Pour nous belges, et toutes proportions gardées, CHANNEL ZERO est un peu notre Gojira à nous. Le groupe qui le premier a vraiment mis la Belgique sur la carte du metal, le groupe qui à su s’exporter à une époque pré-internet où percer à l’étranger était une sacré gageure. Pour beaucoup d’entre nous, et pour moi plus personnellement, « Unsafe » reste un des plus grands disques de metal belge de tous les temps. Une œuvre avec laquelle j’ai grandi et que je réécoute encore régulièrement aujourd’hui. CHANNEL ZERO, qui tire son nom d’un morceau de Public Enemy, signe d’absolu bon gout, avait splitté puis était revenu par la grande porte avec une série de sept concerts, tous sold-out, à la mythique Ancienne Belgique de Bruxelles. Puis un single médiocre et un album en demi-teinte (pour être gentil) plus tard, Phil Baheux meurt subitement et le groupe, en train d’enregistrer son futur album, perd l’un de ses membres fondateurs. Dur. Très dur. Mais les hommes de Franky DSVD se sont rassemblés et on décider de continuer l’aventure (avec le mercenaire Roy Mayorga à la batterie sur ce disque) sans lui, pour lui, pour livrer, j’y viens enfin, ce « Kill All Kings », sixième album du groupe. Un disque dont on n’attendait pas grand-chose, enfin moi du moins, mais qui s’avère être une excellente surprise.

J’ai acheté tous les disques du groupe, plus par dévotion nationale envers cette légende du Metal de chez moi et par respect pour « Unsafe » que pour leur qualité respective, et celui-ci ne fait pas exception à la règle ; je pensais l’écouter deux fois, en faire la chronique et le ranger avec les autres mais je me surprends à l’écouter souvent et à vraiment l’apprécier. Si on cherche un disque de Metal contemporain, moderne, accessible et efficace alors c’est cet album qu’il faut se procurer. Evidemment, le groupe a changé de style depuis « Unsafe », les influences thrash sont beaucoup plus ténues même si on retrouve une touche thrashy sur certains riffs (« Kill All Kings » en tête), le côté crossover et hardcore est lui totalement passé à l’as avec l’évolution du groupe qui a opté de mettre le cap sur le Metal et seulement le Metal. Ils se sont concentrés sur l’écriture et ça s’entend, les compos sont carrées, puissantes, catchy et certaines sont vraiment inspirées. Difficile de résister à des titres comme « Crimson Collider », « Burn The Nation » ou « Dark Passenger » judicieusement placé en ouverture du disque. CHANNEL ZERO sait se montrer à la fois musclé et mélodique lors de nombreux refrains qui démontrent que Franky DSVD est un excellent vocaliste doublé d’un sacré frontman. Il n’a jamais aussi bien chanté que sur ce « Kill All Kings ».

Ce disque est sans conteste le plus orienté mélo de leur discographie et les belges ont mis l’accent sur cette composante de leur musique. Les refrains sont en majorité très bons, restent bien en tête et on se surprend à les chantonner comme ça au débotté mais la musique aussi brille par sa qualité mélodique. Le titre « Brother Keepers » démontre toute l’habileté des belges et entérine l’intégration de Mickey Doling. Il débute par des arpèges avant de s’envoler et d’enchaîner avec un solo de Doling pour redescendre avec les arpèges du début. Un des gros moments de ce disque qui en compte de nombreux. CHANNEL ZERO réussit sa mue et livre un disque compact et aéré à la fois, catche et résolument Metal dans son approche. « Kill All Kings » rassemble des influences américaines comme Prong ou Machine Head mais aussi européennes, je ne peux pas m’empêcher de penser que « Kill All Kings » est le disque que In Flames essaie désespérément de sortir depuis dix ans.

On pourra regretter quelques titres un peu plus faibles, « Duisternis » avec son chant en trois langues dont le français chanté avec l’accent flamand dégueulasse de Franky en est la meilleure illustration. Certaines paroles aussi souffrent d’une trop grande naïveté et d’un manque de profondeur même si elles s’attaquent à des sujets contemporains et d’actualité. La production aussi peut être soumise à quelques réserves. Elle est certes claire et puissante mais trop uniforme, elle souffre d’un manque d’identité. Je regrette un peu le grain et la touche rocailleuse du son made in André Gielen. Pour finir, comment ne pas évoquer le morceau hommage a Phil Baheux « Angel » ici présenté dans « deux versions » différentes. En effet « Heart Stop » est le morceau original qui a été transformé en « Angel » après la mort de Phil. Rien qu’au niveau de l’intensité, des émotions et de la force qui se dégage du chant de Franky, « Angel » surpasse facilement « Heart Stop ». Quelle plus belle façon de terminer un album de qualité qui s’avère être une vraie bonne surprise

On notera aussi que le disque est vendu dans une version avec un dvd live bonus. Ce live est toutefois le même qui avait été commercialisé sous forme de coffret CD/DVD "Live a l'Ancienne Belgique". C'est une bonne occasion de voir cet excellent live pour ceux qui ne possèdent pas la première version. Le groupe, avec Phil, y est à son meilleur et c'est un bonheur d'entendre tous ses anciens morceaux joués sur scène.




Rédigé par : Seb On Fire | 15/20 | Nb de lectures : 11573