Le cadavre est encore chaud. Des volutes de fumées s’échappent des trous béants causés par les blasts fumants, le sang s’échappant des multiples orifices ne coagule pas encore. 12 albums à son actif, des centaines de concerts aux 4 coins du monde, une vie de troubadour bien remplie.
CANNIBAL CORPSE a marqué l’Histoire du Death Metal.
Et, vraisemblablement, compte bien la marquer encore...!

Comment trouver la motivation et l’envie, après avoir tout vécu, tout bâti ? Nul ne le sait. Mais, la puissance du Death Metal est plus forte que la mort...
CANNIBAL CORPSE est plus que jamais vivant et conquérant.
"A Skeletal Domain" va lui permettre de trôner encore quelques années sur le toit du monde.

Évoluer sans changer, changer sans vraiment changer, c’est par ces subtilités linguistiques que CANNIBAL CORPSE arrive, depuis plusieurs albums, à se renouveler sensiblement.
"A Skeletal Domain" ne déroge pas à la règle. Il s’agit d’un pur album de Death Metal, groovy et violent, avec des riffs entraînants, des beuglements gutturaux d’outre-tombe, des rythmes violents et headbanguants, et un cocon sonore rugueux, grondant, gras et puissant.

Ne perdons pas de temps avec les détracteurs du groupe et les aigris, ils auront, comme habituellement, du blast à moudre avec ce nouvel album.
Car il est évident que CANNIBAL CORPSE joue du CANNIBAL CORPSE.

Pourtant, "A Skeletal Domain" déborde pourtant d’une hargne et d’une énergie particulièrement virulente, suffisant pour reléguer les albums précédents (et pourtant fort plaisants) à des vulgaires démos.
Tant dans les riffs teigneux que dans les rythmes réellement violents, l’auditeur perçoit et ressent cette agression comme un uppercut brutal en plein plexus. On en ressort secoué, suffocant, mais séduit.

Car oui, indéniablement, "A Skeletal Domain" sera à classer parmi les meilleurs albums du groupe (post "Gallery Of Suicide"), si ce n’est le meilleur.
16 années après leurs débuts, CANNIBAL CORPSE a toujours autant la rage.
Il est loin le temps de ‘The Wretched Spawn’ et de ‘Kill’, et de l’omniprésence de la lourdeur pachydermique. "A Skeletal Domain" regorge de morceaux virulents et teigneux, ne laissant pas tant de place aux Mid-tempos pesants.
Sans trahir ses milliers de fans, sans rompre avec son identité musicale et visuelle forte, CANNIBAL CORPSE a pris le parti de sortir un album gorgé en testostérone et en brutalité.
Cela se traduit par des morceaux terriblement efficaces, et surtout vraiment rapides et agressifs.

La gestion rythmique, loin d’être l’atout principal du groupe habituellement, est ici totalement transfigurée. Outre cette omniprésence de l’agressivité, traduite en blastbeats fulgurants, les morceaux sont quasiment tous construit autour de trame évolutive, où Mid-tempos, accélérations et rythmiques ‘Cannibalienne’ se côtoient et s’agencent toujours différemment.
Une gestion rythmique intéressante à plus d’un titre, car outre cette violence délectable, les titres en deviennent plus efficaces et percutants. Le tout étant, comme pour "Torture", parfaitement mis en valeur par un son énorme, légèrement grave et 'old-school', mais avec une puissance et un équilibre judicieux.

Fidèle à lui-même, CorpseGrinder beugle avec la même intensité, et son timbre de voix – toujours constitué de growls et de cris aigus – conserve le même poids et le même impact sur le style du groupe. Inutile d’espérer du changement sur ce point, et c’est tant mieux, car le gentil géant au cou large comme une cuisse de rugbymen porte une grosse partie de l’identité du groupe dans ses cris.
Sans jamais, finalement, bouleverser son style, CANNIBAL CORPSE a su ajouter suffisamment de mordant et d’inspiration dans "A Skeletal Domain" pour le rendre vraiment intéressant. Même dans les riffs, pourtant classiques et totalement ancrés dans la mouvance Death Metal, on sent cette forme d’envie, cette énergie presque nouvelle, aux sonorités légèrement plus sombres, dont se pare ce 13ème album.

Une jolie réussite, en forme de surprise, pour un album excellent, peut être même indispensable.




Rédigé par : ..::Ju::.. | 16,5/20 | Nb de lectures : 16504