Phlegeton, beugleur de WORMED et HUMAN MINCER, se lance dans le Black Metal. Et pourquoi pas, après tout... ?
Il s’est associé avec David "Escricher" Pérez, qui s’occupe ici de la basse, la guitare et les claviers. Le duo a enregistré, mixé et masterisé lui-même son album, au ‘Delta314 Sound Studio’. Respect, car le résultat sonore est vraiment honnête.

Oubliez tout rapprochement avec WORMED ou HUMAN MINCER : WRONG, c’est du Black Metal, qui s’aventure dans l’ambiant et le Doom par instants.
Malheureusement, pour qui apprécie les autre groupes de Phlegeton, le chant de l’espagnol sera déstabilisant : il est ici totalement ‘Black’, c’est-à-dire hurlé sur un timbre très aigu, mais à la sauce ‘Phlegeton’. Il y a une sorte de réverb growlée dans son cri, un truc viscéral qui rend ce chant angoissant et sauvage, et en même temps étrange.
Assez éloigné finalement des poncifs du genre ; mais je n’accroche pas du tout à son type de chant (trop influencé par ses excellents borborygmes avec WORMED…)

Musicalement, WRONG s’inspire en grande partie de la scène norvégienne, et utilise les leads et trémolos pour instaurer une ambiance sombre et inquiétante.
Sauf que le duo espagnol ne joue pas dans la même catégorie. Les riffs sont parfois trop répétitifs, et les titres traînent en longueur, sans véritablement captiver l’auditeur. La cohésion et la qualité musicale ne sont pas au niveau des alter egos.

WRONG a cependant eu l’intelligence d’utiliser ces défauts comme d’une arme pour se démarque des autres. Longueur, répétitivité, lourdeur : le Black Metal de WRONG est autant violent que pesant, et ce côté dépressif ou inquiétant peut aider le groupe à affiner sa personnalité.
Les morceaux sont étirés au maximum, et regorgent de passages lents, lourds et sombres. Les blastbeats, bien présents, ne servent finalement que d’ornement violent, mais ne constituent pas un mode d’expression privilégié.

Les mélodies au piano, distillées lors des nombreux passages non blastés, apportent un côté angoissant et légèrement morbide, et renforcent le sentiment d’abandon et de désespoir qui règne sur ‘Pessimistic Outcome’.

La répétitivité est également utilisée pour alourdir et personnifier le Black de WRONG. S’inspirant de l’une des caractéristiques de la scène Doom, le duo étire et fait durer les morceaux, tentant (parfois vainement) d’hypnotiser l’auditeur et de le placer dans un contexte pesant et entêtant. La lourdeur Doom et les mélodies au piano contrastent avec les hurlements de gargouille, pour un résultat étrange.

Étrange et atypique, ce ‘Pessimistic Outcome’... A la fois Black et Doom, sans le côté ultra lent de ce second, ce deuxième album du duo espagnol ne laisse pas indifférent, sans vraiment convaincre. L’ambiance instaurée, renforcée par les paroles opaques, aide à personnaliser l’album, mais sans séduire sur la longueur.

Pourtant, la qualité musicale est indéniable, les idées présentes. Même si le son ne me plait pas trop (à cause de la sonorité de guitare, un peu trop en retrait), il est suffisamment clair et équilibré pour satisfaire.

Assez éloigné du black Metal classique, alors que tout musicalement l’en rapproche, ‘Pessimistic Outcome’, joue sur l’alternance ‘violence/lourdeur’ pour proposer un album finalement assez personnel, mais auquel je n’accroche pas trop.

La redondance des thèmes et des riffs, que l’on retrouve forcément habituellement, est ici exploité pour créer un climat désespérant et entêtant ; mais malheureusement trop redondant au final.
Amateurs de SHINING, EYE OF SOLITUDE et CRAFT, tentez donc l’expérience...




Rédigé par : ..::Ju::.. | 14/20 | Nb de lectures : 11735