NACHTMYSTIUM - The World We Left Behind (Century Media) - Selection VS du 22/08/2014 @ 08h19
NACHTMYSTIUM a toujours été lié aux humeurs de son leader Blake Judd alias « Azentrius », tête pensante du groupe et seul membre fondateur encore présent, le line-up du groupe américain étant du genre instable. Alors quand la vie privée de Judd s’emballe, NACHTMYSTIUM en pâtit. Arrêté en octobre 2013 pour des faits de vol, qui ont fait remonter à la surface sa réputation de rip-off, Judd a donc décidé de se mettre au vert. Et c’est NACHTMYSTIUM qui en subit les conséquences, avec l’annonce d’un split. Mais d’une part, il est possible que le split se transforme en un simple repos. D’autre part, et quoi qu’il advienne, la fin de NACHTMYSTIUM ne se sera pas produite brutalement en novembre 2013 vu qu’un album, enregistré à l’été 2013, était dans les tuyaux. The World We Left Behind est donc présenté comme le septième et ultime album de NACHTMYSTIUM. Certes, le groupe américain ne serait ni le premier ni le dernier à présenter un « dernier album » avant de changer d’avis et de redémarrer sa carrière, l’exemple MINISTRY est assez parlant. Mais comme le sticker concocté par Century Media prétend que nous avons affaire à « The Final Studio Album », on va l’admettre et ensuite on verra bien de quoi sera fait l’avenir. Mais en vérité, NACHTMYSTIUM ferait tout aussi bien de s’arrêter ici…

Non pas parce qu’il ne vaut plus tripette, vous avez déjà remarqué que cet album est dans le cadre « Sélection VS », c’est qu’il doit être bon. Mais car NACHTMYSTIUM pourrait être un des rares groupes qui peut se permettre de partir à l’apogée de sa carrière, partir sur une bonne note, partir sur un chef-d’œuvre, partir sur deux chefs-d’œuvre d’ailleurs. Avec Silencing Machine et maintenant The World We Left Behind, NACHTMYSTIUM a tout dit et il serait difficile de faire mieux par la suite. Ajoutons à cela une carrière complète, entre des débuts plus crus, l’évolution en douceur (Demise, Eulogy IV, Instinct:Decay), les expérimentations (Instinct:Decay également, Assassins, Addicts), et le final qui résume tout avec une inspiration au top. Il y a deux ans, Silencing Machine avait été une excellente surprise, NACHTMYSTIUM ayant enfin trouvé son équilibre et sa perfection sonore au sein d’un album de Black délicieusement décharné et apocalyptique. Le groupe aurait déjà pu s’arrêter là mais Blake Judd avait encore quelques choses à dire, avait encore quelques univers à exploiter. Car pour résumer une carrière avant de partir, il faut en faire tout le tour.

Silencing Machine explorait donc la voie traditionnelle de NACHTMYSTIUM, celle d’un Black cru mais non moins atmosphérique et réfléchi. The World We Left Behind va lui remettre les velléités psychédéliques de Judd sur le devant de la table, velléités qui ont aussi jalonné une partie de la carrière de NACHTMYSTIUM. En quelque sorte, The World We Left Behind est à Addicts ce que Silencing Machine est à Assassins. Le « psyché » est donc remis au premier plan, mais de la bonne manière, pas celle de Addicts qui souffrait d’un trop-plein d’atermoiements psyché, sans convaincre et sans conviction. La réinjection de psyché dans le BM qui se situe tout de même dans la lignée de Silencing Machine va donc nous donner un album contrasté mais équilibré, mélodique et accrocheur, efficace et planant. Et surtout, servi par un groupe qui est au sommet de sa forme, Blake Judd bien évidemment mais aussi ses nouveaux contributeurs toutefois un peu inconnus au bataillon (citons John Porada le bassiste Live d’ABIGAIL WILLIAMS, et Sam Shroyer batteur de HATE MEDITATION l’autre projet de Judd), et surtout le son est au top, toujours sec et rêche comme pour Silencing Machine mais parfaitement adapté au Black que nous propose NACHTMYSTIUM. Un Black à la fois percutant et raffiné, avec une ambiance particulièrement libératrice, en totale cohérence avec les paroles. Voilà le monde musical que NACHTMYSTIUM va laisser derrière lui.

