LOST UBIKYST IN APEIRON - Abstruse Imbeciles Nailed On Slavery (Autoproduction) - 05/11/2014 @ 07h54
Les VSeurs les plus fidèles auront peut-être croisé au fil des années, parmi nos commentaires sur les chroniques, le pseudo de Schrissse de Nice, VSeur fidèle lui aussi. VS ou le carrefour des musiciens Metal français vu que Schrissse de Nic… de Pontarlier désormais a son propre groupe. Non pas THE GATEWAY, groupe de Metal progressif dont il faisait partie jusqu’à son split en 2006, mais l’entité LOST UBIKYST IN APEIRON, qui est tout simplement un one-man band. Un one-man band français de Metal dit progressif, cela n’a rien de révolutionnaire sur le papier, mais le travail qu’il y a derrière peut avoir été important. Loin des instrumentistes Djent qui composent des EPs digitaux à la pelle, Schrissse a fignolé son projet des années durant, pour que tout soit parfait et que sorte un album travaillé dans les moindres recoins. La composition de Abstruse Imbeciles Nailed On Slavery a donc débuté en 2007 et son enregistrement s’est terminé en 2013, le tout dans le home studio de Schrissse. Un pur one-man band de l’œuvre d’un pur artiste, qui a digéré et arrangé ses nombreuses influences en un album réussi et abouti, le tout sans crier gare et sans démo. Les meilleurs albums de l’année sont souvent des surprises ou des disques débarqués de nulle part, LOST UBIKYST IN APEIRON ne va pas déroger à la règle avec son excellent Abstruse Imbeciles Nailed On Slavery.

« Metal progressif » est un terme en passe de devenir vague et fourre-tout, désignant souvent des groupes brassant moult influences. LOST UBIKYST IN APEIRON joue dans cette cour et va donc nous livrer un Metal progressif complexe, dur mais mélodique, souvent technique mais souvent efficace aussi, atmosphérique et futuriste. Un melting-pot évoquant le chantre du Metal progressif « extrême » français qu’est KALISIA, surtout que Schrissse et la bande à Brett partagent les mêmes influences, situées dans les scènes Techno-Death et Death progressif. Point de symphonique cependant chez LOST UBIKYST IN APEIRON qui fait surtout ressortir l’influence de tous les projets de DEVIN TOWNSEND, le tout conjugué à du Metal énergique et mélodique, entre Thrash moderne et mélodeath, empaqueté dans des envolées progressives et des pauses ambiantes qui font de Abstruse Imbeciles Nailed On Slavery un album très riche de 70 minutes (tout pile), guidé par une thématique pas aussi conceptuelle que celle du Cybion de KALISIA, mais une thématique « dans l’air du temps » que vous pouvez découvrir plus en détail dans notre interview track-by-track. Place à la musique car LOST UBIKYST IN APEIRON va de ce côté être également très bavard.

Larsen, branchement de jack, « go ! » : c’est parti avec ce génial morceau d’ouverture qu’est "Nothing to S(l)ave". On y découvre le riffing très accrocheur de Schrissse et son goût pour les jolies mélodies, ainsi que son chant très convaincant que ce soit en registre clair et hurlé, témoignage évident de l’influence de DEVIN TOWNSEND. L’art de LOST UBIKYST IN APEIRON dévoile également sa complexité, fait de nombreuses couches et d’arrangements, même s’il faut être habitué à tout ce qui est Metal prog extrême pour bien suivre surtout quand le tempo s’emballe et que les leads et solos fusent à toute vitesse. Mais le temps du repos va arriver bien vite vu que dès "The Way", Schrissse va poser ses magnifiques ambiances futuristes à l’aide d’électronique léché et de chant vocodé, pour un morceau à nouveau porté par les excellentes guitares ainsi que le chant clair maîtrisé, morceau qui s’autorise des envolées particulièrement jubilatoires. Le plaisir est prolongé par ce sublime interlude éthéré qu’est "Deaf to Reason", se terminant par des guitares acoustiques quasi-FLOYDiennes. "Final Roar" retrouve ensuite le côté plus direct de "Nothing to S(l)ave", avec à la clé de biens beaux breaks au sein d’un morceau parfaitement mené. Même chose pour "Blind Cyclops" qui n’hésite pas à donner dans l’accélération salvatrice et le solo mirifique, mais le meilleur de LOST UBIKYST IN APEIRON se situe quand même dans son travail des atmosphères et des arrangements, et à ce titre le fleuve "Swallow the Earth" et "Dead and Gone" vont se distinguer au sein de Abstruse Imbeciles Nailed On Slavery. Entre passages atmosphériques feutrés, riffs de premier choix, belle composante acoustique, chant prenant, structures et progressions résolument progressives, apport des claviers… ces pièces sont un régal. Un régal prolongé par l’étonnant "Sarkoma", reprise d’un morceau de Reggae qui donne au bout une splendide piste de Metal futuriste.

