin de contrat que j'ai évoqué en début de chronique. Aucune tournée programmée. Pas de bandcamp. Pas de soundcloud. Il ne me reste donc que ce "Dismay", encore proposé il y a quelques semaines par Metal Blade sur son site avant d'être finalement retiré, pour vous donner un petit avant-goût de ce qui vous attend si vous décidez malgré tout de franchir le pas...

Ou pas.

« Je vous demande parrrrrdon, je vous demande parrrrrdon, j’implorrrre votre grandeur d’âme, parrrrdon cher audiiiiteur, je vous demaaaande pardon… »



http://www.vesania.pl/ - 104 visite(s)


Rédigé par : TarGhost | 07/20 | Nb de lectures : 11583




Auteur
Commentaire
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IP:90.25.205.219
Invité
Posté le: 20/11/2014 à 13h59 - (114834)
Ok, ils ne ce font pas trop mal, cependant le titre en écoute je ne le trouve pas mauvais, à voir sur la totalité de l'album.

Jean-François
IP:82.239.187.246
Invité
Posté le: 20/11/2014 à 17h54 - (114838)
Belle chronique, Nicolas

Maxgrind
IP:2.8.13.207
Invité
Posté le: 20/11/2014 à 17h55 - (114839)
Merci d'avoir prévenu... Rien que le titre en écoute est un calvaire...

Vesanul
IP:88.162.161.211
Invité
Posté le: 21/11/2014 à 18h29 - (114884)
Effectivement un calvaire... Et puis c'est quoi, Halucha, sa frustration latente envers le IIIème Reich ? Le pseudonyme Heinrich... Et maintenant le Beetle Juice en tenue d'officier nazi, ça fait un peu pitié quand même...

S0D0
IP:92.161.15.33
Invité
Posté le: 20/12/2015 à 13h41 - (118988)
Ca c est du bon groupe de merde.

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