Alors que Silencing Machine démarrait directement sur les riffs croustillants de "Dawn Over the Ruins of Jerusalem", The World We Left Behind s’offre une véritable intro, "Intrusion". On (re)découvre donc l’univers sonore de NACHTMYSTIUM avec ces trémolos qui en irriteront plus d’un mais qui fonctionnent toujours à merveille, ainsi que le jeu de batterie tout en finesse de Sam Shroyer qui va émailler cet opus. Intro qui se termine par d’excellents riffs implacables mais c’est "Fireheart" qui lance vraiment ce « dernier » album. Et NACHTMYSTIUM s’essaye avec brio à une sorte de Post-Black mélodique très accrocheur de par sa simplicité et son ambiance dépouillée (avec juste ce qu’il faut de touches psyché), et la voix de Blake Judd est toujours aussi prenante, surtout quand il s’essaie au refrain direct et fédérateur, qui fait mouche et lance The World We Left Behind sur les chapeaux de roue. Mais le meilleur est à venir avec ce morceau génial qu’est "Voyager" : mélodies et rythmiques sont particulièrement entraînantes, et l’ensemble est porté par un Blake Judd qui donne tout, le refrain est tout simplement imparable, emportant l’auditeur dans le voyage pendant 7 minutes, 7 minutes qui constituent une des toutes meilleures œuvres de NACHTMYSTIUM. Dans son élan le groupe va donc livrer un de ses autres tout meilleurs morceaux avec "Into the Endless Abyss" : une pièce résolument épique de par les blasts, les vocaux déchirants de Judd et les trémolos salvateurs. On découvre également les synthés bizarroïdes de Dustin Drenk, dans la lignée de ceux de Sanford Parker mais en plus psychédélique, faisant pencher le morceau vers du ORANSSI PAZUZU d’autant que passé 4 minutes, la section rythmique se fait plus percutante et NACHTMYSTIUM excelle également lorsqu’il s’agit de faire taper du pied grâce à des riffs mordants. Une abysse sans fin excellente jusqu’au bout.

Après avoir pour ainsi dire atteint la quintessence de son art, NACHTMYSTIUM va logiquement un peu marquer le pas, pour un milieu d’album un peu moins marquant mais toujours plaisant. "In the Absence of Existence" retrouve les sonorités de gratte qui ont fait le charme de "Borrowed Hope and Broken Dreams", pour un morceau plus cool et très mélodique, qui finit toutefois par se traîner en longueur. Mais NACHTMYSTIUM parvient pourtant à surprendre grâce aux claviers, presque symphoniques, posant une atmosphère plutôt majestueuse. Le morceau-titre est ensuite plus rythmé mais plus classique, dans la stricte lignée décharnée et dépouillée de Silencing Machine, mais l’ensemble est encore une fois relevé par quelques petites touches originales (ici des chœurs) et surtout le chant de Blake Judd qui sublime encore une fois le refrain. NACHTMYSTIUM va surtout réserver ses dernières forces pour la fin de l’album. Tout d’abord avec le single "Tear You Down", assez à part car beaucoup plus psychédélique : la première partie dopée au LSD est très hypnotique, tandis que la seconde partie, assez proche d’un "Decimation, Annihilation", constitue le passage le plus sombre et possédé de The World We Left Behind où les « Tear You Down, Set You Free » de Judd sont particulièrement pesants et aliénants. Après cette folie NACHTMYSTIUM redevient beaucoup plus terre-à-terre avec "On the Other Side" qui est le véritable tube de cet album, faisant écho à l’inoubliable "Borrowed Hope and Broken Dreams". Difficile de ne pas taper du pied avec riffs et patterns de batterie, en reprenant les lignes vocales terriblement accrocheuses de Blake Judd !

