World Shapers est un peu l’album des changements pour Ron Vento. Changements au niveau du line-up vu que AURORA BOREALIS semble désormais clairement s’afficher comme un trio, avec le bassiste Jason Ian-Vaughn Eckert et le batteur Mark Green tous deux déjà présents sur Timeline (2011), Ron Vento a donc choisi la stabilité (notamment pour le poste de batteur qui, rappelons-le, avait été occupé par Derek Roddy, Tim Yeung et Tony Laureano). Changement de vecteur aussi vu qu’après avoir sorti tous ses précédents albums en autoproduction (via la structure de Ron Vento, Nightsky Productions), AURORA BOREALIS est désormais signé chez le label espagnol Xtreem Music. Le temps où Ron Vento faisait vivre son projet presque tout seul dans son studio semble révolu. Enfin changement au niveau du style vu que AURORA BOREALIS pratique désormais du Metalcore à riffs djent, à refrains en chant clair autotuné et à breaks dubstep. Non je déconne.

Finalement le plus gros changement chez AURORA BOREALIS c’est qu’il n’y en a pas en fait. Le projet/groupe américain continue d’évoluer dans son savant mix Death/Black/Thrash, véloce et agressif, mélodique et technique, sorte de mix entre ANGELCORPSE et ABSU. Après des débuts plutôt mélodiques, AURORA BOREALIS est devenu un chouïa plus frontal dès Relinquish (2006), album qui lui avait permis de trouver son équilibre (et un son aux petits oignons). A partir de là il n’y a pas grand-chose de probant à dire sur World Shapers, qui est dans la lignée directe de Relinquish et Timeline. L’on retrouvera donc ce chant de canard que l’on aimera ou pas, cet excellent jeu de batterie bien efficace (Mark Green n’ayant finalement rien à envier à ses prédécesseurs), et ces riffs incisifs tour à tour tranchants et mélodiques, avec des morceaux bien composés qui vont à l’essentiel.

Le fait qu’il n’y ait pas de changement est donc à la fois une qualité et un défaut pour World Shapers. On se retrouve de suite en terrain connu et il n’y a finalement plus qu’à dire « il est moins bien que celui-ci mais meilleur que celui-là », la prise de risque ce n’est pas pour tout de suite mais il vaut mieux ça que de faire n’importe quoi ou quelque chose qui décevrait les fans. Le problème est qu’on fait vite le tour de l’album et que son seul intérêt, c’est finalement d’avoir entre les feuilles des nouveaux morceaux de AURORA BOREALIS. Je le trouve d’ailleurs un peu plus linéaire que ses deux prédécesseurs, mais comme toujours des pistes de premier choix se dégagent comme "World Shapers", "The Oldest of Dilemmas", "Silent War" ou encore "God Like Redemption" et "A Subtle Way to Eradicate Them" ; cependant des pistes comme "Induced Mutation", "Watchers from Above" ou "And to the Stars Returned" apparaissent plus anecdotiques. AURORA BOREALIS parvient donc à se maintenir à un bon niveau, et World Shapers demeure un bon album, après personnellement je lui préfère Timeline d’une courte tête de nain de jardin mais Relinquish restera bien au-dessus (surtout pour l’exceptionnel "Myths of the Light"). Après, est-ce que AURORA BOREALIS peut toujours faire la même chose au point qu’on en finisse à juste attendre « un nouvel album d’AURORA BOREALIS » comme pour MOTÖRHEAD par exemple, c’est une question qui mérite d’être posée. Bref, World Shapers est un album qui plaira aux fans du groupe (qui devront juste le hiérarchiser dans la discographie selon leur évaluation) et qui sera une bonne porte d’entrée pour ceux qui ne connaîtraient pas le travail de Ron Vento car ça reste dans la lignée de ce qu’il fait depuis ses débuts, bon OK je conclus par un tissu de banalités mais en vérité c’est tout ce qu’il y a à dire sur cet album appréciable mais un brin convenu (pour du AURORA BOREALIS).




Rédigé par : ZeSnake | 14/20 | Nb de lectures : 12302