Si niveau ballon rond la ville de Lyon mange son pain noir après des années de gargantuesques bombances, sur le plan musical, la ville peut s’enorgueillir d’une belle activité et possède quelques sérieux atouts à mettre sur la table. On ne parlera pas de Céleste, fers de lance de la scène lyonnaise mais d’HYPNOS, groupe local, créé en 2011 sur les cendres encore chaudes de plusieurs autres groupes, qui pratique un post-metal, hardcore, sludge riche en atmosphère et lourd comme l’exige le style.

The Ocean, Cult Of Luna, Isis et Pelican ne sont jamais loin quand on écoute HYPNOS. Et c’est le principal reproche que l’on pourrait leur faire. Des influences trop prégnantes qui empêchent le groupe de véritablement nous montrer ce qu’ils ont dans les tripes et dans la tête. Les glorieux modèles vampirisent un peu trop chaque morceau que pour vraiment se faire une opinion précise sur l’univers et les intentions du groupe lyonnais. Heureusement, ils s’inspirent des meilleurs ce qui donne malgré tout une musique de qualité et des titres qui accrochent l’oreille. Le disque s’ouvre sur un « Burden » qui pose les bases de ce que sera le reste de l’album. Du mid tempo lourd, qui prend son temps, qui aime les préliminaires ? Pas le genre de groupe à balancer une moshpart dès la sixième seconde du premier morceau. Non, ici, on construit patiemment son édifice, notes après notes, riffs après riffs. Riffs qui tournent en boucle d’ailleurs pour bien vriller la tête et s’insérer là où ça fait mal. L’atmosphère générale est plutôt sombre mais sans plonger tête baissée dans la noirceur comme peut le faire un Amenra par exemple. Tel Jean Jacques Goldman, les lyonnais naviguent entre gris clairs et gris foncés.

Un disque qui propose pratiquement une heure de musique distillée sur six titres, j’vous laisse faire la moyenne de la durée de chaque morceau. Au fil du disque on se laisse porter par les parties plus « postcore » à la Pelican avant de succomber aux assauts plus lourds made in Cult Of Luna. Le voyage est sympa mais sans vraies surprises. On apprécie sans pour autant être retourné. Le gros morceau de « The Fall » est le diptyque « (H)elle » divisé en deux parties sous titrées « the fall » et « abyss ». Là, il se passe quelque chose, on voit poindre la vraie nature du groupe sous la grosse couches d’influences. On sent que quelque chose est en train de se passer, la carapace commence à se briser et les lyonnais nous offrent enfin une vision de l’intérieur de leur musique. Ces deux morceaux ne renversent pas le monde du postmetal pour autant, mais on trouve quelque chose que jusqu’alors on cherchait désespérément. Une identité, une trace d’ADN musical identifiable. La voila.

« The fall » est un premier album très correct, sous influences mais pas sans qualités. Niveau son, tout y est très bien fait, la lourdeur est bien présente, les guitares sont là mais n’occupent pas tout l’espace, elles laissent exister la basse, chose pas toujours évidente dans ce genre de sonorités. On regrettera simplement la voix trop en avant qui vampirisent un peu trop le reste dans le mix mais bon, on chipote. HYPNOS ne s’empare pas du trône avec cet album mais sort de l’ombre, montre qu’il est là, qu’il existe. Il lui reste à grandir, à quitter le cocon et à voler de ses propres ailes, à se construire et s'inventer car les bases sont là.




Rédigé par : Seb On Fire | 13.5/20 | Nb de lectures : 11932