Il est alors temps pour NACHTMYSTIUM de quitter ce monde avec "Epitaph for A Dying Star" qui est un parfait chant du cygne, où Blake Judd se livre à sa transcendance musicale. Une élévation vers les cieux accompagnée de montées épiques, de mélodies libératrices et de chœurs féminins, avec des paroles à l’avenant. Un grand final lumineux bien plus marquant que "These Rooms in Which We Weep", qui sera un peu le "High Hopes" de NACHTMYSTIUM (bon tout est relatif quand même… on est d’accord). Et à l’instar de PINK FLOYD, ce serait une splendide conclusion discographique, qui dans un monde idéal ne devrait pas être parasitée par une suite qui aura du mal à faire aussi bien. Si NACHTMYSTIUM s’arrête bien avec ce 7ème album, il peut s’éteindre l’esprit tranquille car The World We Left Behind, qui porte bien son nom pour un testament et une épitaphe, est tout simplement l’aboutissement musical de la formation menée par Blake Judd. C’est certes l’album le plus mélodique du groupe, qui est définitivement parti très loin de Reign Of The Malicious en 12 ans, mais c’est ce que NACHTMYSTIUM a fait de mieux, de plus équilibré et de plus inspiré, et il est logique qu’il serve de point final à la carrière du groupe. Un point final en deux temps car The World We Left Behind me semble indissociable de Silencing Machine, comme l’étaient Assassins et Addicts, à la différence que cette fois-ci le groupe a su faire bien mieux. The World We Left Behind excelle donc dans le rôle de l’opus plus mélodique, plus psychédélique et plus accrocheur, en dépit de morceaux moins bons que les autres, de quelques répétitions et de choix sonores qui encore une fois ne plairont pas à tout le monde avec ces fameux plans guitaristiques jugés « infects » par les détracteurs. Mais NACHTMYSTIUM a fait son œuvre sans révolutionner son style, et s’arrête au moment où sa musique a atteint sa meilleure qualité, et c’est assurément le bon moment car il sera désormais très difficile de surpasser voire d’égaler Silencing Machine et The World We Left Behind surtout que, reprise du postulat de départ, NACHTMYSTIUM est étroitement lié à la « forme » de Blake Judd. Une fin, définitive ou pas seul l’avenir nous le dira, qui se révèle être parfaite, comme un enterrement préparé et fignolé de son vivant pour qu’il soit beau et inoubliable. NACHTMYSTIUM est mort, vive NACHTMYSTIUM !



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Tear You Down - 108 téléchargements


Rédigé par : ZeSnake | 17.5/20 | Nb de lectures : 15334




Auteur
Commentaire
pyofan
Membre enregistré
Posté le: 22/08/2014 à 08h38 - (113282)
Très belle chronique, merci et qui rend hommage à cette superbe galette !!!



H77
Membre enregistré
Posté le: 22/08/2014 à 09h38 - (113283)
Cet album est juste génial. Ce serait vraiment dommage de s'arrêter là dessus!



gloom
IP:78.244.225.86
Invité
Posté le: 22/08/2014 à 10h34 - (113286)
superbe album posthume !
grand groupe, dommage qu'ils splittent :(

zozo
Membre enregistré
Posté le: 22/08/2014 à 13h37 - (113287)
Euh... Sauf que cet album n'est plus posthume vous savez?

mikado
IP:77.130.55.233
Invité
Posté le: 22/08/2014 à 15h08 - (113288)
c'était quoi cette afafire de vol avec Blake Judd ?

polo
IP:37.175.74.105
Invité
Posté le: 22/08/2014 à 15h14 - (113289)
Cet album est a l'image de son concepteur: Une grosse bouse. Dommage, le précédent était grandiose.

noohmsul
Membre enregistré
Posté le: 23/08/2014 à 12h16 - (113294)
Mouais... Le morceau en écoute, Voyager, n'a vraiment rien d'inoubliable...

