TOMBS - Savage Gold (Relapse) - 24/06/2014 @ 07h58
Retour en studio du vilain petit canard Tombs, mal-aimé de tous, à la notoriété stagnante, malgré l’excellence de leur discographie et les efforts de la machine Relapse. Je fus atterré de les voir jouer devant seulement 15 entrées payantes (véridique) il y a 2 ans dans ce club dégueulasse de Toronto. Certes, j’ai eu droit à mon concert ‘privé’, ce qui fut triste mais excitant. J’adore plus que tout leurs 2 premières galettes, que je mets sur mon podium de chaque année auxquelles elles appartiennent. Si je les avais chroniqué au moment voulu, c’était sélection et note maximale, sachant qu’après 4 années à écrire pour VS, je n’ai pas encore eu le plaisir de mettre un album en sélection, c’est dire la place qu’à Tombs dans mon cœur métallique. Vous savez donc où vous mettez les pieds, mais point de dithyrambes car je ne peux classer ce Savage Gold au même niveau que les autres. Non, ce long opus n’arrive pas à la cheville des précédents, et pourtant, il n’en reste pas moins très bon.

Les 57 minutes de ce troisième album me font penser à cette fille que tu compares involontairement aux précédentes que tu as côtoyé, que tu apprécies un peu plus chaque fois, malgré ses à-côté sur lesquels tu ne cesses de te focaliser. Ses petits doigts boudinés te rebutent dans un premier temps, son rire débile t’exaspère, et ce n’est rien à côté de sa culotte de cheval qui prend forme. Mais rien n’y fait, même avec tous ses défauts, tu adores cette demoiselle. Et foutre dieu, Savage Gold, même éclopé et petit joueur face aux précédents, est franchement bon. Pourtant, Mister Hernandez, le batteur, n’a plus le même jeu subtil et hallucinant. Avant, il enculait tout, maintenant, il perd de sa superbe avec une palette moins variée, toujours dans cette mouvance black metal, sans la froideur requise par une prod’ accoquinée à ce style. Il offre un jeu plus simple, plus tête-dans-le-guidon et donc moins racé. Le son synthétique de la prod’ est un des talons d’Achille de ce skeud. Elle est moins personnelle, répond davantage aux critères de beauté actuels. Ils acquièrent en standardisation ce qu’ils perdent en charme et personnalité, et ce grain autrefois si particulier se fait presque absent. L’écriture des titres est plus simple, plus dépouillée. Le combo a compris ce dont ils sont capables et vont droit au but, sans user les détours qu’étaient autrefois ces folles montées en puissance et ces titres asphyxiant écrit avec les tripes. On sent que le groupe s’est moins creusé la tête pour un rendu plus direct et moins opaque, finalement plus Metal. Les petites imperfections, que l’on retrouve de ci de là, rendent l’album moins convainquant (par-là, entendre moins exceptionnel qu’à l’accoutumée).

Promotion faite par Relapse, enregistré par Eric Rutan et masterisé par Alan Douches, ça sent le dream team de l’efficacité américaine qui tente de les propulser sur le devant de la scène. Tristement, je doute que cela marche, le talent ne suffit pas toujours pour réussir. Pourtant, cette version méchante de Neurosis oscille toujours entre doom, post-core, sludge et consorts, styles ô combien appréciés depuis une demi-décennie. Ses poursuivants (Planks ou Alaskan me viennent en tête) n’ont pas le talent équivalent, et Tombs peut fièrement continuer à faire la course en tête.

Savage Gold est certes moins bon que ses grands frères, mais une fois de plus, c’est un plaisir de retrouver cette voix si particulière, qui fait le charme de la musique de ces new-yorkais. Mike Hill, dernier rescapé de la formation initiale, a un grain éraillé, un poil nasillard, comme si enfant, il avait été élevé par une famille chinoise. Son timbre, atomisé par la cigarette, fait roublard. Parfois, son chant clair est un peu à côté de la plaque, mais renforce la sincérité de cette galette. Comme toujours, on aime ou pas ce type de chant, mais il a l’avantage de ne pas être interchangeable avec n’importe lequel, et fait partie de ces combos qui doivent s’arrêter le jour où le monsieur qui tient le micro abandonne le projet. La batterie, comme expliqué plus haut, n’est plus la valeur ajoutée du combo. Le manque de folie du préposé frustre, mais tout de même, il sait martyriser ses toms, et reste très doué. La basse, comme beaucoup trop souvent, demande une écoute assidue pour savourer son jeu dans les parties plus rapides, où elle n’est pas mise en avant. Pour les passages plus lents et posés, elle est audible, à défaut d’être innovante. Le riffing guitaristique est toujours aussi subtile, sans rapidité ni technicité autre mesure, aux arpèges relativement aiguës, mais meurtriers. Les guitares ont laissé tomber la reverb’ pour un rendu toujours aussi désespéré. Chaque riff est admirablement mis en avant et valorisé par la section rythmique, sans toutefois n’être une seule seconde aguicheur. Le tout se fait naturellement, sans forcer, sans faux-pas, pour un bloc emboîté organiquement, où chaque titre est à sa place. La chape de plomb est moins accablante pour un troisième album moins sombre, toujours répétitif, au riffing toujours aussi coup-de-poing. Tantôt abrutissant, tantôt cristallin, il est surtout porteur d’émotions et est une autre marque de fabrique du groupe. Oui, Tombs a beaucoup à offrir! Toutes les saveurs, du désespoir à la délivrance, de passages haineux aux rythmiques Metal, les ricains maîtrisent toutes ces facettes avec classe.

Coup de poing au cœur, s’éloignant pourtant de la quasi-perfection de Winter Hours ou Path of Totality dû à quelques imperfections, Tombs nous sert un très bon cru. Porteur d’émotions, les américains s’inspirent de tout, mais ne ressemblent à rien. Arrête donc de rechigner, et donne-leur une chance !




Bandcamp - 102 téléchargements


Rédigé par : Bras Cassé | 16/20 | Nb de lectures : 12958




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away.alive
Membre enregistré
Posté le: 24/06/2014 à 12h54 - (112656)
La production m'a également surpris au début, et un peu rebuté... Je commence tranquillement à apprivoiser la bête, même s'il y a effectivement un truc en moins par rapport à ses illustres prédécesseurs.

away.alive
Membre enregistré
Posté le: 24/06/2014 à 12h54 - (112657)
La production m'a également surpris au début, et un peu rebuté... Je commence tranquillement à apprivoiser la bête, même s'il y a effectivement un truc en moins par rapport à ses illustres prédécesseurs.

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