A ce stade tout est parfait concernant Abstruse Imbeciles Nailed On Slavery, aussi les trois derniers morceaux, "The Void", "Gaïane" et l’interlude "Peace", n’apportent rien de plus et LOST UBIKYST IN APEIRON se répète un tantinet, bien que les qualités inhérentes au projet de Schrissse sont toujours au rendez-vous. Projet qui va aussi un peu souffrir de son statut de « one-man band produit de A à Z à la maison », le son en pâtit à certains moments, les moments plus « Metal » : les grattes sont parfois trop agressives pour un style habitué aux productions claires et propres, et lorsque la musique se complexifie ou lorsque le tempo dépote l’ensemble est légèrement confus, surtout de par le grain de batterie programmée qui est du genre à filer des boutons à ceux qui ne jurent que par le son organique de cet instrument. Cet aspect trop « autoproduction », avec la fin de l’album plus classique, finit par faire louper de peu à Abstruse Imbeciles Nailed On Slavery le titre d’excellence suprême, mais comment à vouloir à Schrissse vu le boulot qu’il abattu tout seul pour LOST UBIKYST IN APEIRON depuis plus de 7 années ? Ce qui est proposé pour un premier album mérite déjà un profond respect, et si des axes d’amélioration et de progression sont possibles, Abstruse Imbeciles Nailed On Slavery peut déjà se suffire à lui-même tant le style a été travaillé et les influences assimilées pour un album déjà original, bien que pas forcément révolutionnaire. Un peu le LASCAILLE’S SHROUD français, avec un côté plus efficace. Nous avons donc tout simplement affaire à un magnifique album « Made In France » qui ravira un large public, amateur de Death/Thrash progressif, des DEVIN TOWNSENDeries et des groupes de Metal qui manipulent avec une certaine aisance les ambiances futuristes. Du très bel œuvre qui peut aisément être considéré comme un des indispensables du Metal français de 2014 !



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Interview Track-by-Track - 98 téléchargements


Rédigé par : ZeSnake | 16.5/20 | Nb de lectures : 11946




Auteur
Commentaire
Félix
IP:80.12.35.52
Invité
Posté le: 05/11/2014 à 09h34 - (114513)
Ce mec est hyper bon. Il s'est certainement arraché les tifs par moments pour le mix. Pour une musique aussi complexe et un travail aussi conséquent j'aurais peut être confié le mix à un pro histoire d'avoir une oreille extérieure et les meilleure techniques. Bravo en tout cas.


V.R.S.
Membre enregistré
Posté le: 05/11/2014 à 09h45 - (114514)
Superbe découverte pour ma part !



Moulinexxx
Membre enregistré
Posté le: 05/11/2014 à 10h16 - (114516)
Ca a l'air effectivement très intéressant, mais je ne trouve pas vraiment de ressemblance avec Devin Townsend.

DIMECHAG
Membre enregistré
Posté le: 05/11/2014 à 15h25 - (114520)
Très chouette Kronique, et pour avoir déjà partager la scène et le 'travail' avec Shrisss, effectivement Felix, il s'est arraché les cheveux, mais apparement ça repousse bien ;-)
En tous cas ça met la branlé à un paquet de merdeux à mèches.
Bravo





gothenburg
Membre enregistré
Posté le: 09/11/2014 à 22h59 - (114632)
le nom du groupe a il un rapport avec K. dick? et UBIK donc? Sinon je vois pas...

L' animal
IP:85.4.160.97
Invité
Posté le: 10/11/2014 à 23h10 - (114669)
Sa aurait clairement mérité la même chronique que le dernier Slipknot ! Mais comme c' est français et le mec fait un peu partie de la famille du webzine, ben c' est un chef d' oeuvre...lol

ZeSnake
Membre enregistré
Posté le: 10/11/2014 à 23h23 - (114672)
:facepalm:

Godfroid
IP:109.210.6.139
Invité
Posté le: 11/11/2014 à 14h38 - (114676)
Petit probleme avec le son de batterie pas assez organique et/ou trop en avant. Les vocaux sont bons mais pas au niveau de la musique proposée, contrairement a devin townsend cité en référence (je ne vois pas trop le rapport moi aussi). Quelques guest a ce niveau aurais apporter un cachet considérable.
Sinon pour le reste, les ambiances, l'artwork, l'energie, la diversité entre parties prog et extreme, la fraicheur c'est genial!! Merci VS pour cette découverte et merde au dernier slipknot

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