Moshimosher
Membre enregistré
Posté le: 24/08/2014 à 18h10 - (113296)
Finalement, Nachtmystium m'a l'air plus intéressant que je ne le pensais... J'aime bien le morceau en écoute...

philoxera
Membre enregistré
Posté le: 25/08/2014 à 18h49 - (113304)
Je m'en vais tout de suite voler cet album

hammerbattalion
Membre enregistré
Posté le: 25/08/2014 à 22h03 - (113307)
Cela rappelle plein de trucs norvégiens des années 90, mais c'est vraiment bon, achat en vue.



Sixtus
Membre enregistré
Posté le: 26/08/2014 à 10h44 - (113310)
Bon album mais un peu en dessous de Silencing Machine en ce qui me concerne, un peu moins inspiré (le refrain de The World We Left Behind qui revient trop souvent et qui gâche un peu le morceau par exemple).


TX
IP:199.168.151.164
Invité
Posté le: 28/08/2014 à 22h15 - (113324)
Tres bon album, musicalement.
Mais le fait que le chant soit tres facilement comprehensible et que les paroles soient dignes d'un groupe d'emo qui debute rend l'ecoute penible je trouve.

th
IP:78.149.77.52
Invité
Posté le: 30/08/2014 à 20h03 - (113385)
Tout pareil que TX

damikachu
Membre enregistré
Posté le: 02/09/2014 à 10h28 - (113404)

Très bon album à mon goût mais effectivement je comprends que ça puisse rebuter.

Il faut aimer le groupe, son style, et passer outre les relatives faiblesses (refrains trop récurrents mais Judd ne cache pas son attrait pour les structures plus "pop").

Non, les paroles ne sont pas nazes, elles sont honnêtes... Et compréhensibles (même sans livret) car, encore une fois, Judd ne serait pas contre un chant clair, il l'a déjà dit.

Belle chro, je suis également sceptique de ce que pourrait donner une suite à cet album...




ecrasatator
IP:89.87.68.109
Invité
Posté le: 02/09/2014 à 18h27 - (113417)
ENORME...une superbe conclusion d une carriere discographique inoubliable....original,c st leur principale qualité

Deadloz
IP:81.53.134.32
Invité
Posté le: 03/09/2014 à 02h18 - (113426)
Acheté aujourd'hui, agréablement surpris de son énergie et de son ambiance, une belle conclusion pour un groupe sous estime à mon goût

Bernard
Membre enregistré
Posté le: 03/09/2014 à 16h20 - (113434)
Pas mal, mais pour l'instant je ne suis pas encore totalement conquis et lui préfère toujours 'Silencing Machine'. Avis non définitif...

jambon
IP:84.226.182.113
Invité
Posté le: 12/09/2014 à 21h53 - (113579)
5 secondes pour dire que ces mecs aiment un peu trop Dissection :-)

Onche
IP:94.217.29.74
Invité
Posté le: 13/09/2014 à 11h57 - (113589)
Si on arrive à faire abstraction de tout ce que le groupe a pu pondre depuis 2006 et de la réputation de Blake Judd, l'album est catchy, propose de très bonnes idées, insiste parfois un peu trop sur certaines, a des paroles franchement mauvaises pour donner, au final, un album bon, mais sans plus.
En revanche ayant énormément écouté tout ce que le groupe a pu faire et suivant de près tout ce qui se raconte sur Blake Judd en ce moment, je ne peux pas m'empêcher de trouver cet opus léger et inquiétant pour la suite. Un, Judd semble en roue libre sur ce disque, un mode camé raide comme une planche, recyclant des idées déjà proposées avant, avec une intensité bien moindre là où le groupe sonnait auparavant fier et menaçant. Deux, la contribution des anciens membres ou proches du groupe fait cruellement défaut ici, surtout Chris Black pour les paroles et Sanford Parker pour la touche d'indus et le prod. C'est d'autant plus frappant que le dernier Twilight donne l'impression d'avoir l'attitude, le son, la noirceur qui manque à ce disque, comme ce disque semble avoir les structures, la dynamique et les mélodies qui manquent au dernier Twilight.
Bref, ce disque vaut un petit 12 à mes yeux et risque fort d'être ma déception de cette année.
En revanche, ça risque d'ouvrir du monde aux charmes d'Addicts, Worldfall et Assassins. J'espère qu'ils en profiteront.

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