Non, et à mon plus grand regret, KAMERA OBSKUR le projet de membres de LUNAR AURORA, NOCTE OBDUCTA et GRABNEBELFÜRSTEN ne sort pas de nouvel album en ce début 2014. KAMERA OBSCURA est français et existe depuis 2008, et pratique une musique bien éloignée du Black bizarroïde du projet allemand. Première chose, vu le nom du groupe, le concept est cinématographique et pas qu’un peu. Le quatuor cite pas mal de grandes références (Mario Bava, Dario Argento, George A. Romero, John Carpenter…) et sa musique est bourrée de samples qui devraient être immédiatement reconnus par les amateurs des réalisateurs précités, surtout après lecture de la tracklist (chaque morceau rendant hommage à un film). Deuxième chose, le style pratiqué est le Metal Indus, tendance électronique.

Tendance KMFDM surtout, une influence qu’il sera difficile de nier. Surtout que KAMERA OBSCURA possède une chanteuse, qui assure la quasi-totalité des vocaux de Dark Reels, premier album du combo. Empruntant à toutes les périodes de KMFDM, KAMERA OBSCURA évolue dans un Metal Electro/Indus assez classique et balisé, mais bien fait et qui témoigne de la volonté du groupe de créer des ambiances cinématiques. Les sonorités électroniques sont donc très variées, les riffs sont incisifs, la chanteuse assure dans un registre très KMFDMesque, chanté ou scandé. 40 minutes, 9 morceaux plus une intro, une machine à tubes Rock/Metal Indus est lancée.

A partir de là je ne pense pas qu’il soit utile de tartiner des tas de lignes, nous sommes dans un terrain Metal Indus sans surprise, mais KAMERA OBSCURA peut créer la surprise grâce à un bon album. Après l’intro "The Children of the Night" aux accents ebm/synthpop que d’aucuns trouveront kitsch, la machine KAMERA OBSCURA se lance avec "Interception", morceau classique mais efficace. Si certains morceaux comme "The Abominable Dr. Phibes" et "The Curse of Frankenstein" sont convenus mais plaisants, KAMERA OBSCURA parvient à pondre des pistes très intéressantes aux ambiances originales. "Flesh Eaters" est un excellent hit ; "Terror from Outer Space" et "Suffering", plus électro, sont très réussis avec de bonnes atmosphères ; et la chanteuse Cécile illumine un morceau très prenant comme "Gods of the Atomic Process". Toutefois un morceau comme "The Last Man on Earth" est un peu plus ennuyeux, d’ailleurs le concept et les samples ont déjà été utilisés par DEFENCE MECHANISM sur le morceau du même nom (!) qui clôturait leur excellent Invasion Of The Robotbrains From Planet Zero ; je suppose que les samples doivent provenir d’un film qui porte ce nom, oui je suis un inculte et un hérétique qui préfère le Total Recall de 2012 à celui de 1990 (pour le nouveau RoboCop ça se discute par contre).

Dark Reels est donc légèrement hétérogène (le dernier morceau, "I Tre Volti Della Paura", est un peu anecdotique) mais n’en est pas moins plaisant et intéressant. La base n’est pas originale (Rock/Metal Electro/Indus à chant féminin à la KMFDM), mais le concept de l’album et les ambiances qui distinguent bien les morceaux entre eux sont un gros plus à mettre au crédit de KAMERA OBSCURA. Il subsiste également quelques défauts de jeunesse, notamment au niveau de la production qui me semble manquer de puissance (la saturation ne fait pas tout) et de cohésion au niveau du mix dans les moments cruciaux, avec quelques sons électro limite-limite. On est pas encore au niveau de SYSTR mais Dark Reels est un bon début et KAMERA OBSCURA se pose pour son premier album comme un honnête disciple de KMFDM, avec une personnalité qui ne demande qu’à exploser. Rien de révolutionnaire et on a déjà entendu plus tubesque et accrocheur, mais sans atteindre la perfection KAMERA OBSCURA sait proposer des bons morceaux et des ambiances qui évoqueront aisément les atmosphères si particulières de certaines œuvres du 7ème art.




Rédigé par : ZeSnake | 14/20 | Nb de lectures : 12079