Avant que vous ne dégainiez de chef les hallebardes ainsi que le rab’ de plumes et de goudron que vous aviez sur les bras depuis le lynchage du dernier THULCANDRA, on se calme et on boit frais à Saint-Tropez. Et surtout, on essaye d’être grand et de ne pas oublier quelques points essentiels : primo, qu’avec ASTROPHOBOS on tient là un combo suédois, ce qui aide déjà un peu lorsqu’on veut jouer un style de metal extrême typiquement scandinave. Secundo, contrairement au joujou de Stefan Kummerer d’OBSCURA qui doit tout absolument TOUT à un seul groupe (en l’occurrence DISSECTION), eux s’offrent le luxe de taper dans plusieurs sous-catégories à la fois, même si l’on reste globalement dans l’arrière-cour du label emblématique NO FASHION de la fin des années 90 et donc de ce mélange entre black et death-metal si emphatique… Et enfin, même si cela reste je vous l’accorde très accessoire, il y a aussi le minimum de respect qui s’impose face à un groupe qui, lassé d’attendre que le label sur lequel ils avaient signé pour ce disque se sorte les doigts du cul, a pris sa destinée en main pour sortir lui-même sa propre œuvre, le tout via un beau digipack.

Certes, ça c’est le côté face. Mais le côté pile – aka la musique - dans tout ça einh ? Et bien il est très recommandable, bien qu’assez balisé du début à la fin. Déjà, la balance penche ici nettement plus du côté black que du côté death, un black ‘à la suédoise’ bien entendu avec ses riffs en cascade, ses solos épiques et son sens de la mélodie mélancolique de haute volée. Oui je sais, cette définition colle en tous points à DISSECTION et donc à THULCANDRA mais attention ici, point de plans acoustiques au feu du bois ni de surabondance d’influences heavy trop voyante : non, malgré son absence de corpsepaints ou de thématiques foncièrement sataniques (tout fout le camp) ASTROPHOBOS aime avant tout le black à la suédoise donc dans son ensemble, empruntant autant à Jon Nödveidt qu’il le fait au premier NAGLFAR ou même des trucs plus mineurs comme par exemple THE MOANING. C’est-à-dire que l’on retrouve ici des blasts en foison (assuré par leur batteur de session Fredrik Widigs, déjà dépanneur chez MARDUK, ENTRAILS et DEMONICAL) mais aussi une vivacité et une énergie pour le coup pas du tout figée dans le temps mais très agressive. D’ailleurs, c’est la brutalité qui prime ici sur l’atmosphère du grand nord, avec un petit bout du AT THE GATES des tous débuts lorsqu’ils étaient bien énervés.

Personnellement, j’ai un petit faible pour les deux pavés du lot (« Detestable Illumination » et « Celestial Calamity » qui dépassent tous les deux les huit minutes) mais plus à cause de leur côté épique qu’autre chose. Car il faut être honnête aussi : aussi critiquable que pouvait être la démarche d’un THULCANDRA, au moins au final on avait quelques bons vrais morceaux alors qu’ici, c’est plus un feeling général que l’on retient plutôt qu’un titre en particulier. Et oui, même si on leur sied de ne avoir évité les noms en ‘ICE’, ‘COLD’ ou autre ‘FOREST’, reste que ASTROPHOBOS ce n’est quand même pas très folichon. Reste que ‘Remnants of Forgotten Horrors’ est un très recommandable disque bien scandinave qui, pour paraphraser notre cher Prince de Lu, offre plus qu’il ne propose mais en attendant le (très) hypothétique nouvel album de DAWN (vous savez, celui qu’on attend depuis trente-sept ans), il fera le job nom de Diou.




Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 15/20 | Nb de lectures : 12469