Ce qui est vraiment intéressant avec le gang qui s’est formé autour du grec Anastasis Valtsanis, c’est comment le leader de DEAD CONGREGATION a su en quelque sorte fédérer autour de lui une bande de musiciens très actifs où chacun joue dans le groupe dans l’autre en laissant son égo de côté. Donc même si en gros on a affaire à chaque fois à la même bande de dix copains, tout le monde respecte la place de tout le monde et sait se mettre au service du groupe du moment.

Donc si DC est ‘la’ chose d’Anastasis, NECROVOROUS est par exemple le jouet du batteur Nuctemeron, ENSHADOWED celui du guitariste N.E.C.R.O. et ainsi de suite. De plus, tous ont en commun d’avoir mis un certain temps à mûrir pour mieux exploser en jour (le plus bel exemple restant EMBRACE OF THORNS, passé de la place de zonard sans avenir à celui de leader potentiel) et BURIAL HORDES semble suivre le même chemin…

Il faut dire que derrière tout ça, on retrouve justement quelques briscards aux couteaux bien affûtés, comme justement Nuctemeron ou Chtonos, le premier (et meilleur) chanteur de RAVENCULT. Et après des débuts très black et craspouilles, plus le temps passe et plus ils piochent dans le death, sa rigueur rythmique et ses blasts impitoyables, mais sans jamais totalement se départir de leurs relents de soufre. Or pour son premier véritable album en six ans, un cap a été franchi. Accentué par le mix froid et clinique mais aussi surpuisant de Devo Andersson de MARDUK, ‘Incendium’ dévoile un groupe qui préfère désormais favoriser la tactique du serpent plutôt que celle du bourrin. Plein d’arpèges dissonants et de morceaux à tiroirs, voilà donc une bête qu’il faut savoir traquer si on veut l’apprivoiser.

La capacité de Chtonos à varier entre hurlements black-metal et beuglements typiquement death apporte une variété bienvenue et sans oser jeter le mot ‘progressif’ dans la mêlée par peur de se prendre une torgnole, les textures complexes tissées par les guitares font désormais mentir leur logo, resté lui désespérément old-school et barbare. Après, le jeu de batterie y est à la fois une belle arme et un beau défaut dans sa cuirasse car Nuctemeron est du genre à ne pas tenir en place. Maître absolu du blast fulgurant, il n’a de cesse de dévaler ses fûts et a du mal à se contenter de peu pendant plus de deux secondes d’affilée. C’est d’ailleurs lui qui a appuie le plus sur leur côté death désormais prédominant. Mais même si sa suractivité dynamise ces quarante minutes, elle a aussi hélas parfois tendance à écrabouiller toute tentative de mise en place d’atmosphère sous sa grosse papouille.

Alors bien sûr, toute subjective qu’elle soit, on a du mal à résister à cette irrépréhensible envie de forcément (?) replacer cet ‘Incendium’ dans son contexte et donc de le placer pile-poil à mi-chemin entre ENSHADOWED et EMBRACE OF THORNS, entre black policé et death malsain. Mais aurais-je établi le même parallèle si BURIAL HORDES n’avait pas été grec et surtout constitué de membres, justement, des groupes précités ? Peut-être mais à chacun de tirer ses propres conclusions. Ce qui est sûr, c'est que l’on a là un album à la fois plus mature et en même temps encore un peu ‘entre deux’, comme s’il n’avait pas encore totalement fini sa mue malgré les années. Mais si BURIAL HORDES réussi un jour à atteindre sa destination, cela pourrait alors faire très mal…




Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 14/20 | Nb de lectures : 12323